Editorial : Embûches sur la route du 28 !

Angelo DOSSOUMOU 12 mars 2019

Tout va vite et si mal au Bénin que depuis ce mercredi d’espoir à la Marina, de gros nuages s’amoncellent dans le ciel des élections du 28 avril prochain. On en était aux deux listes retenues par la Cena, puis au conclave de recherche de consensus et subitement, la pluie sur le processus électoral est devenue très menaçante. D’après la météo, un orage et des heures sombres se profilent à l’horizon. Si l’opposition, pris de court par la vitesse des événements, a clairement choisi la rue pour manifester son désarroi, au même moment, c’est le Prd de Me Adrien Houngbédji qui conjugue invariablement le verbe ‘‘contrarier’’ au présent. En quelques jours, de l’apôtre du consensus, il est passé au Judas si bien que la crucifixion et l’improbabilité du 28 avril 2019 ne se dessinent plus en noir blanc mais se visualisent en Haute définition.
Finalement, il y a de quoi se perdre dans les dédales politiciens et ne plus jurer de rien sur les élections devant consacrer le renouvellement du parlement, 7ème législature. Sinon, d’un côté, nous avons, en dépit des apparences, une opposition qui cache mal son égotisme et qui, pour des élections inclusives, prêche pour une reculade préhistorique. Quant à l’arbre ‘‘mouvancier’’ désormais élagué à deux branches parallèles, il n’accueille que des pierres des rejetons qui se sont délibérément privés de la serve nourricière. La preuve, à vouloir, sans avoir pris toutes les précautions, voler de ses propres ailes, l’Homme du consensus se retrouve recherché par la Brigade criminelle. Conséquence, la route qui mène au 28 Avril prochain est beaucoup plus longue qu’on ne l’aurait pensé, il y a à peine une semaine.
Déjà, au sein de la mouvance, l’unanimité sur le consensus prôné par le président Talon est loin d’être acquise. A ce niveau, des voix s’élèvent pour exiger le respect du calendrier électoral par la Cena. Et, s’il en est ainsi, il n’y a plus aucun enjeu pour le vote du 28 avril mais plutôt de réels dangers à gérer. Prenons aussi au sérieux les menaces qui planent sur les deux blocs non seulement du fait des déballages du clan Houngbédji mais aussi d’un éventuel rétropédalage en ce qui concerne la Charte des partis politiques. Dans ce puzzle à la con, il n’est même pas à douter que chaque camp voudra tirer le drap de son côté et qu’à la fin, la Cena peut se retrouver sans aucune liste pour la course au Palais des gouverneurs.
Dans ce cas de figure, les acteurs politiques n’auront pas d’autre choix que d’aviser et de négocier. Mais avant, entre autres éventualités qui circulent par ces jours d’incertitude, la révision de la Constitution aux fins d’un couplage des législatives et des communales pour 2020. A n’en point douter, cette option donnerait du temps aux uns et aux autres pour évacuer les quiproquos et se conformer aux exigences du code électoral et de la charte des partis politiques réformés. A moins que, pour une fois encore, la magie opère et que le 28 Avril prochain, des élections inclusives et pacifiques se tiennent. Pour l’instant, j’en doute.
En définitive, nous avons beau nous le cacher, avec une opposition échaudée et une mouvance fragilisée, nous sommes devant un mur. Et si nous devons voir la réalité en face, nous n’avons pas d’autre choix que de le casser ou de l’escalader. Maintenant, il est clair qu’au nombre des deux opérations, l’une prendra plus de temps. Alors, à chacun de choisir l’échelle de secours. Pourvu qu’on traverse sans heurt, le mur du fameux 28 avril prochain !



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