9 ans de gestion du président Boni Yayi : Performances et insuffisances au plan culturel

Arnaud DOUMANHOUN 7 avril 2015

Les acteurs culturels se prononcent sur les 9 ans de gestion du président Boni Yayi. Si la plupart saluent les réalisations et la volonté politique du Chef de l’Etat, certains trouvent qu’il reste beaucoup à faire pour que la culture participe véritablement au développement du Bénin.

Hounti Kiki, président de la Fédération des artistes traditionnels
« Nous avons tellement gagné avec Yayi que tout le monde veut devenir artiste »

Je voudrais être sincère pour dire que nous avons beaucoup gagné avec le président Boni Yayi à travers le milliard culturel, devenu tri-milliard culturel. Un résultat qui a été possible parce que les artistes sont fortement majoritaires dans les conseils d’administrations des structures qui ont à charge la gestion de ce fonds. Il faut dire que nous avons tellement gagné avec Yayi que tout le monde veut devenir artiste. A cette allure, le Bénin pourrait s’imposer au plan régional voire international. Il faut simplement souhaiter qu’il y ait des œuvres de qualité, car nous avons les moyens financiers.

Marcel Zounon, Directeur de l’ensemble artistique national
« Aujourd’hui, le tandem culturel artisanat et tourisme peut faire rentrer des devises »

C’est une grande joie pour nous qui assurons la production des arts de scène (théâtre, danse et musique) de célébrer les 4 ans du 2e mandat de Boni Yayi, pour le remercier pour toutes les actions positives menées en notre faveur afin de booster le développement de notre pays au cours de ces 9 dernières années. C’est aussi l’occasion de remercier le ministre Abimbola qui a cru à la dimension culturelle du développement et qui en fait son cheval de bataille. Aujourd’hui, le tandem culturel artisanat et tourisme peut faire rentrer des devises pour renflouer les caisses de l’Etat béninois. Et c’est ce qui fonde l’attention particulière que le Chef de l’Etat a pour le secteur. A l’occasion de cette date anniversaire, nous suggérons que plus de moyens soient affectés à ce secteur pour qu’il booste le développement et le rayonnement de notre pays au plan national, régional et international.

Nel Oliver, artiste chanteur
« J’insiste sur le fait qu’il faut une exploitation judicieuse des milliards culturels »

La culture a gagné. De 1 milliard, on est aujourd’hui à 3 milliards. Je crois que c’est exclusivement Boni Yayi qui a pu offrir cela à la culture. Et je pense que l’utilisation judicieuse de ces 3 milliards devrait permettre non seulement la promotion de la culture béninoise, mais surtout l’éclosion de tous les constituants de la culture béninoise ; le théâtre, les arts plastiques, le cinéma et j’en oublie. 3 milliards, c’est bien, mais il en faut plus parce que nous sommes nombreux et il y a tellement de choses à faire. J’insiste sur le fait qu’il faut une exploitation judicieuse des milliards culturels, sinon ça sera comme si rien n’est fait. Le Chef de l’Etat a une écoute particulière à l’égard du secteur de la culture et c’est à nous de montrer que non seulement nous sommes contents, mais aussi que nous attendons encore beaucoup de lui avant son départ.

Coffi Alladé, responsable de la troupe les Supers Anges
« Les artistes sont satisfaits… celui qui va le remplacer va beaucoup travailler »
Les réalisations en 9 ans de gestion sont énormes. Nous acteurs culturels, nous sommes très contents. Aujourd’hui, on sent que la vie culturelle s’anime. On sent de la vivacité et au niveau des acteurs culturels, ça bouge. On doit beaucoup remercier le Chef de l’Etat. Visiblement, il aime les artistes et reconnaît la place qu’ils occupent dans le développement du Bénin. Celui qui va venir le remplacer va beaucoup travailler parce qu’il a mis la barre très haute. En tout cas, les artistes sont satisfaits et on prie pour que celui qui va venir le remplacer soit au top.

