En vérité : La réforme du vêtement

Moïse DOSSOUMOU 9 avril 2019

Cinq ans de réformes et d’actions. C’est ce qu’a promis Patrice Talon alors qu’il était candidat à la fonction suprême de l’Etat. Trois ans déjà qu’il occupe le fauteuil présidentiel. C’est l’occasion de faire un bilan à mi-parcours. Pour ce genre d’exercice et par souci de sincérité et d’exhaustivité, les points positifs et négatifs ne manquent pas d’être évoqués. Chacun selon le prisme sous lequel il se trouve fait ses appréciations. Et ce n’est pas de la matière qui manque. En son temps, comme ils l’ont fait pour le porter en triomphe, les Béninois seront amenés à se prononcer sans ambages sur les actions de celui qui préside aux destinées de leur pays depuis le 6 avril 2016. Ce qu’il convient de retenir et cela saute aux yeux, c’est que Patrice Talon ne s’est pas gêné pour bousculer les habitudes, à pas de charges.
Au nom de la promotion de la consommation locale, au nom de la promotion de nos habitudes vestimentaires, ce ne serait pas superflu que le chef de l’Etat et son équipe proposent à leurs concitoyens, la restauration de certaines richesses culturelles. En effet, le vêtement fait partie des signes distinctifs d’un peuple. Les nations qui l’ont compris ont mis en place avec succès une véritable politique de valorisation de leur art vestimentaire. La Chine, le Japon, l’Inde, le Maroc, le Ghana, le Nigéria, le Burkina-Faso, pour ne citer que ces pays n’ont pas honte de leur identité vestimentaire. C’est avec fierté qu’ils mettent en exergue ces richesses qui font leur particularité dans le monde. Pour ces peuples, les dirigeants, ambassadeurs et artistes sont des mannequins de choix. Partout où ils passent, ils vendent leur pays, sourire à l’appui. Chez nous, on a encore du chemin, car ce qui vient d’ailleurs est beaucoup plus prisé que nos ressources endogènes.
On ne se sent à l’aise qu’en se mettant dans la peau des autres. L’exemple le plus édifiant, c’est la course effrénée au costume dont le port n’est pas compatible avec le climat tropical. Sous un soleil de plomb, dégoulinant de sueur, il n’est pas rare de voir nos compatriotes arborer ce vêtement, parce qu’il fait bon d’être vu en costume. Par contre, ceux qui se démarquent de cette attitude en optant pour le pagne ou des modèles typiquement locaux sont perçus comme des renégats, des gens venus d’un autre siècle opposés à la modernité. Fort heureusement, la perception des Béninois vis-à-vis des choses de chez eux change progressivement. Ce n’est pas encore ça, mais l’espoir est permis. De plus en plus, des initiatives tendent à mettre nos richesses vestimentaires en exergue. Cela se remarque aussi bien dans les administrations qu’à l’occasion de diverses cérémonies.
Après trois ans de réformes politiques, économiques, sociales, institutionnelles et autres, Patrice Talon pourrait s’essayer à la chose culturelle. En se mettant lui aussi dans la danse, en arborant souvent les vêtements et modèles locaux, il ferait des émules non seulement au sein de son gouvernement mais également parmi la population. L’évidence qui ne saute pas très souvent aux yeux est que la promotion des habitudes vestimentaires locales a un fort impact sur l’économie nationale. En donnant l’exemple, Patrice Talon valorise le sous-secteur du textile et de l’habillement et tous les artisans intervenant dans ces corps de métier verront leurs chiffres d’affaires croître. Au lieu du vendredi uniquement, ce serait fabuleux si les fonctionnaires mettent un point d’honneur à se mettre en majorité en pagne plusieurs jours par semaine. Charles Toko l’a si bien compris qu’il a donné le ton à Parakou. Pourquoi ne ferait-il pas des émules au sommet de l’Etat ?



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