En vérité : Le requiem des écoles privées

Moïse DOSSOUMOU 3 septembre 2019

Le ciel leur est tombé sur la tête. 103 promoteurs de centres de formation d’enseignement supérieur sont au creux de la vague. Tombés en disgrâce aux yeux de la direction générale de l’enseignement supérieur, ils sont sommés de fermer leurs portes à compter de la rentrée prochaine. Le nombre élevé de ces universités et/ou écoles qui disparaissent de la carte universitaire est inquiétant. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’en seulement une année, tous ces centres dont la majorité avait pignon sur rue tombe aussi bas ? Quels sont les critères qui ont permis aux commis de l’Etat en charge de ce dossier de prendre une décision aussi radicale ? En somme, qu’est-ce qui n’a pas marché ? Dans un pays où les études universitaires sont très prisées, comment l’Etat s’est-il arrangé pour que autant de centres privés deviennent subitement indésirables ? Pourtant, à un moment donné, ces écoles ont réuni les conditions pour obtenir l’autorisation et même l’agrément selon le cas.
Certes, l’assainissement de ce sous-secteur de l’enseignement supérieur a toujours été réclamé par l’opinion. Pendant des années, l’Etat complice du fait, a refusé de prendre ses responsabilités. Du coup, les écoles poussaient à tous les coins de rue et en dépit de la concurrence, chacune d’elle avait des effectifs respectables. Cependant, de plus en plus, le débat sur la qualité des diplômes délivrés mais aussi et surtout leur reconnaissance ici et ailleurs ont pris corps à telle enseigne que le gouvernement ne pouvait plus se permettre de faire la sourde oreille. La récente réforme de l’institution des examens nationaux de licence et de master participe de cette volonté de nettoyer les écuries d’Augias. Mais ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain. Dans le lot de cette centaine d’écoles fermées, il y en a forcément qui méritent ce sort. D’autres par contre auraient pu être épargnées et recadrées.
On ne peut pas à la veille d’une rentrée, semer la psychose chez les étudiants et leurs parents en annonçant que l’université qui était autorisée l’année écoulée ne l’est plus. C’est suffisamment grave de jeter à la rue des enfants qui de bonne foi ont été s’inscrire dans des écoles autorisées à ouvrir leurs portes. Si chemin faisant, ces écoles en viennent à faillir, la chose la plus simple à faire est de les rappeler à l’ordre et au besoin leur fournir l’expertise nécessaire pour éviter que tout s’écroule. L’objectif à court terme étant de permettre aux promotions en cours d’achever leur cursus. Au pire des cas, si l’espoir d’une amélioration de l’offre de formation n’est plus de mise, le gouvernement pourra les orienter vers les centres idoines pour la poursuite de leur formation. Ailleurs, dans les pays développés, ce sont les universités privées qui ont le vent en poupe. Cela ne s’est pas fait sans l’accompagnement des pouvoirs publics.
Pis, certaines universités fermées ont réussi à s’implanter ailleurs avec succès ou à développer de véritables relations de partenariat avec d’autres universités ou centres de formation bien cotés à l’international. Or, le tourisme éducationnel est une importante source de devises en même temps qu’il fait la promotion du pays à l’étranger. Il urge alors de séparer le bon grain de l’ivraie. Encore que dans les comités d’homologation qui ont planché, figurent en grande partie des fonctionnaires qui n’ont pas nécessairement les aptitudes et les réflexes de l’entreprise privée. Les praticiens et ceux qui connaissent le sens du business ainsi que les contraintes et opportunités y afférentes ont une grande place à occuper au sein de ces commissions. Une chose est certaine. Au moment où l’ouverture sur le monde extérieur est prônée, le cloisonnement dans des disciplines sans des passerelles fertilisantes continuera de nous éloigner des choix transformateurs. C’est un impératif que le chef de l’Etat se saisisse personnellement de ce dossier. Il est de son devoir de freiner les ardeurs anti-progrès de certains de ses collaborateurs.



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