Participation du Bénin au Fespaco 2015 : Les récriminations des acteurs du cinéma

Arnaud DOUMANHOUN 18 mars 2015

Jean-Michel Abimbola, ministre de la culture

L’actualité culturelle reste la participation du Bénin à la 24e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). La délégation béninoise qui y a pris part du 28 février au 7 mars dernier, ne s’est contentée que des échanges inhérents à ces genres de rencontres et espère gagner des contrats post Fespaco. A l’heure du bilan, aucun prix pour le Bénin. Les six films béninois nominés n’ont pu sortir du lot des 86 en compétition. En résumé, une participation infructueuse. Du côté des festivaliers qui étaient face aux hommes des médias le vendredi dernier à l’Isma pour un bilan, l’on ne saurait parler d’échec. Bien au contraire, la participation béninoise fut un succès. ‘’Certes, aucun film n’a été primé mais le Fespaco n’est pas seulement une question de trophées. Nous avons enregistré quelques succès importants’’, a déclaré Francis Zossou au nom du collectif. Ce collectif des festivaliers béninois au Fespaco 2015 entend entre autres par succès : « les promesses de coproduction entre réalisateurs, producteurs béninois et étrangers ; la contribution des professionnels béninois au colloque international organisé par le Fespaco ; la diffusion de la série ‘’Courses pour la vie’’ sur le bouquet ‘’See africa’’… ». Pour Dimitri Fadonougbo, Francis Zossou et les autres, les professionnels du cinéma auraient pu obtenir un meilleur résultat s’ils avaient eu un accompagnement conséquent de la part de leur autorité de tutelle, notamment le ministère en charge de la culture. ‘’C’est à crédit que les membres de la délégation béninoise ont effectué le déplacement de Ouagadougou. Dans les pays où les gens gagnent, c’est parce que le secteur est organisé. Je ne sais pas si nous avons un département qui s’appelle le ministère de la culture. Si nous étions une équipe de football, est-ce que le gouvernement nous traiterait avec autant d’indifférence ?’’, s’est interrogé le porte-parole du collectif, Francis Zossou qui est allé à ce festival avec la série : ‘’Courses pour la vie’’.

Légitime colère…
Le ministère de la culture vient encore d’essuyer un sévère réquisitoire de la part de ceux qui sont censés bénéficier de son accompagnement. Cette fois-ci, ce sont les professionnels du cinéma de retour du Fespaco qui sont désillusionnés. Ils ont pris part à cette biennale pour y défendre les couleurs nationales à leurs frais, du moins à crédit. Ici, au royaume de la culture, le prince n’a d’yeux que pour le secteur de la musique. Il a ses raisons que la raison ignore. Sinon, comment comprendre que pour une biennale, des dispositions ne soient pas prises pour garantir une meilleure participation aux professionnels du cinéma qui étaient sous le drapeau national. Et les cinéastes ne sont pas les plus lésés du royaume. Les artisans aussi n’ont cessé de crier au secours, parce que asphyxiés par une panoplie de difficultés, notamment celles liées à leur participation aux différents salons régionaux et internationaux pour vendre l’art béninois ; ainsi que celles inhérentes à l’approvisionnement en matières premières, au financement de leur projet par le Fonds d’aide à la culture, à la consommation de leurs produits par l’Etat béninois. Dans le rang des hommes de lettres, pour parler spécifiquement des acteurs de la chaîne du livre, des auteurs aux libraires en passant par les éditeurs, ce n’est pas la joie. La direction de la promotion du livre et de la lecture ainsi que celle du patrimoine culturel manquent de moyens pour assumer leur cahier de charges. Cette liste des marginalisés du royaume culturel béninois n’est pas exhaustive. Vivement que l’inégalité dénoncée par ces acteurs en ce qui concerne la gestion de la chose culturelle par le ministère de tutelle soit corrigée.



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