En vérité : « Une menace sans précédent »

Isac A. YAÏ 19 mars 2020

C’est la grosse actualité du moment. En l’espace de quelques heures, l’introduction de ce virus sur le territoire national a détourné l’attention de l’opinion, initialement calquée sur les préparatifs des municipales et communales prévues pour le 17 mai prochain. Ainsi, depuis le 16 mars dernier, on ne parle que coronavirus. 48h plus tard, le Bénin compte officiellement deux cas testés positifs, tous de nationalité étrangère. Dans la foulée, le gouvernement, réuni d’urgence en session extraordinaire des ministres, a pris des dispositions devant permettre de contenir la menace qui se fait grande. 11 au total, ces mesures appellent non seulement des citoyens, mais aussi de l’Etat et des structures privées, un changement de comportement sur plusieurs plans. Déjà, il convient de retenir que les entrées et sorties au niveau des frontières terrestres sont limitées. Même attitude du côté des services de l’immigration où des restrictions seront notées pour ce qui est de la délivrance des visas à destination du Bénin.
L’autre bonne nouvelle prise par le conseil des ministres est la mise en quarantaine systématique de toute personne arrivée dans le pays par voie aérienne. Il était temps. A défaut de fermer les frontières, il fallait s’assurer de la bonne santé de ceux qui nous visitent. La suspension des préparatifs du pèlerinage à la Mecque et de toute manifestation non essentielle à caractère sportif, culturel, religieux, politique et festif participe de cette levée de boucliers contre la pandémie. Pour ce qui est de l’obligation imposée aux transporteurs en commun de doter leurs employés ainsi que leurs passagers de masques ou bavettes appropriés et de respecter la distance de sécurité entre occupants, cela relève d’une autre paire de manches. Ce n’est pas si simple pour un commerçant en quête de profit de réduire de manière drastique le nombre de passagers devant prendre place dans un bus. Soit, il suspend ses activités. Soit, il accepte de rouler à perte.
Quant à la recommandation faite aux personnes éplorées de limiter les obsèques au strict minimum, elle est fondée. Dans notre société où les deuils drainent du monde et occasionnent des réjouissances, il est de bon ton que le gouvernement demande aux familles de savoir raison garder en de pareilles occasions. La même consigne vaut pour les lieux de culte. Ce n’est pas trop demander aux responsables religieux de prévoir de l’eau et du savon à défaut du gel hydroalcoolique et de faire respecter la distance de sécurité. Mais, qu’en sera-t-il lors des bousculades et salutations diverses au début et à la fin de chaque culte ? Les banques, supermarchés et autres établissements recevant du monde ne devraient même pas attendre une décision du gouvernement avant de prendre des mesures de prévention et de sécurité à l’interne. Cela va de soi. Par les temps qui courent, les masques de protection valent de l’or. C’est heureux que nos décideurs aient pensé à prévoir du stock et à encadrer les prix pour mettre un terme à la surenchère.
Beaucoup attendaient que les cours soient suspendus dans les écoles et universités. Mais il n’en est rien. Contrairement à d’autres pays qui ont fait cette option, le gouvernement a préféré que les activités académiques se déroulent normalement. A-t-on prévu que toutes les écoles et universités, publiques ou privées, se dotent en matériels de lavage des mains ? Les enseignants sont-ils conditionnés pour informer en continu les apprenants sur la maladie et les précautions à prendre pour ne pas la contracter ? Le conseil national de l’éducation et les ministères sectoriels prendront sans doute le relai. Quid des bars climatisés et boîtes de nuit ? Hier, mercredi 18 mars, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale pour la santé (Oms) tirait la sonnette d’alarme. « Ce coronavirus présente une menace sans précédent… Le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui ».



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