En vérité : Les vidéos de la honte

Moïse DOSSOUMOU 2 avril 2020

C’est une gifle retentissante. La société dans son ensemble a accusé le coup. Pour les parents et éducateurs, c’est un cinglant désaveu. Les faits immoraux imputables aux adolescents décriés constituent hélas le miroir dans lequel viennent de se mirer les principaux acteurs chargés non seulement de leur inculquer la vertu, mais aussi de s’assurer qu’ils la pratiquent. Tous sont indignés. Chacun de sa position condamne sans réserve les élèves pris la main dans le sac, qui en situation de classe, préfèrent s’adonner précocement et allègrement aux actes libidineux. Le pot-aux-roses a été, pour ainsi dire, découvert grâce à des vidéos obscènes qui n’étaient pas initialement destinées au grand public. Malheureusement pour les auteurs des scènes obscènes, objet du scandale, des esprits malveillants sont passés par là. Des adolescents accrocs au sexe, à l’alcool et à la drogue. Tenez-vous bien, tout ceci entre les quatre murs de l’école.
A Cotonou, Porto-Novo et Abomey-Calavi, ce triste phénomène est en vogue depuis plusieurs années. Partis de la maison comme des anges à la quête du savoir afin de se forger un avenir radieux, les élèves se laissent aller, une fois dans leurs établissements respectifs, à des attouchements qui débouchent sur l’acte sexuel. Si certains le font de leur plein gré en s’immiscant dans des creusets libertins, d’autres par contre subissent des agressions sexuelles de la part de leurs camarades sous l’emprise de l’alcool ou des stupéfiants. Apparemment restée longtemps en marge de ces dérives préoccupantes, la ville de Parakou s’illustre de plus en plus en la matière. Il faut croire que ces comportements peu recommandables gagnent du terrain un peu partout sur l’ensemble du territoire national. Non contents de se livrer à une sexualité débridée et irresponsable, les auteurs de ces actes se transforment par la force des choses en de véritables acteurs porno.
Mis à la disposition des apprenants par leurs parents, les téléphones portables modernes dits androïd équipés de caméra suffisent pour assurer le tournage des scènes. Il suffit d’un clic malencontreux pour que les vidéos qui devaient rester secrètes se retrouvent sur la toile, exposées à la vue de tous. Indignés, les parents, promoteurs et responsables d’établissements se laissent envahir par l’effet de surprise. Quand on a passé le clair de son temps à fermer les yeux sur les compagnies peu recommandables de sa progéniture, quand on s’évertue à doter les enfants de matériels coûteux aussi inutiles qu’encombrants, quand on prend du plaisir à négocier avec les élèves contre une bière ou des espèces sonnantes et trébuchantes, quand on feint d’ignorer que son enfant développe les caractères sexuels secondaires, c’est tout à fait normal qu’on soit surpris par le visage hideux de l’évidence. Les scandales qui défraient la chronique n’ont pas pris corps du jour au lendemain.
Chaque jour qui passe, les adolescents s’adonnent au sexe, à l’alcool et à la drogue, souvent au nez et à la barbe des parents et des responsables pédagogiques qui se refusent de voir la réalité en face. Maintenant que la vérité les rattrape, il est temps qu’ils prennent le taureau par les cornes. Eduquer un enfant, ce n’est pas seulement le scolariser ou lui assurer le confort matériel. Il faut pouvoir être à son écoute, à ses réels besoins, se mettre en position d’ami, de confident et de conseiller afin d’anticiper les éventuels dérapages. Idem pour les établissements scolaires qui ne peuvent plus se contenter d’exécuter machinalement les programmes académiques. L’éducation morale et sexuelle a aussi une grande part sur les bancs. Occulter cet aspect, c’est former à moitié les citoyens de demain. C’est heureux que ces vidéos de la honte aient mis davantage le doigt dans la plaie. Le défi maintenant, c’est d’éviter la gangrène.



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