Editorial : Et si c’était pareil en politique ?

Angelo DOSSOUMOU 25 mars 2019

Une équipe héroïque, une victoire à l’arrachée et l’euphorie pour un Bénin qui gagne. Depuis hier et le coup de sifflet final, le sourire de la Can embellit tous les visages. Momentanément, nos guéguerres politiques et la scission opposition-mouvance se sont envolées. Tout ce que les Togolais ont vu ce dimanche à Kouhounou, c’est un peuple debout et une union sacrée qui a eu raison de toutes leurs velléités. A l’arrivée, le tableau offert par nos athlètes est parfait. Tellement beau à regarder qu’à chaque jour, chaque instant et dans tous les contextes, les vrais patriotes rêveraient de le peindre. Du moins, à l’instar de cette ambiance qui a prévalu avant, pendant et après le match qualificatif face aux Eperviers du Togo, il me plairait que le Bénin fasse autant et toujours devant le spectre de la pauvreté.
Justement, depuis des lustres, ce derby éternel, nos Ecureuils technocrates et politiciens le jouent sans pouvoir jamais le remporter. Pourtant, ce n’est pas faute de compétiteurs professionnels dans tous les compartiments. Même sur le banc de touche, il y a encore des économistes chevronnés, les agronomes les plus avertis sans oublier nos experts en santé, en télécommunication, en énergie, en éducation et j’en passe. Alors, si jusqu’ici, le compte n’est pas encore bon et le billet qualificatif pour l’émergence et le développement loin d’être acquis, il nous faut tout simplement aller à l’école de nos Ecureuils footballeurs pour en comprendre les raisons.
D’abord, contrairement à cette union des cœurs et cette synergie qui a porté l’équipe nationale à la victoire, la classe politique nous donne plutôt à voir des individualités qui, de leur surface de réparation, foncent tête baissée pour aller marquer le but. Quant aux supporters, tant que ce n’est pas leur idole qui fait le spectacle, ils sont mobilisés pour la raillerie et la médisance. Finalement, avec cette politique politicienne dont nous avons désormais l’art, le développement du Bénin est confronté à une guerre des égos. Conséquence, au lieu d’une objectivité qui sous-tend nos actions et nos positions afin de viser haut pour le développement du pays, c’est l’éternel recommencement qui règne en maître avec des progrès constamment remis en cause.
Avec tout ceci, il est évident, même si aucunement, nous ne pouvons comparer l’enjeu politique à celui sportif, que les résultats tarderont à être à la hauteur des attentes. Sinon, au foot, on s’en tient à une unanimité autour de l’équipe qui fait son œuvre. Supposons un instant, qu’il y ait un engouement tout aussi similaire contre la pauvreté et non pour des individualités, je parie qu’il y a longtemps que des pas de géants sur la voie du développement, le Bénin aurait déjà posé. Mais hélas ! Comme le dit un adage populaire de chez nous, un mur fissuré ne peut accueillir que des lézards. Du coup, on se rend compte que les années passent mais, le sous-développement rampant trouve toujours le moyen de s’infiltrer pour malheureusement tirer le Bénin en arrière.
En somme, s’il est vrai que comparaison n’est pas raison et qu’une union sacrée en football ne saurait être transposée dans le jeu démocratique, tout au moins, apprenons à mettre l’intérêt du Bénin au-dessus de nos petites personnes. C’est l’essentiel. Aujourd’hui et demain, ça ne changera pas. En attendant, pour l’Egypte à l’été prochain, nos Ecureuils footballeurs ont empoché leur billet pour un retour triomphal sur la scène continentale. Maintenant, à nos dirigeants de nous démontrer que même en politique, ils peuvent aller à l’union sacrée quand il le faut. Et vu le contexte actuel, la balle est dans leur camp.



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