En toute sincérit : Battue pour adultère !

Naguib ALAGBE 8 mars 2019

A ce qu’il paraît, on est encore le 08 mars et l’on devrait célébrer la femme. Alors, allons-y, mais dans tout, sauf du concret. On fera de toute façon comme souvent, dans les uniformes et la bombance. Chantons, dansons, mangeons et buvons à satiété, et après, passons simplement à autres chose. Au valse des discours creux, hypocrites et évasifs, succèdera très certainement et encore une fois, le silence habituel sur leurs maux. Dès après, quand finira la fête, qui se souviendra encore de leurs peines, toutes ces pesanteurs et des bras qui, pour des raisons farfelues et anachroniques, sur elles pleuvront encore, dans une violence inouïe.
En toute sincérité, à quoi ont servi toutes ces années de célébrations en grande pompe du 08 mars, si chez nous, au vu et au su de tous, une femme se fait rudoyer, molester, flageller et humilier, par plusieurs hommes en transe, pour avoir a-t-on dit, commis l’adultère. La scène est d’une rare barbarie. Un bel accès de sauvagerie indigne de personnes en pleine possession de tous leurs moyens. On aurait dit qu’ils étaient possédés, à moins qu’ils se soient drogués.
Le court métrage du film d’horreur sera assuré par nos sanguinaires eux-mêmes, tout à leur aise, comme pour défier nos lois, convaincus qu’ils étaient du silence complice de l’entourage et de l’indifférence coupable de la société.
L’un deux s’est même improvisé un plan de présentation, à la manière d’un pro, un coutumier du fait.
La vidéo a fait le tour de la toile et chacun y est allé de son commentaire, mais après, plus rien.
Des explications glanées çà et là, il est ressorti que le châtiment avait été décidé par une sorte de tribunal familial où siège certainement des renégats. Il avait un double but, sanctifier la ‘’fautive’’ afin qu’elle retourne dans son foyer, mais en même temps l’éduquer. Ce faisant, ils espèrent avoir résolu le problème. Pas besoin de chercher loin pour savoir qu’on a à faire à des attardés.
Toujours est-il que dame X a payé de sa chair, son flirt extraconjugal. Pendant ce temps, l’époux de dame X, allez y voir, butine allègrement de fleur en fleur sous le regard admiratif de ce même tribunal et celui de ces bêtes de sommes, prompts à exécuter ses sentences avec zèle.
Qui pour lui faire payer à lui, ses infidélités renouvelées ?
Maintenant, pensons à toutes celles qui chaque jour que Dieu fait, paient de leur chair, des fautes avérées ou supposées. Toutes celles dont le quotidien est fait de violences, de mutilations et d’humiliations, dans l’indifférence criminelle de la société. Pensons-y sincèrement, et demandons-nous, ce qu’est pour nous le 08 Mars ? Moi je dis folklore. Et vous ?



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