Pour la préservation d’une démocratie authentique : Madougou contre un 3e mandat pour Yayi

Arnaud DOUMANHOUN, Isac A. YAÏ 21 juillet 2014

Réckiyath Madougou s’oppose à un éventuel troisième mandat pour Yayi

L’ancienne Garde des sceaux, ministre de la justice, de la législation et des droits de l’Homme, Reckya Madougou s’est, à la surprise générale, invitée dans la polémique qui s’entretient depuis des mois, sur un éventuel troisième mandat pour le président Boni Yayi. La position de l’ancienne ministre Magoudou sur le départ du pouvoir du président Yayi qui est à 21 mois de la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel est sans équivoque : ‘‘Sur l’éventualité d’un troisième mandat pour Boni Yayi, ma conviction reste très ferme… c’est un non événement. La détermination de notre peuple à préserver une démocratie authentique et crédible est si infaillible qu’il briserait toute aventure tendant à remettre en cause cet acquis qui fait notre fierté’’. Et, Reckya Madougou, l’ancienne activiste de la société civile qui a, à juste titre, longtemps côtoyé l’homme du changement, se refuse de douter de sa bonne foi à respecter son serment et à s’en tenir à ses deux mandats constitutionnels. Pour l’ancienne Garde des sceaux de Boni Yayi et chef de file des antirévisionnistes entre 2005 et 2006 alors que le gouvernement Kérékou était au crépuscule de son règne, il faudrait donc garder patience et attendre la fin de ‘‘cet ultime mandat’’.

Le Bénin : Un troisième mandat possible ?
Ces derniers mois et depuis quelques jours encore, de très nombreux compatriotes m’interpellent. Vos questions sont de plus en plus insistantes et ont un seul et même objet : le troisième mandat du Président Yayi. Comment et pourquoi ce qui n’était qu’un sujet de polémique, presqu’une plaisanterie de mauvais de goût, est progressivement devenu une préoccupation nationale, la hantise de nos compatriotes ? Alors, sur l’éventualité d’un troisième mandat pour le Président de la République Boni Yayi, je n’ai pas changé d’avis et ma conviction reste très ferme. Je continue de penser que c’est un non événement d’autant que le Chef de l’Etat lui même connaît l’attachement de notre peuple aux options fondamentales de la conférence nationale, les risques auxquels cette entreprise exposerait notre pays et pour tout dire, les conséquences graves sur son image et sa présidence.
Et même lorsque j’avais pris en son temps le parti de défendre une réforme constitutionnelle technique, qui préserverait en tout état de cause les fondamentaux de notre démocratie - entre autres la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels et la limitation à 40 et 70 ans de l’âge des candidats aux élections présidentielles - j’avais déjà affirmé qu’une révision constitutionnelle ne devait en aucun cas permettre à notre Président de briguer un troisième mandat. Et d’ailleurs il ne suffirait pas d’y penser et de le vouloir pour y parvenir. Car la détermination de notre peuple à préserver une démocratie authentique et crédible est si infaillible qu’il briserait toute aventure tendant à remettre en cause cet acquis qui fait notre fierté.
En vérité, et bien que certaines initiatives autour de lui puissent prêter à confusion, je me refuse à douter de sa sincérité lorsqu’il soutient, surtout à l’occasion de sa prestation de serment, s’en tenir à ses deux mandats constitutionnels. Comme moi, je vous invite à le prendre au mot et attendre patiemment la fin de cet ultime mandat. Pour nous ses partisans, le plus important devrait résider en un accompagnement à apaiser les diverses tensions sociales et surtout l’aider, chacun à son niveau, à achever son sacerdoce en beauté, à la hauteur de ses efforts.

Reckya Madougou



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