En vérité : Les gendarmes de la santé

Moïse DOSSOUMOU 30 janvier 2020

C’est l’un des cinq besoins fondamentaux de la personne humaine. Se soigner n’est pas toujours une mince affaire. Déjà que le premier, c’est-à-dire se nourrir, est une équation difficile à résoudre par des milliers de ménages, il va de soi que l’entretien de la santé ne saurait être évident. Mais là n’est pas le vrai problème. Bien qu’ils soient accessibles à une bonne frange de la population, les soins de santé sont encore sujet à préoccupation. Les mille et une récriminations qui fusent de toutes parts à l’encontre des centres de santé publics poussent certains à s’orienter vers le privé. Certes, les progrès réalisés ces dernières années tendent à redorer le blason des médecins, infirmiers et autres qui prêtent leurs compétences à l’Etat. Néanmoins, ils sont encore nombreux ces Béninois aux conditions modestes qui ont jeté leur dévolu sur les cabinets médicaux privés.
Cette offre de proximité fait le bonheur de plusieurs ménages. Dans le lot, il existe des structures crédibles, bien équipées avec un personnel qualifié. Les malades qui ont recours à ces types d’établissement ne regrettent pas leur choix. Dans un confort relatif et souvent en toute discrétion, ils ont l’opportunité de se faire traiter convenablement. Hélas, nombre de ces patients à la quête de la guérison se font aussi duper par des commerçants véreux qui n’ont que faire de la qualité des soins proposés à la clientèle. Installés dans des conditions matérielles à peine acceptables, avec un personnel sous-qualifié et réduit, ces promoteurs indélicats se donnent le vilain luxe d’aggraver les maux de leurs clients au lieu de songer à leur rétablissement. Situés à tous les coins de rue, ils parviennent tant bien que mal à berner ceux qui sollicitent leur supposée science. Depuis des décennies, ce mal perdure sans qu’une solution d’envergure soit trouvée.
Heureusement que le ministère de la santé veille au grain. La semaine écoulée, dans le seul département du Borgou, une soixantaine de cabinets de soins de santé illicites débusqués ont été fermés. L’abondance de la moisson témoigne de l’ampleur du mal et de l’ingéniosité des promoteurs qui usent de toutes les stratégies pour installer leur commerce en violation des lois de la République. déjà en octobre 2018, 47 établissements clandestins ont été fermés dans la Donga. A intervalles réguliers, dans les autres départements du pays, les descentes inopinées des services du ministère de la santé épaulés par la police républicaine permettent de mettre le doigt dans la plaie. Chaque fois, ces descentes sont sanctionnées par des fermetures de cabinets en conflit avec la loi. C’est à croire que de nouveaux ouvrent quand d’autres sont fermés. D’où la veille permanente des autorités en charge de la santé des Béninois.
L’exercice de la médecine en clientèle privée obéit à des règles. Quand elles sont respectées, c’est en toute responsabilité que l’Etat accorde l’autorisation aux promoteurs. Les faussaires contournent la réglementation pour s’installer à leur guise. Et bonjour les dégâts ! C’est déjà heureux que le ministère de la santé parvienne à les débusquer. Mais, tout cela ressemble à un éternel recommencement. Les malades qui sont le maillon faible de l’histoire ne sont pas toujours outillés pour distinguer le faux du vrai. D’où la responsabilité du ministère de la santé d’intensifier les efforts en vue de décourager les promoteurs de ces établissements de la mort. Mais la société non plus n’est pas si innocente dans ce drame auquel elle est exposée. Les patients à la quête de la guérison devraient réfléchir par deux fois avant de se rendre à certains endroits dont l’aspect rébarbatif devrait suffire pour leur faire prendre un autre chemin.



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