Armelle Agbadagan au sujet des Comportements répétitifs centrés sur le corps : « Il est temps de quitter l’isolement et la honte »

La rédaction 7 avril 2020

Bien qu’affectant 2 à 5% des populations, les Comportements répétitifs centrés sur le corps (Crcc) sont des troubles psychologiques qui sont encore moins connus. Ils se manifestent entre autres par le grattage de la peau, le tirage des cheveux, le mordillement des lèvres et de l’intérieur des joues. Psychologue clinicienne, Représentante de l’association francophone des Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps en Afrique, Armelle Agbadagan dévoile tout de ces troubles.

Pourquoi une association Francophone des Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps ?
L’Association Francophone des Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps (AFCRCC) fondée en 2018 par la psychologue Alexandra Lecart, est devenue association (conformément à la loi 1901) d’intérêt général pour l’information, la recherche et la formation sur les CRCC. Cette association a pour but d’améliorer la connaissance, les échanges internationaux francophones et la prise en charge des personnes souffrant d’un Crcc afin d’améliorer la compréhension des conséquences de ces comportements.

C’est quoi les Crcc ?
C’est l’acronyme de « Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps ». En anglais, aux Etats-Unis ou au Canada où ils sont plus connus, on les nomme BFRB’s (Body Focused Repetitive Behaviors). Ce terme générique regroupe les gestes répétitifs d’auto-toilettage (self-grooming) consistant à se tirer les cheveux, se gratter, se triturer ou se mordre la peau au point de causer des blessures. Les CRCC incluent : la trichotillomanie (s’arracher les cheveux), la dermatillomanie (gratter les croutes, l’acné ou toutes imperfections sur la peau), l’onychophagie (se ronger les ongles), le mordillement des lèvres et le mordillement de l’intérieur des joues.

Quelles sont les causes de cette pathologie ?
Les recherches ont prouvé que certaines personnes héritent de prédispositions génétiques à se tirer les cheveux ou se gratter la peau. Des études ont montré qu’on retrouve un plus grand nombre de Crcc chez les membres de la famille immédiate de ceux qui ont la trichotillomanie ou la dermatillomanie, que dans la population générale.

Quels est l’impact des crcc sur un sujet atteint ?
La gravité de ces comportements varie d’une personne à l’autre. Arracher ses cheveux peut provoquer la création de petites surfaces clairsemées sur la tête, l’apparition de régions dégarnies, ou encore une calvitie très étendue difficilement dissimulable. Les personnes qui se grattent la peau développent des croûtes ou des blessures qui ne guérissent pas en raison du grattage répété. Il arrive parfois que la peau s’infecte ou forme des cicatrices, rendant le grattage apparent, ce qui peut attiser les sentiments de honte chez la personne ainsi affectée.
Le fait de s’arracher les cheveux ou de se gratter la peau peut sembler anodins, mais lorsque ces gestes en apparence inoffensifs sont posés de manière excessive, ils peuvent provoquer de sérieux problèmes médicaux. Ceux qui avalent les cheveux arrachés encourent des malaises gastro-intestinaux, voire des blocages digestifs, résultant de la formation d’un trichobézoard (boule de poils) qui doit être retiré par voie chirurgicale. En ce qui concerne le grattage de la peau, il est important de garder les plaies propres et de les soigner avec une crème à base d’antibiotiques afin d’empêcher qu’elles s’infectent.
En plus de ces problèmes physiques et médicaux, plusieurs des personnes présentant des Crcc éprouvent des sentiments de honte et de solitude. Elles cachent leur secret et se sentent limitées dans leurs relations intimes, se privant d’exercer certaines activités. Elles se sentent dérangées dans leur fonctionnement personnel, social, professionnel ou limitées dans d’autres champs d’intérêts.

A quel âge peut-on être confronté à un Crcc ?
La plupart des Crcc apparaissent à la puberté ou à l’adolescence et peuvent continuer à l’âge adulte. Pendant l’enfance, les filles peuvent être autant touchées que les garçons mais à l’âge adulte les femmes semblent être davantage concernées.

Peut-on guérit totalement des Crcc ?
Bien sûr que oui, avec une thérapie adaptée les résultats tiennent. La volonté et la détermination de la personne souffrante compte aussi.

Un mot à l’endroit des personnes souffrantes
Il est temps de quitter l’isolement et la honte qui est source de détresse psychologique et de malaise social. L’AFCRCC est disponible pour vous accompagner. N’hésitez pas nous contacter. Pour plus d’information vous pouvez visitez notre site web : www.afcrcc.com
Propos recueillis par Rafiatou B. SANNI (Stag)



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