Ministère de la culture : Urgence des réformes à l’Ensemble artistique nationale

Arnaud DOUMANHOUN 24 mars 2017

Guerre des clans, conflits d’attributions, népotisme, manque de visibilité... La liste n’est pas exhaustive. Très sombre est le tableau que présente l’Ensemble artistique national (Ean). La présence relative de la section ballet national sur la scène internationale n’est que la partie visible de l’iceberg. Car, le ballet a connu des jours meilleurs. L’espoir suscité, d’une part, par la prise du décret portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Ean, et d’autre part, par l’augmentation de la dotation financière de 72 millions en 6 ans, pourrait vite s’éteindre, si rien n’est fait pour remédier à l’imbroglio qui y règne. Y a-t-il que du vent derrière cette volonté de doter l’institution d’un arsenal juridique, ou était-il question de légitimer la dilapidation des ressources publiques ? A l’allure où vont les choses, le flambeau de la valorisation de la richesse culturelle immatérielle du Bénin pourrait être d’ici peu, mis sous boisseau.
En effet, avant cette restructuration sur la base du décret N°2012-112 du 8 mai 2012, portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Ean, l’investissement public, du moins le budget alloué par l’Etat à cette entité, n’était que de l’ordre d’une dizaine de millions. Une enveloppe financière qui est passée, avec la prise du décret, à 50 millions de Francs Cfa en 2013, 60 millions en 2015, 70 millions en 2016 et 82 millions de Francs Cfa pour le compte du budget prévisionnel de 2017. Et c’est sans compter avec les dizaines de millions que coûtent les tournées à l’international. Des budgets sans doute microscopiques, au regard des charges et de l’immensité de la mission. Mais, qu’est-ce qui a véritablement changé avec cet appui budgétaire sans cesse croissant, jamais enregistré depuis la création de cet Ensemble en décembre 1992, par un arrêté du ministre Paulin Hountondji, sous le président Soglo ?
En vérité, s’il est à saluer la mise à disposition de l’Ean d’un cadre juridique, les faits prouvent aujourd’hui que ce n’est pas la panacée. Et en l’absence d’un Service de la qualité et du suivi-évaluation, à la Direction de l’Ensemble artistique, un organe prévu à l’article 18 du décret n°2012-112 du 8 mai 2012, dont la mission, entre autres, est de veiller à la qualité des œuvres artistiques produites, de suivre et d’évaluer les actions menées par l’Ensemble, on peut tout de même marquer un arrêt, apprécier les acquis, relever les insuffisances et élaborer de nouvelles perspectives, pour redorer le blason de l’institution et lui éviter un naufrage certain. La gestion d’un office d’Etat, donc des ressources du contribuable, appelle à plus de sérieux.

Un regard dans le rétroviseur
Avant l’ère des réformes, avec une dizaine de millions comme budget, sous la gestion de l’ancien Directeur de l’Ean, Florent Eustache Hessou, la section ballet national, a reçu le grand prix du festival de Lomé, le prix du meilleur danseur au festival international folklorique de Boshan en Chine, le prix de la meilleure danseuse, du meilleur groupe, du meilleur style et plusieurs autres distinctions honorifiques. A Aichi au Japon en 2005, le Bénin a reçu le prix du meilleur ballet devant l’Afrique du Sud et tous les ballets venus du monde. Meilleur ballet à Caracas au Venezuela avec les honneurs du président Hugo Chavez. Et au plan national, le statut de journaliste animateur télé que portait l’ex Directeur de l’Ean, lui a sans doute permis de faire la promotion du Ballet à travers la télévision nationale et quelques spectacles. Mais, les tournées nationales faisaient défaut, et l’Ean était aussi confronté à des querelles internes, ce qui est toujours le cas, et surtout en l’absence d’un cadre juridique formel, les problèmes d’ordre structurel s’amoncellent. Ceci a conduit à des revendications corporatistes et l’Etat a dû dédommager les 113 artistes recrutés par Hessou, à raison de 2 millions par artiste. D’où, la nécessité de doter cet Ensemble artistique d’un cadre juridique formel sur lequel l’Etat pouvait s’appesantir pour appuyer les créations artistiques dans le domaine des arts de scène, tels que le ballet, le théâtre et le cœur polyphonique. Une réforme qui verra le jour avec le décret n°2012-112 du 8 mai 2012, après la nomination de l’actuel Directeur, Marcel Zounon en 2011, et sonnera l’heure d’une nouvelle ère à l’Ean, avec une dotation financière beaucoup plus consistante (70 millions en 2016), mais toujours insuffisante. Selon l’article 50 de loi portant charte culturelle en République du Bénin : « la promotion artistique et culturelle contribue, au même titre que les autres secteurs du développement, à la création de la richesse nationale et requiert, à cet égard, une attention particulière ainsi que des investissements significatifs de la part des pouvoirs publics et des opérateurs économique ».
Hélas ! « Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’argent, mais le ballet est dans des promenades du Conseil international des organisations de festivals de folklores et d’arts traditionnels (Ciof). Dans ces festivals, vous achetez des billets d’avion dans le cadre des tournées à l’international, et à l’arrivée, l’impact recherché n’est pas perceptible », a déclaré une source proche de la Direction de l’Ean. C’est bien d’intégrer un grand groupe, mais encore qu’il faille que cela rapporte des devises à l’Etat.

