Ange Gnacadja à propos de l’exposition photos à Bohicon : ‘‘C’est une initiative qui m’a permis de faire une expérience particulière…’’

La rédaction 13 février 2015

Après novembre en France, le photojournaliste Ange Gnacadja a présenté le week-end dernier à Bohicon, les photos qu’il a réalisées dans un regard croisé avec son homologue de la France Jean Pierre Sargeo. Après cette exposition à laquelle ont pris part les autorités de la Case (Commune d’Agglomération Seine Eure) et de la mairie de Bohicon, Ange Gnacadja s’est prêté aux questions de votre journal.
Vous avez fait une exposition de photos sur les cultures de la Case et de Bohicon. Présentez-vous et parlez-nous un peu de la première phase qui s’est déroulée en France.

Je suis Ange Gnacadja de nationalité béninoise. J’ai commencé en tant que photojournaliste dans la presse au Bénin depuis 1996. Mais avant, j’ai fait deux ans au Togo. J’ai fait plusieurs expositions déjà. Récemment, j’ai fait une exposition en France dans le mois de novembre à Normandie. C’est une exposition qui est une initiative de la mairie de Bohicon et de la Case (Commune d’Agglomération Seine Eure) qui s’est déroulée en Normandie qui regroupe 37 communes. Ils ont fait un appel à candidature, j’ai postulé et j’ai été retenu. Cette exposition a une particularité : c’est une exposition qui est faite par deux photographes professionnels. Jean Pierre de la France et moi, Ange Gnacadja du Bénin dans un regard croisé. Cette exposition consiste à fait valoir les valeurs culturelles, éducationnelles, sociales et sportives de chaque commune. Ou encore les potentialités que regorgent la commune de Bohicon et la commune de la Case. Et c’est le photographe jean Pierre de la France qui est retenu pour faire un reportage dans la commune de Bohicon et, il a fait environs deux semaines au Bénin pour accomplir cette tâche. Moi, j’ai été retenu pour faire la même chose à Normandie en France. Nous avons rassemblées nos différentes images que nous avons envoyées à la Case qui a fait une sélection. C’est donc sur la base de cette sélection qu’ils ont imprimé les photos sur bâches. Et nous avons fait la première exposition en France en Novembre 2014. Le week-end passé nous avons fait la seconde partie à Bohicon.

Comment l’exposition de Bohicon s’est-elle déroulée sans la présence de Jean Pierre Sargeo ?

C’est cette même exposition que les responsables de la Case ont ramené dans la commune de Bohicon. Il y avait le président Bernard Leroy qui est le président de tous les maires des 37 communes. Il était à Bohicon avec d’autres responsables et membres de la Case avec ces mêmes photos exposées en France en novembre dernier. L’exposition des photos a commencé le week-end passé à Bohicon et pour une dizaine de jours. Mais, sans mon second photographe français Jean Pierre qui a fait récemment un accident. Etant donné qu’on a eu à travailler ensemble et que je connais ces photos, c’est moi qui ait expliqué ses photos et les miennes à la population de Bohicon.

Quel est l’impact de cette exposition sur les populations de Bohicon ?
Je remercie le maire Atrokpo de Bohicon et le président Bernard Leroy qui ont vraiment œuvré pour cette coopération décentralisée entre le Bénin et la France. Car l’idée de cette exposition, c’est de faire connaître ce que les autres font chez eux et vis-versa. Ce qu’on peut tirer de leur culture par rapport à ce que nous avons l’habitude de faire ici. Je donne un exemple. Aujourd’hui en France, précisément, là où je suis allé faire mes photos, il y a une manière de ramasser les ordures par des camions. Mais à Bohicon, malgré qu’il y ait des Ong, qui passent de maison en maison pour ramasser les ordures contre une petite rémunération, les populations sont rétissantes. Elles ne donnent pas leurs participations pour rendre la ville propre et saine. Alors qu’en France à la Case, c’est automatique. Les gens paient leur participation déjà dans les taxes d’imposition et déjà à 05 heures du matin, les camionnettes passent ramasser les ordures. C’est ce que j’ai trouvé de très intéressant qu’on n’arrive pas à faire chez nous. Ça fait partir des choses que j’ai expliquées à Bohicon à travers mes photos.

Quelle différence faites-vous entre la culture de la France et celle du Bénin ?
En France, j’ai eu des difficultés pour faire certaines photos parce que les gens étaient rétissants. A l’église de Louvier par exemple, c’est grâce au père Augustin Gnonhouegnon du Benin que j’ai pu avoir quelques images parce que tous ceux qui étaient dans la chapelle ne voulaient pas se faire photographier pour le fait qu’ils ne me connaissaient pas. Il a fallu que je revienne de la sacristie avec le père pour qu’on m’identifie comme un parent à lui pour que je puisse prendre librement les photos. D’autres vont même dire que c’est le cousin du prête. Je suis allé à des endroits trois à quatre fois avant qu’on ne me permette de prendre certaines images. Mais ici quand on voit l’expatrié, la peau blanche, on n’est plus exigeant sur nos traditions et nos mythes. On est prêt à s’ouvrir entièrement. Outre cet aspect, les gens ont vraiment aimé et apprécié les photos exposées à Bohicon. Le maire Luc Atrokpo a ciblé quelques arrondissements où les photos ont été exposées. Mieux une photo est exposée au grand carrefour de Bohicon en allant vers Parakou. Mais la plupart sont resté dans la cour de la mairie.

Avez-vous un mot pour conclure cet entretien ?
C’est une initiative qui m’a permis de faire une expérience particulière que je souhaite pérenniser. Il est vrai que je vais souvent en Europe pour des reportages. Mais, c’est une autre découverte que j’ai faite après avoir gagné cet appel à candidature qui me permet aujourd’hui de faire une autre lecture des reportages privés. C’est encore une occasion pour moi de vivre la culture des habitants de la Case et de pouvoir les partager avec celles de Bohicon à travers les photos pour stimuler le déclic du changement de mentalité. C’est un regard croisé à travers cette exposition de photos des deux pays.



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