En vérité : Les Epes repêchées

Moïse DOSSOUMOU 6 novembre 2019

« Après la pluie, le beau temps ». Le ciel est dégagé pour les promoteurs des écoles privées d’enseignement supérieur. L’orage n’a pas duré bien longtemps. Un certain nombre d’entre eux, contraints de déposer la clé sous le paillasson, ont été ramenés à la vie. Le tollé suscité par la direction des établissements privés d’enseignement supérieur a conduit à une plus grande implication du ministre de l’enseignement supérieur. Fraîchement nommée à ce poste, le Pr Eléonore Yayi Ladékan n’a pas voulu se faire conter les événements. En bon manager, il lui a plu de prendre ce dossier à bras-le-corps pour y voir clair. Suite à leurs diverses réclamations, les promoteurs dont les établissements étaient menacés de fermeture ont trouvé grâce aux yeux de l’autorité. Il faut dire que le Conseil consultatif national de l’enseignement supérieur en ses sessions du 30 juillet et du 24 octobre de cette année a rendu ses conclusions.
Les résultats sont meilleurs et porteurs d’espoir contrairement à ce qui avait été décidé il y a tout juste deux mois. 31 établissements ont reçu un avis favorable pour leur agrément. 50 sont proposés à procédure de fermeture par le retrait de leurs autorisations de création ou d’ouverture. Par contre, 45 initialement menacés de fermeture bénéficient d’un moratoire d’un an pour régulariser leur situation. Ouf de soulagement pour les promoteurs, les parents, les étudiants de même que le personnel d’encadrement. Ce dossier, tel qu’il était conduit, engendrait de multiples récriminations. Il fallait un œil neuf et avisé pour faire la part des choses. L’Etat dans son rôle régalien a l’obligation de fixer les règles du jeu pour une éducation de qualité. Dans l’enseignement supérieur, dernier round avant la vie active, il est beaucoup plus question de formation et de recherche. Partout dans le monde, le privé est un excellent partenaire de l’Etat en cette matière.
Le gouvernement, à travers ses services déconcentrés, a la charge de distinguer le bon grain de l’ivraie par une approche scientifique et rationnelle qui ne laisse aucune place à la « béninoiserie ». Des citoyens partis de rien et destinés à une vie de sous-fifres sont devenus de véritables success story parce qu’ils ont réussi contre toute attente à sortir admirablement du lot en s’investissant dans l’éducation et la formation. Ceux-là méritent une attention particulière. Côtés à l’international, leur renommée plaide en leur faveur. Au lieu de les vouer aux gémonies comme on sait si bien le faire chez nous lorsque quelqu’un brille un peu trop, il vaut mieux les encourager, les assister, les motiver à hisser davantage le drapeau béninois. Séparer le bon grain de l’ivraie doit être la cause perpétuelle des fonctionnaires commis à cette tâche. Dans notre pays et même ailleurs, le secteur public est incapable d’absorber le trop plein des étudiants.
Les conditions d’études y sont exécrables. Le privé est l’alternative à une formation professionnelle de qualité. Plus encore quand il s’agit des offres de formation d’avenir axées sur le numérique avec une ouverture sur le système anglo saxon, c’est encore dans le privé que les innovations se font ressentir. Certes, les promoteurs ne sont pas tous des saints. L’âpreté du gain prime dans bien de cas sur la qualité de la formation. Il faut pouvoir extirper ces mauvaises graines des rangs sans préjudice pour les bonnes qui ont fait leurs preuves ici et ailleurs. Le ministre a eu raison de se saisir de ce dossier en validant les conclusions du Conseil consultatif national de l’enseignement supérieur. Il lui revient de rester dans cette dynamique en évitant de se contenter des fiches et de privilégier le principe du contradictoire et de l’écoute des mis en cause. Dans un an, le point sera fait et les nouvelles listes rendues publiques.



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