En vérité : Le récépissé de l’illusion

Moïse DOSSOUMOU 16 mars 2020

L’attente fut longue, très longue. Les heures qui ont suivi la clôture du dépôt des dossiers à la Commission électorale nationale autonome (Cena) furent très éprouvantes pour les candidats et leurs partis respectifs. Mercredi dernier, 11 mars 2020, dans la soirée, les responsables des formations politiques désireuses de participer aux municipales et communales du 17 mai prochain se sont rués à la Cena pour accomplir les formalités requises. Au nombre de neuf, ces creusets politiques ont attendu le dernier moment pour se présenter devant ladite institution. A tour de rôle, l’ordre d’arrivée de chaque délégation fut mentionné dans le registre d’inscription. S’en est suivie la phase cruciale de l’enregistrement des candidatures. C’est à cette étape que le stress a atteint son pic. Au show médiatique de l’arrivée des représentants de chaque parti politique, a succédé l’anxiété liée à l’étude des dossiers par les agents électoraux recrutés pour la circonstance.
Démarrée dans la nuit de ce mercredi, cette procédure fastidieuse a duré presque 72h. Le fameux récépissé provisoire qui annonce la délivrance dans les rangs des partis ayant passé avec succès cette première étape n’a été délivré qu’au compte-gouttes après de longues heures d’incertitude. Si l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br) ont obtenu gain de cause environ 24h après le dépôt de leurs dossiers respectifs, ce ne fut pas le cas de leurs challengers à ce scrutin. Le Mouvement des élites engagées pour le développement du Bénin (Moele-Bénin) et les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ont été servis, non sans stress, quelques heures plus tard. La longue attente a pris des allures de cauchemar pour la Force cauri pour le développement du Bénin (Fcdb), le Parti du renouveau démocratique (Prd), l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) et le Parti pour l’engagement et la relève (Per).
Plus le temps passait, plus le doute planait dans les esprits. Il a fallu des plénières à répétition des conseillers de la Cena avant l’apparition de la fumée blanche. Ouf de soulagement au niveau des candidats et de leurs familles politiques. Une victoire venait d’être gagnée. Reste les plus déterminantes. Hélas, le Mouvement populaire de libération, l’un des partis politiques qui ont créé la surprise en se rendant à la Cena n’a pas eu cette chance. Son dossier invalidé par les conseillers brise les rêves de ses candidats. La Chambre administrative de la Cour suprême apparemment saisie de la situation ne manquera pas de se prononcer pour départager les protagonistes. En attendant cet éventuel arrêt, les huit autres partis en lice pour le moment peuvent se frotter les mains. Le récépissé provisoire, exhibé comme un trophée par eux tous, montre à quel point l’angoisse a failli avoir raison d’eux.
D’ici une poignée de jours, après une étude approfondie des différents dossiers présentés, la Cena se prononcera à nouveau pour fixer les partis politiques. Les plus heureux qui auront respecté les prescriptions légales s’en tireront avec quelques corrections à apporter aux pièces initialement déposées. Les autres dont les déclarations de candidature présenteront des failles importantes seront purement et simplement remerciés, quitte à ce que, une fois le conflit élevé, la Chambre administrative de la Cour suprême se prononce en leur faveur. Pour l’instant, rien n’est encore gagné. Le récépissé provisoire, objet de tous les fantasmes, ne vaut pas d’office une participation à ce scrutin. Ainsi en a décidé le législateur qui, dans l’esprit de la réforme du système partisan, a corsé l’addition pour le personnel politique. A coup sûr, les jours à venir réserveront des surprises non seulement aux candidats, mais aussi à leurs familles politiques.



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