Le Commissaire Freddy Houngbédji explique son refus de donner les clés des cantines

Arnaud DOUMANHOUN 15 mars 2019

Je voudrais pour ma part relever l’amalgame faite entre la convocation de la Cena à la Brigade criminelle et le recours devant la Cour constitutionnelle. Les deux affaires ne sont pas du tout liées parce qu’au niveau de la Brigade criminelle, il s’agit d’une affaire pénale. En fait, c’est un certain Salvador Aclassato qui a porté plainte devant le procureur de la République et qui a fait état de ce qu’il s’est retrouvé sur la liste du Prd alors qu’il n’avait même pas sa carte d’électeur. C’est donc à cet effet que la Brigade criminelle a eu à inviter le Président de la Cena pour expliquer ce dont il est question.
Il n’y a pas alors lieu de faire cet amalgame entre ce dossier et le recours devant la Cour constitutionnelle. Je voudrais quand même dire certaines choses à la presse parce que mon nom a été beaucoup cité sur les réseaux sociaux.
J’ai reçu un coup de fil aux environs de 18h30 de madame Géneviève Boco, vice-présidente de la Cena, de venir immédiatement avec les clés pour ouvrir les cantines. Je lui ai répondu que ce n’est pas possible dans le climat d’élection qui existe dans notre institution en ce jour et dans ce climat qui perdure dans tout le pays.
Je lui ai dit, les clés de cantine ne peuvent intervenir que dans la suite d’une décision de la plénière. Vous dites, vous avez reçu convocation et réquisition, vous devez convoquer la plénière en disant chers commissaires, j’ai reçu une convocation. J’ai reçu une réquisition, d’amener tel dossier. Je rappelle que la Cena est quand même censée jouir d’une certaine autonomie réelle par rapport à toutes les autres institutions du pays y compris l’exécutif. Donc, y compris Mr le procureur de la République et Mr le chef de la Brigade criminelle. Donc, c’était à la plénière de se réunir au préalable, de décider s’il convient d’ouvrir ou non la cantine, de décider de la méthode qu’on utiliserait pour ouvrir les cantines parce qu’on parle de pièces substituées frauduleusement.
Ce document dont vous parlez dont le président exhibe un exemplaire tout à l’heure se trouve dans les cantines fermées à clé. On me demande moi de venir ouvrir. Non, je ne veux pas aller en prison le lendemain au motif qu’il y a eu de substitution frauduleuse dans les cantines. J’ai demandé à ce que la plénière se réunisse. Au lieu de quoi, je reçois le lendemain matin à 7h45 min, une correspondance me notifiant de venir ouvrir les cantines le matin à 09h.
Je suis un membre de la Cena, je suis un commissaire comme les autres. On ne peut pas me donner des injonctions qui ne reposent pas sur une décision prise avec les autres. Je ne suis pas obligé, et si le commissaire Abou m’appelle pour me dire viens ouvrir les cantines, ou bien une autre personne, j’irai le faire ? Non, je dis, je ne peux pas tant qu’il n’y aura pas une décision de la plénière, qui me demande de procéder à l’ouverture avec la présence d’un huissier venant de la Brigade criminelle qui a demandé l’ouverture.
On ne peut pas procéder à l’ouverture comme ça, encore qu’on ne sache pas ce qui va se passer. Raison pour laquelle, j’ai refusé. Mais, j’ai proposé que la plénière se réunisse, qu’elle décide de l’ouverture, que j’amène la clé et qu’on ouvre pour chercher le document que la Brigade criminelle cherche, mais en présence d’un huissier de justice. Ça n’a pas été fait, alors que nous avons tenu ce mercredi 13 mars même une plénière et la décision n’a pas été évoquée. Peut-être que la question ne présente plus aucun intérêt.



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