Des réformes, mais pas d’avancée significative !
Malgré tout l’investissement au cours de ces dernières années, il n’y a eu que deux créations et quatre spectacles au plan national. Pourtant, une part du budget a toujours été réservée à la tournée nationale. A contrario, la section Ballet de l’Ean était en août 2016 au Mexique dans le cadre d’une tournée internationale organisée par le Conseil international des organisations de festivals de folklores et d’arts traditionnels (Ciof), et en septembre 2015 à la 56e édition du festival international de folklore « Celestino Graça » au Portugal. Les danses traditionnelles du Bénin ont été également valorisées en Hollande et en Espagne, en juin 2014, et une série de spectacles diffusés en 2013 en Pologne, en Hongrie et en Russie. Rien d’extraordinaire, au point de faire regretter les exploits dans un passé récent, et surtout le ballet national du Dahomey en 1962, grâce auquel le Bénin fut le 1er pays non-européen sacré Champion du monde, au théâtre des nations organisé à Paris.
Le quinquagénaire Abel Houansi, ancien danseur au ballet national, médaillé d’or avec la compagnie Ori dance, officiant à ce jour à la compagnie Towara de Marcel Zounon, est nostalgique de certaines prouesses du ballet et déclare que : « les prestations d’hier sont meilleures à celles d’aujourd’hui… Et si ça ne marche pas, c’est parce que les dirigeants actuels ont leur propre troupe… ». Un avis que partagent la plupart des spécialistes rencontrés dans le cadre de cette enquête. Nonobstant le talent des danseurs, les créations au niveau de la section ballet ne reflètent plus vraiment la qualité que l’on peut attendre d’un Ensemble artistique national, surtout dans un pays comme le Bénin où chaque ethnie a une légende, une tradition en matière de rythmes et de danses. Le tout ne suffit pas de recruter, mais il faut en dehors des répétitions, des sessions de renforcement de capacité. « Il faut revoir les choses. Le ballet national fait maintenant du surplace, de la routine. Et la routine tue… », a déclaré Alougbine Dine, metteur en scène, Directeur de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb).
Pour Richard Adosso, Assistant chorégraphe au ballet national et danseur professionnel, ce qui amène quelqu’un à dire qu’une chose est monotone, c’est que la chose dure longtemps dans ses oreilles ou cela passe plusieurs fois sous ses yeux, sans variation, sans harmonie : ‘’Du coup, les gens pensent que c’est monotone et ils ont raison parce que c’est la conception qu’ils ont de la chose. Mais, les prestations du ballet ne sont pas aussi moches. Surtout, ces trois dernières années, il y a eu d’amélioration…’’. Il explique aussi que le pratiquant d’aujourd’hui n’a plus la patience d’apprendre et de maîtriser ce qui existe, ce que les ancêtres ont légué. ‘’Le gros problème vient également du temps au ballet (parlant des contrats). On prend un danseur pour une année. Et on a au moins 20 rythmes à retravailler. Ainsi, le ‘’seul’’ Bariba parmi les danseurs n’a pas le temps pour bien faire ce pourquoi il a été engagé. Donc, la formation n’est pas équilibrée. Or, la formation nécessite du temps et de la patience’’, a laissé entendre Richard Adosso. Une chose est sûre, il reste beaucoup à faire pour améliorer les prestations des danseurs de l’Ean. Car, danser, ce n’est pas bouger, chanter, ce n’est pas crier et jouer, ce n’est pas taper.

