En vérité : La réunion de l’espoir

Moïse DOSSOUMOU 11 novembre 2019

C’est la saison des désamours. Le Nigéria dont le poids économique sur le continent se passe de commentaire a pris ses distances avec le Bénin et le Niger. Annoncées pour n’être verrouillées que pendant 28 jours, les frontières terrestres nigérianes demeurent hermétiquement fermées du 20 août à ce jour. Le Bénin et le Niger qui tiraient d’importants revenus de leurs échanges avec le géant de l’Est ont été pris de court par cette situation. Idem pour les opérateurs économiques nigérians qui ont sur les bras les produits consommés hors de chez eux. Exaspéré par la lenteur du processus devant aboutir à la réouverture de frontières, le Ghana dont les entreprises subissent d’énormes pertes du fait de ce blocage a négocié et obtenu de Abuja que ses produits ne pâtissent pas de ce bras-de-fer. En plein 21ème siècle, au moment où le principe du libre échange est acté dans la Communauté ouest africaine, ce geste regrettable du Nigéria n’aurait jamais dû être posé.
L’insistance avec laquelle le gouvernement de Muhammadu Buhari fait la sourde oreille aux initiatives de plaidoyer témoigne de sa détermination à combattre le trafic de certains trafics qui ne rendent pas service à son économie. C’est le moment pour les pays visés par cette opération de se remettre en cause pour redéfinir leur politique commerciale avec le Nigéria. Ce vaste marché de consommateurs situé tout près du Bénin aiguise les appétits des opérateurs économiques. En même temps que ceux-ci font de bonnes affaires, l’Etat aussi devrait tirer le meilleur de ces échanges commerciaux. Mais ce n’est pas souvent le cas. Depuis le 20 août, si les recettes douanières ont pris un coup, les commerçants ressentent encore plus durement la situation qui semble s’éterniser. Le Bénin et le Niger qui multiplient les initiatives pour un dégel savent qu’il leur faudra veiller au grain pour instaurer à l’avenir des relations commerciales saines avec le Nigéria.
Abuja qui semble être suffisamment fort au point d’imposer son diktat à ses voisins subit aussi les revers de cette décision. Le maintien de la fermeture de ses frontières jusqu’à fin janvier 2020 selon une circulaire de la douane cache à bien d’égards les récriminations des opérateurs économiques durement frappés par la décision. Pis, la mesure d’interdiction d’approvisionnement des stations services sis dans un rayon de 20km des frontières est censée limiter dans une large mesure la commercialisation de l’essence dite de contrebande communément appelée Kpayo. Cette décision qui a tout l’air d’un supplice pour les consommateurs béninois habitués depuis des lustres à faire le plein des réservoirs avec ce produit est une bénédiction pour les promoteurs des stations services qui ont consenti de lourds investissements ces dernières années sur le territoire béninois. Il est peut-être venu pour eux le moment de rentabiliser, encore faudrait qu’ils soient capables de répondre aux besoins en temps et en heure.
Promoteur de la libre circulation des personnes et des biens dans son espace, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’active sur le dossier. En toute discrétion et même publiquement, des démarches continuent de se mener pour un rétablissement de la situation. Réunie à Niamey le vendredi 8 novembre dernier, la session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao s’est penchée sur le sujet. Tout en encourageant les parties à poursuivre les concertations en vue d’aboutir à une solution acceptée par tous, il est annoncé une réunion tripartite qui se tiendra jeudi prochain 14 novembre à Abuja. Cette rencontre s’annonce déterminante pour le Nigéria, le Niger et le Bénin. Il faut espérer que ses conclusions annoncent la délivrance. Quand tout rentrera dans l’ordre, c’est évident qu’entre le Nigéria et ses voisins, plus rien ne sera comme avant.



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