L’heure du débat poétique : Un combat de mots pour peindre la femme à l’ère du numérique

Arnaud DOUMANHOUN 20 mars 2018

Un flot de vers à vous emporter dans l’univers des sémantiques relatives aux thématiques les plus actuelles d’une jeunesse en panne de culture. Elle a sonné, ‘’l’heure du débat poétique’’, pour nous faire envoler, sur une planète où les mots font et défont la conscience des hommes, nourrissent les âmes et éveillent les esprits. Ce 14 mars 2018, la maison de la francophonie à Cotonou, fut l’arène qui a abrité ce duel entre les vers, pour donner un feu vert à cette aventure qui place le slam au cœur des préoccupations sociales. Harmonie Byll Catarya a tenu le pari de cette édition zéro dont le thème est : « La gent féminine à l’ère du numérique ». Un combat de verbes entre deux équipes de slameurs, ‘’Djogbé’’ et ‘’Adjinakou’’, opposées par les impacts de l’usage des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic) dans les habitudes.
Adjinakou, défenseur de l’outil informatique, de sa révolution et surtout de sa contribution à l’émancipation de la gent féminine a eu en face, la rage de Djogbé, qui dénonce l’acculturation de cette couche de la société du fait de ce virus. « Ce gars-là nous arrache nos femmes et nos petites amies. Ce show lapin nous fait ‘’cocus’’. J’en ai marre de ces manies. Imaginez-vous que ma go me plante pour répondre à ses textos, c’est l’horreur du siècle. Tous les jours, je subis le fléau. Je dénonce le harcèlement de monsieur le numérique. Depuis la nuit des temps, nous vivions de dictons, mais à présent, nos femmes, nos mères préfèrent le numérique. Je nous ai vu par le numérique, perdre notre sagesse, ne sachant plus à quoi nous en tenir… », déclare Djogbé.
Une senteur de mots qui accusent et récusent. Mais, à laquelle répond Adjinakou avec vigueur, en chantant Gloire à internet : « Vous avez dit la femme est une pierre angulaire. Et moi je vous dis, ne l’éloignez pas des cellulaires. J’en ai même oublié comment nous étions avant l’arrivée des portables. Le téléphone m’a permis d’être plus présent dans la vie de mes proches, de pouvoir leur parler à tout instant sans vraiment que je ne m’en rapproche. Le numérique est un atout. La femme ! Comme elle a changé avec le temps. Je parle de la femme du 21e siècle, de l’ère du numérique… Grande voyageuse universelle ». Un tas de vers qui, sans en avoir l’air, brise la terreur que diffuse Djogbé sur les Tic. Pourtant, il en faut bien plus pour éteindre son ardeur. Djogbé tient mordicus. L’équipe détient le secret de ses mots, qui vous emballent, vous plongent dans les méandres du langage, pour en sortir les subtilités et révéler cette conception erronée, commerciale, de l’internet.
Djogbé, une voix qui crie dans le désert : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, disait Descartes. De nos jours, la stupidité est celle qui est la mieux partagée. J’accuserais bien internet, je pense que ses méthodes ne sont pas nettes. Ordinateur ! Un tas de ferrailles au cerveau artificiel. Cette machine nous rend malade, elle nous affaiblit les yeux, l’ouïe et parfois même le bon sens. Cette machine est diabolisée… ! »
C’est dire que cette confrontation entre slameurs avait de quoi émouvoir. Et l’heure du débat poétique, cette initiative de la slameuse Harmonie Byll Catarya va sans doute booster la promotion de l’art oratoire et du slam au Bénin. Aucun doute, quand avec elle, l’on retrouve une autre femme battante, engagée aux côtés de la jeunesse et de la gent féminine en particulier, la ministre Réckya Madougou.



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