Gestion des patates chaudes : Talon dans la peau de médiateur de la République

Arnaud DOUMANHOUN, Isac A. YAÏ 27 juin 2016

La République s’est donnée un médiateur à la hauteur des grosses questions qui fâchent, divisent ou menacent sa stabilité socio-économique, voire politique. Talon s’illustre de fort belle manière dans cet art et donne tout un contenu à son statut de père de la Nation. Hier, c’était au tour de la communauté de l’Eglise protestante méthodiste engluée dans une crise sans précédent, de recevoir la visite surprise du Chef de l’Etat. Le culte de ce dimanche 26 juin à la paroisse Béthanie d’Akpakpa était célébré sous les signes d’un dégel qu’appelle de tous ses vœux l’hôte de marque. Il n’est point besoin d’être dans le secret des dieux pour deviner que cette démarche de l’homme de la rupture vise à sonner l’heure de la réconciliation pour un Nouveau départ entre ces fils et filles du pays qui partagent la même foi chrétienne. C’est une évidence que la résurgence de la bataille juridiquo-religieuse dans cette communauté méthodiste, le 15 mai dernier, n’a pas laissé indifférent le Chef de l’Etat.

Après la dispute de la paternité des chefs-lieux…
Trois mois environ à la tête de l’Etat et l’homme d’affaires marque de précieux points dans la gestion des patates chaudes de la République. Talon ne tremble pas. Sur l’épineuse question du découpage territorial laissée en suspens par ses prédécesseurs, Yayi et Kérékou, l’homme de la rupture a tranché avec brio. L’approche est majestueuse et les populations ont très tôt rangé les armes. Avant d’officialiser la décision du gouvernement, le chef de l’Etat s’est rendu dans les localités où le sujet a longtemps suscité des conflits pour s’expliquer et faire des promesses aux populations qui ne verront pas leur commune choisie comme chef-lieu de département. La démarche a porté ses fruits. Ce fut le calme plat après la publication des nouveaux chefs-lieux et la nomination des préfets. Mieux, dans les Collines où Savalou et Dassa se disputaient le chef-lieu, Dassa l’emporte et les populations ont salué hier la nomination d’un préfet originaire de Savalou. Un retour au sens de fraternité entre ces communautés sœurs et un exploit du Chef de l’Etat.

La crise du football
A peine le dossier des chefs-lieux vidé que Patrice Talon s’est tourné vers les acteurs du football. La rencontre qu’il a initiée au palais de la Marina avec les acteurs augurent d’heureuses perspectives pour une sortie de crise. L’homme de la rupture a réussi à ramener les protagonistes autour de la table de discussion. Des échanges avec le premier magistrat, un bureau de transition sera bientôt mis sur pied pour sortir de l’engrenage. Patrice Talon excelle dans le registre de la réconciliation. Il faut noter que l’intervention du Chef de l’Etat pourrait permettre de mettre un terme à la bataille juridique engagée et surtout éviter à l’équipe nationale seniors de tomber sous le coup d’une nouvelle sanction de la Fifa et de ne pas jouer sa qualification au Mali.

Et la guerre des méthodistes
Mais le Chef de l’Etat n’est au bout de sa peine. Infatigable et déterminé à éteindre les foyers de tension, qui mettent à mal la cohésion sociale, Patrice Talon s’est lancé dans le règlement de la crise des Méthodistes qui date d’une vingtaine d’années. En effet, l’église protestante méthodiste a eu son autonomie lors du synode tenu en novembre 1992, qui a consacré l’élection de son président Moïse Sagbohan pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable une seule fois. Trois ans après son élection, en 1995, le président initie un projet de révision des textes, notamment les statuts et règlement intérieur qui régissent ladite église. La circulaire qui aurait reçu l’assentiment des autres membres n’a pas connu la même approbation lors du synode tenu en février 1997. Rejetant les termes de 1992, le Président Moïse Sagbohan avait décidé de modifier les textes afin de permettre au président d’exercer jusqu’à sa retraite. Une chose qui, selon les dissidents, ne respecterait pas les dispositions statutaires préalablement fixées en 1992. Ainsi naquit le conflit entre les fidèles de l’église Méthodiste protestante du Bénin. Ne cautionnant donc pas cette nouvelle façon de vouloir diriger l’instance de décision de l’église, le groupe, l’aile qu’on pourrait qualifier de conservateur, a décidé de porter l’affaire devant les juridictions compétentes du pays. Depuis lors, l’église s’est enlisée dans une crise sans précédent. La réconciliation de cette communauté religieuse est un lourd défi pour le Chef de l’Etat.



Dans la même rubrique