« 72 heures de théâtre » au Hall des arts de Cotonou : ‘’Réveil de conscience’’, une pièce qui redonne la fierté à l’Afrique

La rédaction 18 août 2015

C’est à l’occasion de l’événement ‘’72 heures de théâtre’’ organisé par le Réseau des compagnies artistiques du Bénin, que le Hall des Arts de Cotonou a accueilli du jeudi 13 au samedi 15 août 2015, la pièce de théâtre intitulée : « Réveil de conscience ». Une mise en scène de Minsmin Glèlè qui se veut un reflet de la situation actuelle des africains.

‘’Je suis né pour dire que l’Occident fabrique des usines qui créent la pauvreté de l’Afrique, qui inoculent l’assujettissement aux héritiers de Chaka, aux adeptes de Sankara. C’est pourquoi ma poésie ne connaît pas de césure. Je dois crier sans mesure, tant que l’Occident existera’’. Voilà les phrases répétées tout au long de la présentation de : ‘’Réveil de conscience’’, une pièce de théâtre écrite par Alexandre Atindoko et mise en scène par Minsmin Glèlè. Ces phrases résument parfaitement l’esprit de la pièce, elles sont à la fois brutales et passionnées, agressives mais lyriques. Ce fut un monologue de l’acteur Jean-Louis Kindagne.
Au rendez-vous de la mondialisation et à l’heure de l’internet, l’auteur nous pousse à nous interroger : pourquoi l’Afrique en est arrivée là ? Soumise et dépendante d’un Occident qui pille le continent. Pourquoi en est-elle arrivée à mendier son avenir, alors que les rois qui ont fait son Histoire étaient dignes. Et le texte va beaucoup plus loin, en comparant les africains à des néo-esclaves.

Quelle démocratie pour l’Afrique ?
Une seule question se susurre sur les lèvres : a-t-on fini avec la colonisation, alors que les filiales étrangères bradent les matières premières africaines qui pourraient faire la richesse du continent - richesses que ces dernières épuisent presque gratuitement, et revendent à prix d’or dans leurs pays ? Il s’agit d’une mondialisation à deux vitesses, qui n’a pas vu changer le statut de l’homme blanc dominant, dans un monde où ce dernier a gardé ses passe-droits, des années après l’abolition de l’esclavage et la décolonisation. Le protagoniste va jusqu’à aborder le thème de la démocratie sur un ton provocateur, déclarant avoir été un démocrate convaincu, pour aujourd’hui réaliser n’avoir été en fait que ‘’con et vaincu’’.

A quoi sert la démocratie ?
A quoi sert la démocratie, si c’est pour mourir de faim ? Demande-t-il à l’audience, ajoutant que ‘’nous avons cherché le développement comme on cherche son nom dans un calendrier… bêtement’’. Entre autres sujet, l’artiste a aussi abordé la question de la dépigmentation à travers une histoire d’amour vécue. Malgré le monologue d’une heure, la pièce cette présentation de ‘’Réveil de conscience’’ n’était pas ennuyeuse. L’acteur nous captive par une présence charismatique, occupant tout l’espace scénique et même au-delà, descendant parfois de l’estrade pour interpeller le public. L’humour ne manque pas non plus : les rires après l’évocation du ministre de l’agriculture installé en pleine ville dans son bureau climatisé, ou l’histoire d’Ablawa devenue Chimène l’acculturée sont évocateurs. Il réussit même à nous émouvoir, par l’interprétation d’un homme rongé par les regrets, retournant sur la terre de ses aïeux pour enterrer son père, représenté par le drap blanc qu’il serre dans ses bras. Une œuvre complète qui, après nous avoir fait rire et pleurer, nous laisse pensif.
Sony PAUCOT



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