En vérité : Les défavorisés de l’école

Moïse DOSSOUMOU 24 septembre 2020

Ce n’est qu’une question de jours. L’école va rouvrir bientôt ses portes. Lundi prochain, les établissements, qu’ils soient du primaire, du secondaire ou du supérieur, seront pris d’assaut par les apprenants et les enseignants. Les vacances inédites, intervenues dans un contexte de pandémie, tirent à leur fin. Bientôt, l’actualité scolaire et universitaire va occuper les esprits. Pendant que la plupart des parents, écoliers, élèves et étudiants s’affairent, qui pour accomplir les formalités administratives pour leurs enfants, qui pour renouer avec les bancs, il y a une frange d’apprenants qui ne partagent pas, hélas, cet enthousiasme. Ceux-là, dont le nombre n’est pas négligeable, vont jouer, malgré eux, les prolongations des vacances. Et pour cause ! La crue qui sévit dans certaines localités empêche les acteurs de l’école de rejoindre leurs postes respectifs. Les eaux, qui ont débordé de leur lit, ont envahi à bien d’endroits la terre ferme.
Du coup, la rentrée se trouve compromise dans ces zones-là. Tout compte fait, une trentaine de communes sont concernées par la crue. Certes, il ne s’agit pas de tous les arrondissements, villages ou quartiers de villes qui les composent. Mais une partie non négligeable de ces agglomérations est prise en compte par la triste situation. Trois bassins voient actuellement leurs eaux déborder. Le bassin du Niger qui fait beaucoup parler de lui donne le tournis aux habitants des communes de Malanville et Karimama qui sont actuellement sur le qui-vive. Des sinistrés qui se comptent par milliers attendent désespérément que les eaux se retirent pour reprendre une vie normale. Le bassin de l’Ouémé également ne fait pas de cadeau aux populations qu’il dessert. Ouinhi, Adjohoun, Sô-Ava, Aguégués, pour ne citer que ces localités, sont sous l’emprise du fleuve qui sort régulièrement de son lit.
Dans le Mono, Athiémé et Grand-Popo détiennent la palme d’or des catastrophes naturelles. A ces niveaux également, l’inquiétude est à son comble. Si les riverains ne peuvent vaquer à leurs occupations habituelles, qu’en est-il des enfants qui sont appelés à reprendre le chemin des classes ? Déjà que l’eau a pris d’assaut certaines écoles et les voies d’accès, les enseignants, élèves, personnels administratifs et vendeuses devront prendre leur mal en patience et surseoir à toutes activités académiques ou économiques jusqu’à nouvel ordre. Pendant ce temps, les autres acteurs de l’école qui n’ont pas ce problème effectueront la rentrée à pieds secs. Ils auront la latitude de dérouler sereinement le programme. Au même moment, ceux encerclés par les eaux vont devoir ronger leur frein jusqu’à ce que la nature soit clémente. Ce temps perdu, comment sera-t-il rattrapé ? Qu’est-ce qui est proposé à la communauté scolaire de ces localités en péril ?
En décidant de rouvrir les classes à compter du lundi 28 septembre, les pouvoirs publics ont fait le nécessaire en termes de préparatifs pour que les cours démarrent. Mais il n’en sera pas ainsi dans tout le pays. Y a-t-il des mesures particulières qui sont prises pour alléger la tâche à ces écoliers et élèves défavorisés par la nature ? Comment les programmes seront-ils exécutés vu qu’ils seront soumis aux mêmes épreuves aux examens de fin d’année au même titre que ceux qui ont suivi les cours normalement sans interruption ? Les gouvernants ont l’obligation de faire preuve d’équité vis-à-vis de tous les citoyens en allégeant au besoin le fardeau de ceux qui ploient sous les difficultés. La pandémie de la Covid-19 vient davantage enfoncer le clou même si la hantise a baissé d’un cran. Les populations lacustres ont trouvé une solution au problème en élevant le niveau des habitations et des salles de classe. Peut-être faudra-t-il faire de même dans toutes les zones traversées par les bassins afin que la crue ne soit plus un handicap pour la reprise des cours.



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