En vérité : La réforme de la transhumance

Moïse DOSSOUMOU 24 février 2020

Elle n’a pas tenu toutes ses promesses. La réforme du système partisan prônée par le chef de l’Etat a montré ses limites. L’appropriation de la vertu par le personnel politique devant découler de ce bouleversement n’est pas encore à l’ordre du jour. Au contraire, les mauvaises habitudes décriées de tous les temps, ont toujours pignon sur rue. En cette veille de scrutin, la transhumance politique fait rage. Pour un oui ou un non, les uns et les autres changent de chapelle politique comme on change de chemise. Ce mercato qui s’anime comme par le passé donne un goût d’inachevé à cette réforme dont la concrétisation était censée inaugurer un nouveau profil d’animateur de la vie politique national. Certes, plusieurs changements de taille sont notés depuis plusieurs mois. Mais la conviction et la foi en un idéal prôné par le parti ne sont pas les choses les mieux partagées.
C’est à juste titre qu’en faisant ce fâcheux constat, Patrice Talon a appelé à la responsabilité des acteurs, d’autant plus que la plupart de ceux qui s’adonnent à cette vilaine pratique se réclament de son écurie. Dans la grande famille des soutiens du chef de l’Etat, la saison n’est ni à l’amour, ni au réchauffement des liens. Les motifs, des plus pertinents aux plus futiles, sont avancés pour aller d’un parti à un autre. L’essentiel étant de trouver des bras accueillants à sa nouvelle destination. Même si les discussions ultérieures en vue d’un bon positionnement sur les listes de candidature relèvent d’une autre paire de manches, le plus important est de se fixer à un point d’ancrage. Peu importe l’idéal, la vision ou les mœurs prônées. Il faut juste trouver chaussures à son pied. Ce méli-mélo qui ne dérange pas outre mesure les hommes politiques, déteint néanmoins et ce négativement sur la qualité de jeu.
Succédant à son chef au pupître, le porte-parole du gouvernement a cru devoir annoncer à l’opinion la solution retenue au sommet de l’Etat pour discipliner un tant soit peu le personnel politique. Le second format de l’initiative dénommée « gouvernement face à la presse » a vu Alain Orounla dérouler le plan de l’Exécutif. Puisque la réforme du système partisan a été effective grâce au législateur, la même voie sera empruntée par le gouvernement pour assainir ces pratiques dans une certaine mesure. Il faut croire que dans un proche avenir, un projet de loi portant réglementation ou encadrement de la transhumance politique sera déposé sur la table des députés. Votée et promulguée, cette nouvelle loi pourra freiner l’élan des uns et des autres, habitués à quitter un point A pour un point B selon l’humeur et les intérêts du moment. Les députés sont avertis. Bientôt, ils devront se pencher sur cette question.
Loin d’être une panacée, la loi va contraindre les acteurs à un peu plus de discipline et de retenue. Mais elle ne changera pas fondamentalement les pratiques. Les politiciens réfléchiront par deux fois avant de changer de veste. Mais ils se décideront à franchir le pas toutes les fois que nécessaire. Certes, la loi a l’avantage de la contrainte du fait de la sanction qui l’accompagne. Rien que pour ça, beaucoup vont se ranger la mort dans l’âme. Dans plusieurs partis, il y aura des élus ou des cadres qui garderont leurs positions respectives afin de maintenir leurs avantages. Ils seront, pour ainsi dire, présents de corps mais absents d’esprit. Dans ce cas de figure, la fierté d’appartenir à une famille politique ne se ressentira pas dans les actes. La solution législative semble être celle qui s’impose. Mais le mieux serait de travailler à ce que tous les partis s’implantent et s’épanouissent avec leurs membres respectifs au nom des idéaux prônés. Un parti solide et véritablement national est meilleur à un parti tampon.



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