En vérité : La nouvelle méthode Talon

Moïse DOSSOUMOU 20 janvier 2020

Patrice Talon au contact des réalités du terrain. C’est une image qui ne court pas les rues. Pour le locataire du palais de la Marina, il est venu le moment de changer de fusil d’épaule. Finie la période où se voulant effacé, il a pris l’habitude de se terrer entre les quatre murs de son bureau. Hormis les audiences médiatisées, les discours et les comptes-rendus des voyages officiels, le chef de l’Etat n’a pas cultivé l’habitude de se montrer à ses mandants. Pendant trois ans et demi, il a adopté la posture d’un chef posé, méthodique et peu soucieux de ses apparitions publiques. La plupart du temps, ce sont ses collaborateurs, notamment les membres du gouvernement, qui sont envoyés au front pour le représenter. Pour des lancements de travaux d’envergure et même à l’occasion de l’inauguration des grandes infrastructures, Patrice Talon s’est abstenu de se montrer.
Mais ces derniers jours, il a fait l’option de se retrouver sur le terrain. Sans crier gare, entouré de quelques éléments de ses services, le président de la République a fait le tour de quelques chantiers lancés il y a un moment. A deux reprises, à pas de charges, on l’a vu s’intéresser de près à la mise en œuvre de quelques projets phares de son gouvernement. A Akpakpa notamment, sa descente n’est pas passée inaperçue. Maniant le bâton et la carotte, tout en appréciant l’évolution des travaux entrant dans le cadre de l’asphaltage, il a réussi à faire libérer la voie publique encombrée par des stationnements anarchiques de camions et l’installation de quelques particuliers. Le site naguère pris d’assaut par des occupants à la quête d’emplacement est aujourd’hui libéré de toute convoitise. Il fallait sans doute cette randonnée présidentielle pour obtenir un résultat aussi rapide.
D’un site à un autre, le chef de l’Etat s’est montré dynamique. La digue immergée à Avlékété dans la commune de Ouidah n’a pas laissé indifférent Patrice Talon. L’intérêt pour ces travaux se justifie par l’érection à terme d’une cité balnéaire afin que le Bénin tire davantage profit de sa façade maritime. Mieux que les rapports et les fiches, le chef de l’Etat a une idée concrète de la réalité suite à ces deux visites de terrain. Puisque le jeu en vaut la chandelle, il y a des chances que Patrice Talon poursuive sur cette lancée les jours, semaines et mois à venir. Cette méthode de travail qui tranche avec la précédente, produira sans doute des résultats selon le vœu du premier des Béninois. Ce dernier a préféré constater de visu le niveau d’avancement des travaux plutôt que de lancer des chantiers. C’est un choix politique. Les chefs d’Etat passent, mais ne se ressemblent pas.
La personnalité, les ambitions, les moyens de chacun d’eux conditionnent leurs faits et gestes. A moins d’un an et demi de la fin de son quinquennat qu’il a voulu unique au départ, Patrice Talon sort une nouvelle carte. Son style de management s’enrichit d’une nouvelle dynamique. Patrice Talon veut-il réduire la distance entre lui et ses mandants ? Possible. Veut-il s’assurer réellement de la bonne marche des projets gouvernementaux surtout que l’heure du bilan n’est plus loin ? Assurément oui. Tout comme ses prédécesseurs, Patrice Talon a pris des engagements face au peuple béninois qui lui a donné dans une large mesure le mandat d’agir en son nom. Etant le seul comptable de sa gestion devant l’histoire, il fait bien de s’assurer que tout se passe pour le mieux. Et comme « la confiance n’exclut pas le contrôle », il a jugé utile de ne pas être coupé de la réalité. Quant à la pertinence de ses actions à la tête de l’Etat, les populations apprécieront.



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