Développement culturel : Un audit des milliards pour des réformes pertinentes

Arnaud DOUMANHOUN 23 septembre 2015

Paul Hounkpè, ministre de la culture

La politique gouvernementale a donné du souffle aux acteurs culturels ces dernières années avec une augmentation significative de l’enveloppe financière accordé au secteur. Le milliard culturel témoigne de la volonté du politique de booster le secteur culturel dont l’importance pour le développement d’un pays n’est plus à démontrer. La question est de savoir aujourd’hui si les fruits tiennent la promesse des fleurs. A ce sujet, le constat est ahurissant. Les acteurs ont tôt fait de penser à un partage du gâteau, plutôt que d’élaborer des réformes structurelles et une politique de développement à long terme. Ainsi, sont nés des conflits d’intérêts. Il faut faire partir des lobbys pour voir son projet sélectionné afin de bénéficier d’un financement. Dans cette bataille, les plus jeunes sont écrasés. La recherche d’un parrain ou d’un mentor devient nécessaire pour goûter au miel. Les contestations fusent de toutes parts et appellent des réformes pour taire les divergences et corriger les injustices. L’un dans l’autre, la Direction du fonds d’aide à la culture opte pour un élargissement du cercle des bénéficiaires de cette subvention de l’Etat. Plus de bouches sont contentées, moins de contestations il y aura. Conséquence, à tous les coins de rue sont organisés des festivals et autres ateliers de formations dont la pertinence laisse à désirer, mais qui bénéficient de la subvention de l’Etat. Les parents pauvres de cette approche de la prospérité partagée sont les littéraires, les artisans et les cinéastes. Au finish, le résultat au terme de plusieurs années de gestion du milliard culturel, quant à l’impact sur le développement du secteur laisse à désirer. Une vraie réforme s’impose.

Le milliard culturel à la croisée des chemins
Des réformes s’imposent pour donner un nouveau visage à la gestion des milliards culturels. Sauf que les acteurs sont allergiques à toutes propositions visant à mettre de l’ordre dans ce secteur. Le présidentiable Daniel Edah en a d’ailleurs eu pour son compte quand il a formulé le vœu de voir instaurer un nouveau mode de gouvernance à la direction du Fonds d’aide à la culture. Il sait à quoi s’en tenir pour ce qui concerne les suffrages des acteurs culturels. Le ministre Paul Hounkpè pourra-t-il réussir sur ce chantier ? En tout cas, s’il y parvenait, c’est tout le Bénin qui gagnerait. Une réorganisation du secteur apporterait une plus-value, car le Bénin est un pays d’histoire et de culture. Injecter des milliards est une bonne chose, mais bien gérer ces fonds est mieux. Le 1er octobre 2015, date butoir pour le dépôt des dossiers dans le cadre de l’appel à candidatures pour le financement des gros projets culturels par le Fonds d’aide à la culture pour le compte de la saison artistique 2016, s’approche. Une nouvelle occasion de partage de ces ressources. Espérons tout de même que la sélection se fera dans la transparence, en attendant l’heure des réformes courageuses.



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