Gestion de l’eau dans les pays du sud : Les réponses scientifiques de l’IRD aux crises imminentes

3 mai 2024

Face aux menaces grandissantes du changement climatique, la gestion de l’eau devient un défi urgent, surtout dans les pays du Sud. Le lundi 29 avril 2024, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a tenu une conférence de presse en ligne pour présenter les avancées scientifiques et les solutions concrètes apportées à cette problématique cruciale. Cet événement, préparatoire au Forum Mondial de l’Eau qui aura lieu à Bali du 18 au 24 mai, et du One Water Summit, qui se tiendra en septembre à New-York, a mis en lumière le rôle vital de la recherche dans la formulation de politiques de gestion durable de l’eau.

Avec des millions de personnes impactées par les déficits en eau, la nécessité d’une gestion optimisée est plus pressante que jamais, en particulier dans les régions vulnérables comme les pays du Sud. A juste titre, les interventions des chercheurs de l’IRD lors de la conférence ont souligné comment la science peut aider à comprendre, anticiper, et agir face à ces enjeux environnementaux majeurs. Ouverte par Valérie Verdier, Présidente-directrice générale de l’IRD, cette rencontre avec la presse a été l’occasion de faire le point sur l’état de la ressource en eau dans les pays du Sud et de rappeler ses enjeux. « Intégrer des points de vue de différentes disciplines scientifiques et une pluralité de savoirs non académiques permet d’identifier des solutions durables pour la gestion de l’eau, adaptées localement à des réalités contrastées, tout en prenant en compte les évolutions globales du climat ou des dynamiques sociales », a fait savoir Valérie Verdier.
Jean-Philippe Venot, géographe, directeur de recherche à l’IRD, spécialiste de la gouvernance de l’eau et de l’irrigation dans les pays du Sud, a insisté sur les liens étroits entre recherche et politique. La co-construction avec les décideurs permet d’assurer que les solutions développées sont non seulement scientifiquement solides, mais aussi pratiquement applicables. « La recherche interdisciplinaire permet de cerner à la fois les dimensions hydrologiques, sociales, économiques et politiques des enjeux auxquels le secteur de l’eau fait face et permet d’identifier des réponses qui soient adaptées aux spécificités de chaque territoire », affirme Jean-Philippe Venot.
Lesquelles spécifités Elisa Armijos, hydrologue, chercheuse à l’Institut Géophysique du Pérou et responsable de l’observatoire HYBAM au Pérou, a fait ressortir en prenant pour exemple le bassin amazonien. « La surveillance constante du bassin amazonien sur une longue période est essentielle pour comprendre l’évolution des ressources et anticiper les défis futurs. Les projections actuelles soulignent les risques liés à la déforestation et au changement climatique et mettent en évidence la nécessité d’une action anticipée pour éviter d’atteindre un point critique », avertit Elisa Armijos. Yves Tramblay, hydro-climatologue, directeur de recherche à l’IRD, co-auteur du chapitre "région méditerranéenne" du 6ème rapport du Giec, a quant à lui, mis en lumière les défis spécifiques du sud de la Méditerranée, où les sécheresses devraient s’intensifier et où les capacités de résilience sont limitées.

Le rôle des partenariats
Insaf Mekki, maître de Conférences à l’Institut National de Recherches en Génie Rural, Eaux et Forêts (INRGREF), agro-hydrologue, est revenue sur le rôle des partenariats en présentant le Laboratoire Mixte International (LMI) franco-tunisien NAILA, dont elle est la co-directrice. « Il est primordial de mobiliser à la fois le monde académique et le monde socio-professionnel pour développer une dynamique de co-construction d’innovations et d’outils d’aide à la décision pour renforcer la résilience au changement global. Notre priorité : contribuer, sur l’ensemble du bassin méditerranéen, à la constitution de collectifs et de réseaux scientifiques sur le long terme, en s’appuyant sur les infrastructures fédératrices (observatoires, laboratoires internationaux) au Maroc, en Tunisie, au Liban, en Espagne et en Italie », affirme Insaf Mekki. En sommes, la conférence de presse de l’IRD a non seulement mis en évidence l’état actuel des ressources en eau dans les pays du Sud mais a aussi renforcé l’importance de la science dans le développement de stratégies d’adaptation au changement climatique. En anticipant le Forum Mondial de l’Eau et le One Water Summit, l’IRD positionne ses recherches au cœur des discussions mondiales, affirmant le rôle indispensable de la science dans la sauvegarde de cette ressource vitale. Le monde a désormais les yeux rivés sur ces événements, espérant des avancées significatives dans la gestion de l’eau pour les générations futures.
Arsène AZIZAHO (Coll)



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