En vérité : Les bus de la mort

Moïse DOSSOUMOU 20 mars 2019

On n’en parlera jamais assez. La sécurité des personnes et des biens sur les axes routiers doit être une préoccupation de tous les instants. Les voies ferrée et aérienne étant encore à l’état embryonnaire chez nous, seule la route facilite le déplacement des citoyens d’un point à un autre du pays. Les mouvements des populations du Sud vers le Nord et vice-versa étant très dynamiques au Bénin, nombre de compagnies de transport en commun se sont jetées sur cette opportunité, du reste très lucrative. C’est ainsi que d’année en année, leur nombre, loin de diminuer, s’en va grossissant. Le secteur est si florissant que des structures étatiques se sont découvert des vocations de transporteurs pour embellir leur chiffre d’affaires. Les privés, qui sont d’ailleurs les plus nombreux, rivalisent d’ingéniosité pour fidéliser et accroître leur clientèle. Mais il y en a, hélas qui ne font rien pour se maintenir dans la concurrence.
Le comble, c’est que pendant que leurs challengers essaient tant bien que mal d’assurer dans une relative sécurité, le transport des personnes et des biens, il y a des compagnies très célèbres qui se sont spécialisées dans la multiplication des cas d’accidents de la route avec leurs corollaires macabres. A un rythme effréné, ces événements malheureux se succèdent. Le dernier remonte seulement à quelques jours. Le bus en partance de Parakou pour Cotonou a fini sa course deux heures après son départ dans la brousse. Heureusement que cette fois-ci il n’y a que des blessés. Un véritable miracle. D’autres passagers n’ont pas eu cette chance. Des morts et des blessés graves, il y en a eu par dizaines. Tout porte à croire que le décompte funeste ne s’arrêtera pas de si tôt. Certes, on n’est jamais sûr de rien lorsqu’on embarque pour une destination, quelle que soit l’assurance que peuvent donner les moyens de transport les plus sécurisés.
Mais il y a des facteurs à risque qu’il faut corriger à tout prix. Sur les routes béninoises, l’étroitesse des voies, les défauts de construction, la dégradation avancée par endroits, les nids de poule, le défaut d’éclairage public favorisent la multiplication des cas d’accidents. Mais il y a aussi que l’état défectueux des bus, les pneus un peu trop usés, la surcharge constante, l’alcoolisme, la fatigue ou encore l’excès de vitesse aggravent la situation. A tout ceci, il faut ajouter les dépassements hasardeux à vive allure dont raffolent les chauffeurs avides de sensations folles. Ces motifs non exhaustifs creusent les tombes des passagers qui sollicitent les services des compagnies de transport en commun pour effectuer leurs divers déplacements. Depuis tant d’années, ce mal sévit et jusque-là des mesures visant à réduire drastiquement ce phénomène ne sont toujours pas prises.
Nos autorités attendent sans doute que le bilan s’alourdisse plus qu’il n’en faut avant de réagir. Comment sont délivrés les agréments aux promoteurs de ces compagnies de transport qui vendent de plus en plus la mort à leurs clients ? Comment sont effectués les contrôles périodiques ? Qui s’assure de l’état des bus mis en circulation avec des passagers bondés ? Au Bénin, jusqu’à preuve du contraire ces interrogations demeureront sans réponse. Les services compétents du ministère des infrastructures et des transports sont interpellés. Les Béninois et les étrangers en transit ou séjournant sur leur territoire veulent se déplacer dans des conditions raisonnables de sécurité. En lieu et place du confort et de la quiétude, ce sont des cercueils roulants qui leur sont proposés. Heureusement que des promoteurs de compagnie de transport s’investissent pour équiper et moderniser leur parc. Mais ils ne sont pas les plus nombreux.



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