Célébration du 10 janvier dans les Collines : Rites et louanges pour la divinité Ogou à Lèma

La rédaction 14 janvier 2020

Les adeptes du culte Vodoun du département des Collines ne sont pas restés en marge de la célébration de la fête des religions endogènes. Descente ce 10 janvier à Lèma, dans la commune de Dassa au cœur des manifestations en l’honneur à Ogou, le dieu du fer.

Lèma, une bourgade située à 8 km de la ville de Dassa-Zoumé. Après un bain de poussières d’Harmattan nous parvenons dans ce village où biodiversité et cultures cohabitent en permanence. Un après-midi de ce 10 Janvier, nous aurons la chance de vivre la célébration de la divinité Ogou par la famille Akpakpa. Disposés les uns derrière les autres selon leur âge, les pères de familles ont pris place sur des chaises. Les plus jeunes occupent les tabourets, les femmes se tiennent derrière. « Cette disposition montre que face au danger l’homme prend le devant », confie Fulgence Agon, un octogénaire. Les amis de la famille et les curieux ne sont pas non plus loin. Tous s’impatientent de vivre un spectacle inédit.

Silence, on prie
A côté, on aperçoit 5 coqs rouges bien attachés qui bougeaient dans tous les sens comme s’ils étaient en transe. Ce rythme est également exécuté en chœur par trois boucs attachés à un manguier. A même le sol, dans une bassine en aluminium contenant de la farine de maïs sont solidement enfoncées deux bouteilles à l’image de deux grosses cornes. D’autres symboles dont des casiers de boisson, des colas, de la boisson locale sont aussi perceptibles.
Le prêtre Awo sésé de son nom de fâ s’avance et s’accroupit près de la divinité. Un bol en main, il marmonnait des paroles alternées de pauses. Il asperge le vodoun Ogou de la potion contenue dans le bol. A peine, a-t-il pris un bol contenant de l’huile que l’assemblée s’est automatiquement agenouillée. Au cœur de l’écoute, le prêtre commença les prières. « Nous venons avec joie et reconnaissance te célébrer et t’adorer comme tu le mérites. Ogou, dieu de nos ancêtres, Tu as su veiller sur cette famille pendant une année entière sans qu’un membre ne se plaigne d’un quelconque mal. Aujourd’hui, c’est ton jour de fête, divinité Ogou, un jour où vous esprits protecteurs vous êtes à l’honneur et dignes d’être honorés. Vodoun du fer, tes enfants t’apportent ces offrandes pour cette occasion exceptionnelle. Reçois les à bras ouverts et continue d’étendre ton manteau sur tes enfants de jour comme de nuit dans toutes leurs entreprises », laisse-t-il entendre. A genou, l’assemblée quant à elle répondait « amen, qu’il en soit toujours ainsi ». Après les différentes prières, la divinité est aspergée du sang des animaux. Vint ensuite le repas fraternel fait de viande de volailles et de bouc, accompagnée de pate rouge préparée sur place. « Ce mets appelé ‘’amidé’’ est mangé avec de la purée de piment et de l’eau de viande », explique Jacques Lawin, un prêtre Ogou.

Ogou, un dieu protecteur et défenseur
En dehors du 10 janvier, Ogou est aussi honoré pour des requêtes personnelles. C’est en effet après consultation du fâ, qu’on découvre le sacrifice à faire à la divinité Ogou. « Quand il s’agit d’une promesse, le rituel consiste juste à assaisonner la farine de maïs et y ajouter soit de la viande de brousse fumée ou du poisson séché en poudre qu’on distribue à la foule. Ensuite, après les prières, on sert la bière rouge dans des calebasses que chacun déguste à sa guise », explique Ogoudou, un adepte. Le rituel du vodoun Ogou respecte des principes et règles qui ne sont pas à ignorer. Boko Vivian, un chef de famille renseigne plus sur des principes. « Le prêtre qui s’occupe de la cérémonie est désigné par la famille. Il faut une personne initiée, qui connaisse les différentes étapes de la célébration. Les feuilles d’hysope sont obligatoires pour la cérémonie de la divinité Ogou. Triturées avec de l’eau, les feuilles d’hysope réveillent l’esprit ou le dieu Ogou avant le démarrage du rituel. Un autre élément important c’est que le maître du fer proscrit le sang des femelles. C’est ce qui explique la récurrence des coqs, des boucs et des béliers sur les lieux de sacrifice ».
Ogou, dieu du fer est représenté par un amas de fer. On retrouve sa représentation dans les forges ou dans la maison des forgerons, des chasseurs. Maître des métaux, il est imploré par tous ceux qui travaillent le fer. « Les fers incarnent un esprit à qui on doit offrir des sacrifices. Ogou est un dieu transversal. Il reçoit toujours sa part de louanges au cours des cérémonies en l’honneur d’autres divinités car sans le couteau qu’il permet de former aucun sacrifice ne serait possible. C’est aussi pourquoi on dit qu’il est l’esprit protecteur des personnes nouvellement circoncises », déclare George Ogan, un prêtre vodoun. Ogou garde et assure la protection de la maison contre les malheurs. « La divinité Ogou défend le maître et sa maison contre des attaques de toutes sortes. Sa simple présence permet de dérouter un voleur qui pense entrer dans la maison », confie le chef de collectivité Akpakpa. Et pour les participants à cette cérémonie comme Pierre Fadégnon, Ogou procure beaucoup de bonheur. « Il suffit de tenir promesse en lui faisant des offrandes ou un sacrifice en signe de reconnaissance. C’est ainsi qu’Ogou te gratifiera davantage ». La divinité Ogou est d’une courte patience. Puisque sa colère provoque des accidents. « Vous voyez ces cicatrices, j’ai eu un grave accident de circulation. Après consultation de fà, on m’a dit que je devais dans l’immédiat honorer la promesse que j’avais faite à Ogou », affirme Agbohoun avant de préciser que Ogou ne plaisante pas.
Emma AWONON (Stag.)



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