Obsèques de GG Vikey : Un dernier hommage rendu à l'illustre disparu

Dupont DANDJINOU 1er juillet 2013

Sous l’égide du gouvernement et sur initiative du ministère de la culture, le peuple béninois s’est rassemblé vendredi dernier à la salle rouge du palais des congrès de Cotonou pour rendre un dernier hommage à Gustave Vikey Gbénou alias GG Vikey qui a tiré sa révérence le 15 mai dernier.

G. G. Vickey a été conduit à sa dernière demeure à Abomey-Calavi...

’’La vie des morts est de survivre dans l’esprit des vivants’’, écrivait Cicéron. C’est ce qu’il convient désormais de souhaiter pour GG Vikey inhumé vendredi dernier en son domicile à Calavi. Il sonnait environ 11h sur l’esplanade du palais des congrès de Cotonou. Animations, chants et danses des troupes de ballet rappellent l’importance de l’artiste disparu. Quelques minutes après, le corbillard transportant le corps de GG Vikey se positionne sur l’esplanade, sous les regards des acteurs culturels et des autorités en charge de la culture. Après cet accueil, les différentes personnes présentes sont conviées dans la salle rouge du palais des congrès. Après l’hymne national exécuté par la fanfare de la gendarmerie nationale, place a été faite à la cérémonie d’hommages proprement dite. Dans une ambiance empreinte de solennité et marquée par des animations, plusieurs grands succès de GG Vikey ont été repris. Les morceaux "Toi qui viens de naître", "Sur le lac Ahémé", "La roue tournera" et "Je vous remercie" repris par son fils Georges Gbénou n’ont pas manqué de susciter l’émotion et de plonger la pléiade de personnes présentes dans la nostalgie. Pour la chanson reprise par le fils, le public a cru entendre le père. "Il a le même timbre vocal que son père", a laissé entendre Vivi l’Internationale. Partagés entre douleur et amertume, la famille, les amis et autres n’ont pas manqué de parler de l’illustre disparu. "Le malheur de l’avoir perdu ne doit pas nous faire oublier le bonheur de l’avoir connu", a fait remarquer Christiane Gbénou, la fille aînée du défunt.

GG Vikey, l’homme libre…

"Il était un homme libre qui défendait les valeurs africaines partout où il passait". C’est en ces termes que le représentant des artistes, Richmir Totah a parlé de l’homme. Pour Cyriaque Dossou-Yovo, un ami d’enfance de GG Vikey, c’est un géant incontournable de la musique que le Bénin vient de perdre. L’homme était à la fois un haut fonctionnaire et un grand musicien, a rappelé le ministre de la culture. Après cette cérémonie riche en émotions, cap a été mis sur le domicile du défunt. Il sonnait environ 14h 20mn quand, après un dernier recueillement, GG Vikey a été mis sous terre. "Vikey est mort, Vikey est au paradis", chantait l’homme de son vivant. La mort frappera autant qu’elle voudra, mais l’artiste ne meurt jamais. Vive l’artiste.

...après un homage de la nation au Palais des Congrès de Cotonou

G.G. Vickey s’en est allé

Ce fils de Bopa né en 1944 au bord du lac Ahémé, auteur, compositeur et interprète, a été un monument de la musique béninoise. Ses morceaux pleins de leçons et de philosophies ont bercé plusieurs générations. Sa mort est considérée comme une bibliothèque qui s’est consumée.

Il s’est révélé au public béninois dans les années 1960 avec le morceau "Vive les mariés", sorti en 1969. Il obtient ainsi la consécration. Ce morceau a donc fait le tour du monde et est joué à toutes les cérémonies de mariage. Avec ce titre, il reçoit en 2003 le prix du "Kunde d’or" des mains de Chantal Compaoré, première Dame du Burkina Faso. Ce précurseur de la musique africaine reste le seul et l’unique de sa génération avec des textes courts et facilement compréhensibles. Son talent incommensurable émerveille les mélomanes lorsqu’ils écoutent ses morceaux poétiques et romantiques.

Gustave Gbénou Vikey se fit connaître dès 1965 par son jeu de guitare, sa voix de crooner, ses textes et devint le chanteur préféré des dames. Panafricaniste convaincu, cet inspecteur des Impôts reconverti artiste, a chanté l’amour, l’amitié, la réconciliation… durant toute sa vie. Infatigable combattant, il revient au devant de la scène en 1999 avec la compilation "Bénin Passion" réalisée par Jean-Luc Aplogan et Oscar Kidjo, et qui réunit les gloires des années 1960. Suivra l’album G.G. Vikey, chantre de la négritude produit par Diapy Diawara de Bolibana, un hommage à sa remarquable technique de guitare.

"GG Vikey" ou le "Georges Brassens du Bénin" a été influencé dans sa carrière par le Nigérian Bobby Benson. "Gentleman Vikey", une reprise de "Gentleman Bobby" de son idole demeure son titre le plus populaire. "Le salop de Vickey est mort". Il est vraiment mort, mais loin d’être un salop, il reste et demeure une référence de la musique africaine.



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