Une course démesurée pour l’international

« Si l’on ne balaie pas l’intérieur de sa case et qu’on se glorifie de voyager loin, très loin… pour montrer à l’autre, confortablement installé dans sa demeure, combien l’intérieur de notre case est joli, nous enrichissons d’abord les demeures de ces hôtes. Pendant ce temps, notre case n’est toujours pas balayée… », a déclaré le professeur Bienvenu Akoha, Directeur du Conservatoire des danses cérémonielles et royales d’Abomey (Cdcra). Pourquoi donc cette course effrénée pour l’international, alors même que l’Ean est très peu connu des Béninois ? A en croire le professeur Akoha, l’Ensemble artistique national doit se préoccuper d’abord de son rôle primordial à savoir, éduquer la jeunesse à la connaissance et à l’amour de toutes les expressions culturelles du Bénin : « Il doit, pour cela, effectuer chaque année des tournées obligatoires dans tous les départements de notre pays, en collaboration étroite avec les ministères en charge de l’éducation. Honorer les invitations internationales serait la seconde et non la première (voire l’unique) préoccupation ».

Quand les compagnies privées réussissent là où l’Ean échoue
Le paradoxe, les groupes de danses privés, tels que les Super anges du chorégraphe Alladé Coffi Adolphe, Ori danse de l’ex directeur de l’Ean, Florent Eustache Hessou, les As du Bénin du chorégraphe Stanislas Degbo, la compagnie Towara de Marcel Zounon, connaissent un rayonnement tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, alors qu’ils ne disposent pas des mêmes moyens que ceux mis à la disposition de l’Ensemble artistique par l’Etat. « Nous ne sommes pas parvenus à faire des tournées et à faire connaitre le travail que nous faisons, faute de moyens. De quelles ressources disposons-nous pour une tournée nationale ? Si nous devons faire une tournée nationale digne de ce nom, il faut gérer les salles, le transport alors qu’on n’a même pas de véhicules. Il faut faire de la communication... », explique Marcel Zounon, Directeur de l’Ean. A quoi servent les 5 millions affectés chaque année à la carburation ? Heureusement que ce montant a été légèrement retouché pour le compte du budget 2017.
Il faut noter que la contribution de l’Etat pour l’achat des billets d’avion était de 15.000.000F en 2014 et 25.000.000F en 2015. En 2016, le ballet national était au Mexique, et le Fonds des arts et de la culture (Fac) a déboursé 25.000.000F, le Fonds national pour le développement du tourisme a donné 6 billets d’avion, le Fonds de l’artisanat 1 billet d’avion. A ce niveau également, il faut observer que l’Etat, par le biais du Fac accompagne aussi les troupes de danses privées, avec une subvention bien loin de ce que coûtent les tournées à l’international pour le ballet national. Curieusement, ces troupes arrivent à rentabiliser leurs sorties, alors que du côté de l’Ean, le Trésor public saigne, sans aucun retour sur investissement. A en croire, Abel Houansi, ancien danseur au ballet national, c’est une pure supercherie. « Le produit artistique aujourd’hui, pour qu’il puisse permettre d’assurer le retour sur investissement, il faut forcément y mettre des moyens. C’est vrai que lorsqu’on forme des gens pour donner de spectacles rien qu’à Cotonou, cela n’a plus de sens. De même, lorsqu’ils sont formés rien que pour l’international, cela ne rime à rien. Mais, il faut former, vulgariser et vendre le produit disponible », a expliqué Marcel Zounon qui réclame un minimum de 500.000.000F pour l’atteinte des objectifs assignés à l’Ensemble artistique national. A en croire le Directeur de l’Ean, la soixantaine de millions est juste destinée à la création et non à la promotion. « … la subvention est donnée pour la création et il faut avoir maintenant une subvention pour la promotion.. », a-t-il déclaré. Quel est alors l’intèrêt de la création ? Et, comment l’Etat peut-il continuer à jeter de l’argent dans cet embrouillamini, sans un minimum de garde-fous. Au dire du professeur Bienvenu Akoha : « Les besoins d’argent doivent passer au second plan par rapport aux exigences de la production artistique… il faut organiser une journée de réflexion sinon, un séminaire ou un atelier et que les personnes ressources qui connaissent certaines choses soient mises ensemble pour produire une réflexion pour l’Exécutif. Ça va dans tous les sens, et ce n’est pas bon ».

