Art contemporain à l’espace le Centre : Le couvent du vodoun de Eric Bottero

Arnaud DOUMANHOUN, Isac A. YAÏ 14 juillet 2017

A Cotonou depuis le 15 juin 2017, l’artiste photographe Eric Bottero a nourri sa passion pour l’art contemporain, pour le culte vodoun, et a restitué le mercredi dernier, à l’espace Le Centre de Lobozounkpa les fruits de son imagination.
2 portes d’entrée, deux demi-rideaux en rameaux, l’accès à cet atelier qui abrite les œuvres de Eric Bottero prévient du monde mystique auquel le visiteur doit s’attendre. Ici, c’est le vodoun aussi bien dans sa dimension cultuelle, que thérapeutique. Sur une table de moins de 2m de long, placée au milieu de la pièce, entourée le long des murs en forme rectangulaire, des 41 divinités du panthéon vodoun, dont le serpent, le hêviosso ou encore le axin, sont disposées de petites calebasses portant des statuettes, laissant entrevoir l’image d’une table d’opération spirituelle.
C’est bien ce que l’artiste essaie de représenter à travers cette exposition d’art contemporain dont le thème est : « Botchio ». Une imagerie du panthéon vodoun à travers sa pharmacopée traditionnelle.
En réalité, ces flacons contiendraient des potions qui pourraient guérir tel ou tel mal.

« Le Bochio » vu par le photographe spirituel Eric Bottero

Je suis un photographe de mode depuis trente ans. Je suis venu au Bénin pour l’intérêt que je porte à ce pays. La culture africaine m’intéresse depuis une vingtaine d’années. J’ai été marqué par la spiritualité et la générosité qui caractérisent ce continent. J’aime le mythisme en représentation, c’est-à-dire la croix chez les catholiques, la lune chez les musulmans, etc. Mais aujourd’hui, je me retrouve avec les vôtres et tout qui touche le Vodoun.
Je ne suis pas initié. Je ne suis pas là pour choquer. Mais je viens avec l’idée de ces petits « Bochio » représentés en vert. Etant donné que le vert est la couleur de la croix de la pharmacie, cela crée un lien direct avec la pharmacopée. Ce couvent contemporain est comme une pharmacie en Vodoun. Chaque petit canari renferme des potions à base de plantes, renfermant un pouvoir. L’idée est qu’avant d’aller voir le médecin traditionnel (le sorcier), l’africain fait recours à l’automédication. Ce sont ces objets qui m’ont permis de travailler et d’accéder à des représentations artistiques personnelles du culte Vodoun. C’est du Sodabi qui est dans chaque flacon et qui fait que le fétiche libère sa force. Chaque fétiche est enfermé dans chaque flacon médical, produisant en fonction de sa force un remède propre à lui.
Je ne peux pas faire quelque chose que je ne crois pas. Je ne pratique pas le Vodoun évidemment. En France, je ne fréquente non plus des églises. Pourtant le sujet m’intéresse et la représentation des idées supra humaines m’intéresse. Que nous soyons blancs ou noirs, nous venons tous de la même matrice.



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