Entretien avec l’artiste Ezéchiel Akomowo « Le slam guérit, le slam panse, le slam corrige. »

La rédaction 1er juin 2017

Ezéchiel Akomowo alias Satyre la rime plate, est un artiste slameur écrivain poète. Il est le président du projet « slam chez vous ». Un projet qui va connaitre son épilogue à travers la finale d’un concours de Slam prévu pour le samedi 03 juin 2017 à la grande salle de Blue-zone de Zongo à partir de 16h. Dans un entretien qu’il nous accordé, Akomowo fait le bilan de ce projet et annonce les perspectives.

Vous organisez un concours de slam à l’intention des jeunes collégiens le 03 juin prochain. Quelles en sont les motivations ?
Il faut dire que ce n’est pas directement un concours que nous organisons, le concours fait partie intégrante d’un projet dénommé : « Slam chez vous » que je préside. Ce projet a été lancé depuis octobre 2016 et est conçu dans l’intention d’accompagner nos jeunes élèves des collèges à améliorer leur niveau en français. Notons que les résultats aux examens de 2016 ont été vraiment catastrophiques. Aujourd’hui, on parle de Nouveau programme d’étude ou l’approche par compétence. Mais notre pays n’est pas encore structuré à mettre en application cette approche comme cela se passe dans les autres pays. Alors, nous en tant qu’artistes, nous nous sommes posé la question de savoir ce qu’il y a lieu de faire pour pallier cette mauvaise prestation de nos élèves afin que notre art que nous qualifions d’instrument de développement puisse participer à l’éducation de cette jeune génération. Le slam est un art nouveau qui intéresse beaucoup de jeunes, car il conscientise et parle beaucoup des problèmes sociaux et de la vie courante. Voilà à quoi se résument nos motivations.

En combien de phases votre projet est-il libellé ?
Le projet « Slam chez vous est libellé en trois phases : la première phase consiste à inciter nos jeunes élèves à renouer avec la lecture, car la plus belle manière de comprendre le français, c’est de faire la lecture. À chaque fois qu’on lit, on découvre forcément de nouveaux mots. La deuxième phase consiste à écrire. Quand l’enfant lit et découvre ces nouveaux mots dont on parle il doit en faire un jeu d’écriture afin que l’orthographe de ces mots ne lui échappe. C’est en effet une manière d’initier l’enfant à l’art d’écriture. Enfin, la troisième phase consiste à organiser le concours qui nous permet de mesurer l’impact que le projet a eu sur les enfants au niveau des deux premières phases c’est-à-dire la lecture et l’écriture.

Quelles sont les conditions de participation à ce projet ?
La participation des collèges est gratuite. La seule chose qu’il faut est juste un document que nous avions mis à la disposition des enfants intitulé « Mon guide de lecture ». Les collèges se sont juste inscrits, et nous y sommes passés pour travailler avec les enfants sur la phase 1 et 2 afin de les préparer pour le concours de la phase 3.

Expliquez-nous alors comment se passera le concours
Le concours se fait entre les collèges participants au projet. Les élèves desdits collèges vont produire des textes sur une thématique donnée, qu’ils exposeront ce jour-là devant un jury compétent en la matière qui va juger, apprécier et sortir du lot le meilleur collège parce que l’enfant vient d’un collège.

Quels sont les critères pour participer au concours ?
Dès que ton collège est inscrit au projet, que tu achètes ton guide, et que tu participes à l’atelier au niveau de la phase 2, tu as la possibilité de t’inscrire au concours. Ceci dit, même si mille élèves participent aux deux premières phases du projet, ces élèves ont la possibilité de participer au concours en nous envoyant leur texte. Quand nous recevons leur texte, ceux-ci sont transmis à un comité de lecture qui procède à une présélection. Ce comité est constitué de slameurs, de poètes et de professeurs de français. Les textes sont envoyés sous des codes pour éviter la faveur faite aux connaissances. Après l’appréciation de ce comité on sélectionne les meilleurs textes, et ce sont les auteurs de ces textes qui vont participer au concours.

Combien de collèges ont participés au projet ?
À ce jour, nous avons 55 collèges qui ont adhéré au projet sur 105 écoles que nous avions visités. On peut comprendre qu’il y a eu de la réticence, la peur de bouleverser le programme, et vu que nous ne sommes qu’à la première édition, ces collèges ne nous ont pas beaucoup accompagnés. On espère une meilleure participation pour les éditions à venir.

Avez-vous reçu un appui des autorités ?
Nous sommes dans un pays où les promesses se font mais ne sont pas tenues. Les gens parlent mais ne sont pas pragmatiques. Sur ce, nous avions décidé à notre niveau de sacrifier nos propres sous, d’investir nous-mêmes dans cette première édition qui nous servira de témoin, puisque nous voudrions faire de notre association, la première académie de slam au Bénin. Nous voulons enseigner le slam dans nos collèges et universités, pour ça, il faut bien partir de quelque chose pour que ces autorités se rendent compte de l’impact que le slam peut avoir sur l’éducation nationale. Cependant nous avions été accompagnés par des amis qui nous ont fait de petits dons

Présentez-nous un peu les différents prix en jeu
Il y aura des trophées pour le premier et le deuxième à l’effigie du logo du concours, il y aura des lots en nature entre autres : des romans de grands écrivains Béninois, des recueils de poèmes qui leur seront donnés ce jour-là à travers quelques partenaires qui pensent nous rejoindre, mais pour le moment nous n’avons que des promesses. Ils auront des portables et certains gadgets. Il faut notifier que le premier, le deuxième et le troisième seront nominés, la surprise est que des vedettes du monde du slam seront aussi nominés.

Rappelez-nous le lieu, la date et l’heure du déroulement du concours ?
L’évènement aura lieu le 03 juin prochain à 16h à la Blue-zone de Zongo. C’est le lieu de remercier les responsables de cet espace qui ont accepté mettre la salle et tous ses équipements à notre disposition.

Un appel à lancer en guise de mot de fin ?
J’invite toute la population du Bénin, surtout les autorités à divers niveaux à se joindre à nous le samedi 03 juin à partir de 16h à la Blue-zone pour pouvoir participer à cet évènement qui prône l’éducation à la base, facteur de développement de toute Nation. Le slam guérit, le slam panse, le slam corrige. C’est d’ailleurs cette réalité qui sous-entend le thème de la première édition à savoir : « Le rôle du slam dans l’éducation nationale ».
Propos recueillis par : Prudence Kpodekon (Stag)



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