Editorial : Cena, sérénité fragilisée !

Angelo DOSSOUMOU 15 mars 2019

Ad ’hoc, la Cena modèle partout en Afrique était déjà pour les Béninois une fierté démocratique. Mais puisqu’ils la voulaient irréprochable et à l’abri des influences d’où qu’elles viennent, les acteurs politiques l’ont sacrée permanente. Une, deux et trois élections parfaitement organisées et le génie béninois était fort loué. Seulement, ces dernières semaines, notre fétiche Cena qui a prédit des législatives 2019 avec deux listes d’obédience présidentielle reçoit de sacrés coups de pied dans le postérieur. Pour être plus précis, l’agenda de nos ‘‘Cénateurs’’ ces dernières heures nous a livré une conférence de presse pour répondre aux critiques acerbes des listes recalées et des comparutions devant la Brigade criminelle ou encore les sept sages.
Plus grave, la confiance indispensable pour maintenir une bonne ambiance de travail entre les membres de la Cena a été brisée avec un rapport confidentiel qui s’est retrouvé entre des mains étrangères. Finalement, tout ceci ne rassure guère. D’ailleurs, il n’est point besoin de démontrer que sans une grande sérénité de l’équipe mandatée pour conduire sans faille le processus électoral, personne ne saurait attendre un miracle d’elle. Entre suspicions, fuite des délibérations et critiques des partis lésés, ses jours sont carrément comptés. Et quand on sait d’où on vient, je me dis que de deux maux, il faut choisir le moindre. Sinon, du ministère de l’intérieur à la Cena Tiando, du chemin a été parcouru. Maintenant, au rythme où elle est décriée, à mon avis, elle mérite de profondes réflexions pour lui éviter une précoce descente aux enfers.
Pour l’instant, le diagnostic d’une Cena qui devrait véritablement nous épargner des appréhensions nous révèle que la formule configuration n’est pas la panacée. Car, très rapidement, malgré les serments, la coloration politique peut changer ou l’emporter sur l’intégrité. A la fin, on retient qu’en dépit du caractère permanent, de l’autonomie financière, nous n’avons fait que le choix des hommes et, du jour au lendemain, rien n’est sûr. Alors, convenez avec moi que la perfection n’est pas de ce monde et c’est au fur et à mesure que les failles seront notées et corrigées que l’organe gagnera en professionnalisme et en crédibilité.
Raison pour laquelle, je vous décevrai en reconnaissant que ce n’est pas demain la veille de la découverte du gris-gris pour guérir la Cena Tiando de la sorcellerie des partis disqualifiés. Peut-être qu’avec le temps, et pourquoi pas plus tôt que prévu, les méninges des Béninois fertiles en imagination dans le domaine de l’organisation indépendante des élections peuvent me contredire. Mais, en attendant et quoi qu’on dise, la démocratie béninoise se dote des meilleurs instruments pour rassurer les acteurs. La preuve, qu’elle se prénomme Cena ou Ceni, tous les démocrates de l’Afrique se l’arrachent.
En somme, de mon point de vue, le Bénin n’a pas un problème de texte. Tout simplement, nos compétences sont polluées par des considérations matérialistes. Et tant que le ventre et les intérêts de tous ordres prendront le dessus sur l’arbitrage impartial, on aura beau tout faire, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Alors, au lieu de nous attarder sur les causes, c’est le moment d’attaquer la racine du mal. Enfin, si vraiment nous sommes décidés. Et ça, c’est facile à dire qu’à faire.



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