Marche contre la vie chère au Bénin : Le ras-le-bol des syndicalistes dans les rues de Cotonou

13 mai 2024

Il y est 7 heures et la cour de La Bourse de travail est très animée ce samedi 11 mai 2024. Fanfares et sonorisations tiennent en haleine les locaux du siège des centrales syndicales. Une grande mobilisation des camarades s’observe. C’est surtout pour la marche contre la vie chère autorisée. Au sein de la masse, presque toutes les confédérations syndicales sont représentées. Elles se distinguent entre elles par le port des bandeaux et gilets de différentes couleurs. Sont lisibles sur des gilets, ‘’SYNAEB-BENIN’’, ‘’Je suis COSI-BENIN’’, ‘’CSA-BENIN’’ ou encore sur des bandeaux, ‘’UNSTB’’ pour ne citer que ceux-là. A 8h 30 min, la mobilisation s’intensifie dans la cour de la Bourse de travail. Des banderoles sont brandies de part et d’autre sur lesquelles sont entre autres perçus : ‘’SYNEPRO-BENIN : les ACDPE 2014 et 2016 exigent la mise en formation des PA, la rétrocession des 4 années de CDD pour un avancement au grade réel’’, ‘’Ensemble disons non à la cherté de la vie et ou à de meilleurs conditions de vie et de travail pour toutes et tous’’, ‘’grande marche de protestation contre la cherté de la vie, le blocage des avancements à l’échelon 11, la suspension arbitraire de la dotation en carburant, la barbarie policière’’ et ‘’non à la gouvernance qui affame’’. Quelques minutes après, les secrétaires généraux se réunissent et les dernières consignes sont données pour la marche. « L’itinéraire passe par Saint Michel et chute à la place de l’Etoile Rouge. Pas d’injures ni de propos malsains. Suivez le couloir réservé pour la marche. Les Forces de l’ordre sont là pour encadrer la marche. Trois rangs sont formés et les secrétaires généraux vont rester devant et les autres après », peut-on entendre un peu avant l’entame de la marche. Un grand déploiement des éléments de la Police Républicaine s’observe du portail de la Bourse de travail jusqu’à la place de l’Etoile Rouge pour l’encadrement sans anicroche de la marche et la régulation de la circulation.

Itinéraire : Bourse de travil-Saint Michel-Etoile rouge
Suivant l’itinéraire : Bourse de travail-Eglise de Saint Michel-Marché de Saint Michel-Etoile Rouge, la marche suit son cours sous les sonorités des fanfares. De l’autre côté de l’itinéraire, la mobilisation des conducteurs de taxi-moto accompagnant la marche retient l’attention. Ils n’hésitent pas à faire de longs appuis sur le klaxon de leurs motos et à lâcher des slogans. A l’Etoile Rouge, point de chute de la marche, place aux messages. « Participer à cette marche est une démonstration de forces. Nous avons œuvré pour que les libertés soient garanties. Il y a un moment, cela ne va pas dans le pays. Nous avons faim, ils n’ont pas faim, ils se taillent la part de géant, nous serrons les ceintures et nous ne pouvons rien. Maintenant, nous avons pu et nous n’avons pas encore fini de pouvoir. C’est le combat de tout le monde. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout », confie un responsable syndical. Dame Aubierge se désole du refus du gouvernement d’aller à la table de négociation avec les partenaires sociaux, du panier de la ménagère qui est vide, de la flambée des prix des produits de première nécessité et invite les femmes à répondre présentes à chaque invitation de marche de protestation contre la vie chère. « Nous marchons parce que nous avons faim. Nous travaillons mais nous gagnons ‘’ça a l’air’’ et non salaire. Cela ne nous permet pas de vivre. La marche de ce jour est la victoire des travailleurs. Que le pouvoir en place comprenne que ce n’est pas une marche de défiance. C’est pour l’aider à décrypter les signaux que nous lui envoyons. Cela doit lui permettre d’ouvrir le dialogue et prendre des décisions pour que la vie devienne moins chère », fais observer Noël Chadaré de la COSI-BENIN. Quant à Anselme Amoussou, il fustige : « Oui aux réformes qui réforment effectivement ! Non aux réformes qui tuent, qui déshumanisent, qui dérégulent, qui affament, qui ferment les frontières et qui ruinent les transporteurs, les commerçants et les opérateurs économiques ! Non aux réformes qui déchirent le droit de grève et jettent l’opprobre sur le pays d’un peu partout dans le monde. Il est temps pour nous de refuser de rester silencieux ».

Les libertés syndicales préoccupent la CSA-Afrique
La CSA-Afrique, à travers sa représentante, livre son message adressé au président de la République. « Monsieur le président de la République, Au nom de l’organisation régionale africaine de la Confédération syndicale internationale (CSA-AFRIQUE), nous exprimons nos vives préoccupations au sujet des violations des libertés syndicales et des droits fondamentaux au Bénin », déclare-t-elle. Le message au chef de l’Etat, au terme de la marche, est aussi lu. « Les travailleurs, reunis au sein de la CSA-BENIN, de la CGTB, de l’UNSTB, de la COSI-BENIN, de la CSUB et de la CSPIB avec une large adhésion du peuple sur toute l’étendue du territoire national, ont décidé de crier leur ras-le-bol ce samedi 11 mai 2024 à travers cette marche pacifique de protestation contre la vie chère, la remise en cause des acquis sociaux, la non gouvernance et l’overdose de réformes aux effets mitigés sur la qualité de vie du laborieux et intrépide peuple béninois dont les gouvernants ont la charge depuis plus de 8 ans », font savoir les secrétaires généraux. Chose réussie pour la tenue effective de la marche de ce jour. La même dynamique se poursuit. Des mobilisations pour d’autres marches seront faites pour les fois à venir.
Fidégnon HOUEDOHOUN



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