Le réquisitoire du ‘‘Conseil d’administration’’ (Ca)
D’ailleurs, les membres du Conseil d’administration de l’Ean, organe de décision de l’institution, qualifié pour apprécier ses performances, ne partagent pas l’avis de Marcel Zounon. Dans un courrier adressé à l’autorité de tutelle, le ministre Ange N’Koué, ils font un état des lieux désastreux et constatent, un Ensemble artistique très peu valorisé au plan national, régional et international, l’inexistence d’un calendrier artistique national et international, tel que recommandé par les administrateurs, une mauvaise négociation des tournées internationales et une mauvaise gestion des ressources financières allouées au Fonds. Au sujet des griefs portés contre sa gestion, Marcel Zounon déclare avoir déjà reçu carte blanche de l’Inspection générale du ministère de tutelle (Igm). Toutefois, son rapport d’exécution du budget exercice 2016, au 30 septembre 2016, a été rejeté par le Ca, au motif : ‘’que les administrateurs ont constaté que ce rapport n’est pas celui du budget, ni du Pta qu’ils ont adopté’’. A ce titre, ils estiment qu’ils ne sont pas qualifiés pour se prononcer sur un budget et un Pta (Plan de travail annuel) qui ne sont pas les leurs. Une situation assez confuse que devra gérer l’autorité, le ministre Ange N’Koué. En tout cas, de source bien informée, un document de validation de ce rapport, ne portant pas la signature du Président du Ca, circule dans les couloirs du ministère de la culture. Au dire de Marcel Zounon, le collectif budgétaire introduit par le gouvernement Talon en 2016 a induit à juste titre, une modification du Pta. « C’est extrêmement grave qu’un Directeur révise son propre Pta. Même s’il y a un collectif budgétaire, ce n’est pas à lui de valider. Il a été, à la fois, juge et partie. Au Fac, on a rappelé les administrateurs, bien qu’en fin de mandat, pour qu’ils puissent réétudier le dossier. Il gère mal l’Ean… », a déclaré sous anonymat, un membre du Conseil d’administration (Ca). C’est donc une évidence, qu’entre le Ca et l’actuel Directeur de l’Ean, c’est la lune de fiel, et les conséquences sur la gestion de la maison Ean peuvent être devinées, puisque selon le décret portant création de l’Ensemble artistique, le Ca est investi des pouvoirs les plus étendus pour délibérer sur toutes les questions relatives au fonctionnement de l’Ean et agir en son nom.

