Interview avec Serge Dèfodji, Président de l’Ong Jcrd : « …Il va falloir éduquer autrement les apprenants… »

La rédaction 17 novembre 2017

Serge Dèfodji est web activiste, faiseur d’opinion, Président l’Association ‘’Jeunesse consciente pour la relève de demain’’ et spécialiste des questions de jeunesse. Dans cette interview, il décline les objectifs et les grands axes du projet sur la Restauration des mœurs en milieu éducatif dont il est aussi le coordonnateur.

Parlez-nous de l’Association ‘’Jeunesse consciente pour la relève de demain’’
Notre organisation est une association scolaire et estudiantine. Nous intervenons dans l’éducation à travers les séances de sensibilisation que nous organisons sur les maux qui minent l’école béninoise.

Quels sont les objectifs à court à moyen et à long terme de votre organisation ?
L’objectif fondamental de notre association est la réussite de la couche juvénile, et comme notre nom l’indique, nous sommes en train de préparer une jeunesse capable de prendre la relève car, nous constatons un désert de conscience chez certains jeunes. Si nous comprenons que demain appartient à la jeunesse alors il urge qu’elle se fasse former. C’est en substance ce qui a motivé la création de cette organisation pour aller au secours du développement du Bénin de demain.

Que pensez-vous de l’utilisation des réseaux sociaux qui induit une autre forme de dépravation au sein de la couche juvénile ?
L’utilisation des réseaux sociaux entre en droite ligne de notre programme intitulé, « la restauration des bonnes mœurs ». Dans ce projet, la sensibilisation sur l’utilisation des réseaux sociaux tient une place de choix. Nous allons sensibiliser les jeunes sur l’utilisation abusive des tics, notamment les réseaux sociaux. Pour le second point, nous allons sensibiliser sur la sexualité réfléchie. Le troisième point fera allusion aux tenues vestimentaires, car nos habitudes vestimentaires et notre culture sont en train de disparaitre et les jeunes s’habillent très mal aujourd’hui. En quatrième point, nous allons sensibiliser sur l’éducation politique car les jeunes sont en perte de repère. Lorsqu’ils sont invités à une réunion politique, ils s’attendent à être payés ou à une collation. Il va falloir les éduquer autrement. Revenant à la question de l’utilisation du téléphone portable, on constate que quand bien même leur utilisation est proscrite dans les écoles, les élèves n’hésitent pas à braver cette interdiction dans la cour des écoles. Même sur le Zem, ils sont plongés dans le téléphone portable. D’où l’expression ‘’Génération tête baissée’’. Ces réseaux nous prennent plus de temps au détriment de nos cahiers et on en devient esclave parfois. C’est aussi un facteur de l’augmentation des grossesses en milieu scolaire.

Les réseaux sociaux n’ont pas que des inconvénients, ils constituent aussi des opportunités. Avez-vous déjà pensé à sensibiliser les jeunes sur cet aspect ?
On ne leur dit pas que les réseaux sociaux ou l’utilisation des portables sont de mauvaises choses, mais ce que nous dénonçons, c’est l’utilisation abusive. Une fois sur le terrain, nous leur disons que les réseaux sociaux sont des moyens d’information, de communication et de formation. S’ils peuvent l’utiliser à bon escient, cela contribuera à leur réussite. Pour un élève qui veut réussir, il doit se mettre la pression et venir au cours sans son portable. Ainsi il se concentre et suit le cours. Le portable est un moyen de distraction.
C’est vrai que, même les adultes sont souvent connectés.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés dans vos activités ?
Les difficultés sont vraiment énormes. Nous essayons de gérer les choses à notre manière. La principale difficulté à laquelle nous faisons face est le manque d’accompagnement. C’est une organisation scolaire et estudiantine. Donc, il est difficile pour nous d’avoir des fonds pour nos activités. Quand nous demandons des cotisations, ne serait-ce que 100Fcfa au sein de l’organisation, c’est à peine qu’on a vingt personnes. Ainsi, a n’a été obligé depuis quelques temps de solliciter l’appui des personnes de bonnes volontés, quelques organisations internationales et même des politiques qui acceptent de nous accompagner. On a fait des demandes qu’on est allé déposer au niveau des mairies et des arrondissements et on attend qu’ils nous appellent.

Un mot à l’endroit des autorités ?
Je leur dirai que chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne, car si nous arrivons à impacter positivement l’éducation d’un enfant, nous allons le gagner plus tard. Celui qui investit dans l’éducation n’a rien perdu mais au contraire, il a tout à y gagner. Les autres doivent savoir que ce que nous disons relève d’une grande importance. Depuis quelques temps, vous allez constater que les organisations internationales ne se consacrent qu’aux questions de sexualité. Mais, ils oublient que les réseaux sociaux facilitent la sexualité. Aujourd’hui, nos enfants sont traumatisés à longueur de journée par les photos de parties intimes qui circulent via les réseaux sociaux. Malgré la dépravation qu’il y a Cotonou lors des examens il vient toujours en tête, c’est à cause des sensibilisations qui sont concentrées à Cotonou, et je suis sûr qu’avec leur appui cela portera des fruits. Que ces maires et députés qui nous lisent nous fasse appel car nous n’avons pas d’exigence on veut juste qu’ils nous aident avec le déplacement sur le terrain et qu’ils assurent notre sécurité. Nous sommes en train de faire du bénévolat.
Propos recueillis par Patrice SOKEGBE



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