Hermas Gbaguidi, artiste comédien
« …il reste deux choses au niveau de l’Assemblée nationale »

Avant l’arrivée de Yayi, le secteur était dans le creux des vagues c’est-à-dire totalement dépourvu. Le niveau était bas et les infrastructures, n’en parlons pas. Mais à partir de 2006, il y a eu un renouveau. Les troupes ont commencé à trouver des moyens. Il y a eu une autonomisation des artistes dont bon nombre ont leur siège social. Or, avant l’arrivée de Yayi, tout le monde s’agglutinait à l’Institut français. Au niveau de la production phonographique, on ne peut plus compter le nombre de studios, alors qu’avant, il n’y en avait que 3. Aujourd’hui, il n’y a plus ce coin du pays qui n’a pas une manifestation culturelle, qui n’a pas un festival…, entièrement financés par le Bénin. Mais puisqu’il est dit que tant qu’il y a à faire, rien n’est fait, je dirai qu’il reste deux choses, notamment au niveau de l’Assemblée nationale. Il s’agit de l’amendement de la loi sur la décentralisation pour permettre aux administrations locales de soutenir les artistes et autres acteurs culturels, parce qu’au jour d’aujourd’hui, elles ne peuvent même pas donner 1 F aux acteurs culturels. La 2e chose, c’est le vote du code sur la cinématographie qui dort depuis 10 ans à l’hémicycle. Si la 7e législature ne vote pas ce code, ça serait dommage. En conclusion, je dirai que les 9 ans du régime ont amélioré considérablement la vie des artistes.

Zanklan Symphorien alias Pidi-Symph, artiste chanteur
« Nous sommes à 3 milliards. Peut-être que nous serons à 5 milliards l’année prochaine… »

De 1 milliard, nous sommes passés à 1,5 milliard et cette année, l’avant dernière du mandat de Boni Yayi, nous sommes à 3 milliards. Peut-être que nous serons à 5 milliards l’année prochaine. (Rire). Pour nous acteurs culturels, c’est ce que nous avons eu de plus beau dans notre vie. C’est d’ailleurs cette raison qui explique l’avènement de tous les festivals que vous observez et la multiplicité des albums. Aussi, les artistes voyagent plus facilement aujourd’hui.

Toléba, Conseiller spécial du Chef de l’Etat à la culturel, ancien ministre de la culture
« On sent une amélioration des prestations artistiques… que les artistes continuent par se professionnaliser »

En 9 ans, il y a eu beaucoup d’évolution en ce qui concerne la contribution financière de l’Etat au secteur, qui a considérablement augmenté. On sent une amélioration des prestations artistiques dans divers compartiments du secteur. Le nombre de Béninois exerçant dans le secteur a aussi augmenté. Ce qui reste à faire, c’est que les artistes continuent par se professionnaliser. Un appel est à lancer au secteur privé pour qu’il continue à appuyer les créateurs d’œuvres de l’esprit.

Blaise Tchéchao, Directeur du fonds d’aide à la culture (Dfac)
« … C’est déjà la clé qui a boosté le développement de la culture »

On constate aujourd’hui l’éclosion des talents grâce au coup de pouce apporté par le Chef de l’Etat en instituant le milliard culturel devenu le tri-milliard culturel. C’est déjà la clé qui a boosté le développement de la culture de notre pays. Ce fonds a permis d’entamer la réhabilitation des salles de cinéma à Cotonou, de la maison de la culture à Ouidah, la construction de la maison de l’artiste prévue au budget 2015. Il y a aussi l’organisation de grands festivals dont le Festival international de musique (Fimub) pour bientôt, la 3e édition de la biennale des arts visuels, le Carnaval international de Cotonou, la soirée de distinction des acteurs culturels… Il reste à faire en sorte que cette politique mise en place par le gouvernement soit pérenne.

Stan Tohon, artiste chanteur
« Il faut un fonds social pour soigner les artistes… »

Au titre des actions du régime, s’inscrivent en lettres d’or, les milliards culturels. C’est une volonté politique que nous approuvons et le ministre Abimbola est à féliciter. Cela facilite aujourd’hui la multiplicité des concerts qui permettent aux artistes de vivre, car derrière un artiste, c’est des familles. Il est vrai que le Chef de l’Etat n’a pas tout fait, mais il faut lui reconnaître ses mérites. Mais il va aussi falloir qu’on trouve une formule pour récompenser, remercier les anciennes gloires qui ont beaucoup donné pour le Bénin. Il faut un fonds social pour soigner les artistes parce que beaucoup d’artistes meurent dans la précarité. Et je pense que quand le Régime d’assurance maladie universelle (Ramu) sera fonctionnel, cela nous aidera beaucoup.
Réalisation : Arnaud DOUMANHOUN



Dans la même rubrique