Le théâtre national, un bébé malade
Pour Léon Hounyè, danseur au ballet national, il faut dissoudre le Conseil d’administration. « Le problème n’est pas le fonctionnement de l’Ean, mais notre haine et la jalousie. Nous ne faisons qu’envier la place qu’occupe l’autre, alors qu’on sait pertinemment que l’on ne peut jamais l’égaler ». A chacun donc son camp. En 2014, l’Ean a ressuscité le théâtre national. Une seconde section qui vient en rajouter aux problèmes de la section ballet. Il faut noter que la dernière troupe nationale de théâtre remonte à 1993, sous le règne du premier directeur de l’Ensemble artistique, Tindjilé Daniel. Nicolas Houénou de Dravo, artiste comédien, metteur en scène se souvient : « Déjà en 1993, où ce théâtre national devrait voir le jour, avec feu Tindjilé Daniel, j’ai été recruté comme comédien et dans le temps nous avions monté la pièce ‘’Goli’’ de Camille Amouro. Vingt ans après, ce théâtre national a disparu… Je ne sais pas s’il est mort ou s’il est caché ». A priori donc, il faudrait saluer la renaissance de la section théâtre de l’Ensemble artistique national, même si le bébé est né avec des infections qu’il continue de trainer depuis deux ans. Ce fut d’abord la polémique autour du mode de sélection des comédiens sur la base d’un système de quota par département, ensuite la question des émoluments, avec la protestation en plein spectacle des acteurs devant le ministre Jean Michel Abimbola, et enfin la question des contrats. « On fait des castings mais en réalité, il n’y a pas casting parce qu’on veut qu’il y ait des comédiens de tous les départements. Cotonou regorge de grands comédiens que le Zou et l’Atacora n’ont pas. Mais, on élimine les professionnels au profit de ceux-là, alors que nous venons tous de différents départements. Après deux ans de spectacle, le bilan est désastreux », a déclaré Nicolas Houénou de Dravo.

Des contrats mal ficelés… des résultats approximatifs

La question des contrats est l’une des préoccupations les plus essentielles à l’Ean et qui donne souvent lieu à des contentieux. Mais ce qui importe ici, c’est de relever l’impact de la durée de ces conventions sur les performances des sections ballet et théâtre. On recrute un danseur pour six mois, sur la base d’un forfait mensuel de 100.000F, et il sera renvoyé au bout d’un an dans la nature. Entre-temps, il a été formé, appris à mieux exécuter les pas sur plusieurs différents rythmes traditionnels. Ce processus de renouvellement continu fragilise l’Ean, porte un coup à la qualité des prestations artistiques. Peut-on au niveau de l’équipe nationale de football, détecter un talent juste pour six mois ? Il urge donc de régler cette question des contrats. « J’ai vu au centre culturel chinois, un monsieur qui a 30 ans de métier, mais que la Chine a envoyé ici pour amuser les enfants béninois avec son instrument. Je trouve cela formidable. Je pense que les artistes doivent rester le plus longtemps possible dans une troupe… », a déclaré le Prof. Bienvenu Akoha. Garder ces talents qui ont eu le temps de perfectionner leur art dans les troupes de l’Ean, et concilier avec une jeunesse créative et imaginative, serait tout à fait bénéfique pour l’Ensemble artistique national. Car, s’il n’y a que des ‘’anciens’’ à la tête des sections, cela pourrait au fil du temps donner lieu à une sorte de monotonie dans les prestations artistiques.

L’inévitable mise en place d’un cahier de charges
La gestion de l’Ensemble artistique national a du plomb dans aile. S’il est vrai que l’Etat doit continuer à assumer sa responsabilité, il est aussi temps de mettre un terme à la navigation à vue à la tête de cette Direction. Que le Plan de travail annuel se conforme désormais à un cahier de charges clairement défini, pour permettre au terme d’un mandat d’opérer une évaluation objective et constructive. Et cela est déjà une réalité au niveau de la Direction du Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb). Il faut mettre un terme au gâchis et à la dilapidation des ressources allouées à l’Ean. Selon le préambule de la loi n°91-006 du 25 février 1991 portant Charte culturelle en République du Bénin, le patrimoine culturel étant la mémoire du peuple, sa sauvegarde, sa conservation et sa promotion constituent le fondement de l’affirmation des identités culturelles qui conditionnent tout développement véritable. Mieux, selon la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée en 2003, le patrimoine culturel immatériel ou patrimoine vivant est la source principale de la diversité culturelle. C’est dire qu’il s’agit d’un secteur un peu trop sérieux, pour qu’on en dispose comme on l’entend. Et le décret N°2012-112 du 8 mai 2012, portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Ean ne définit que le cadre général. « …l’Ensemble artistique national devrait être un projet. Quelque chose à concurrence, c’est-à-dire que chacun propose et on choisit le meilleur comme c’est le cas au Fitheb. C’est un appel à propositions, à projets, et chacun dit sa vision de ce qu’il veut faire du Fitheb. L’Ean devrait être ça. Ça ne devrait pas être quelque chose qu’on confie à un copain… », soutient Alougbine Dine.



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