Candidature à la présidentielle de 2016 : Lionel Zinsou pose ses conditions

Sulpice Oscar GBAGUIDI 20 octobre 2015

Le premier ministre n’a pas enterré ses ambitions de briguer la présidence de la République. Mais, il n’est pas une victime expiatoire de la fascination aveugle pour le pouvoir. Propulsé au rang de numéro2 du gouvernement par Boni Yayi , cet ami de Laurent Fabius côtoie le pouvoir dans son pays natal depuis le 18 juin 2015. Et à mi-chemin de son bref mandat, le neveu de l’ancien Président tient le secret de son avenir politique.
Nous avons rencontré le successeur de Koupaki dans sa résidence, une villa non loin de l’Océan Atlantique, pour une discussion à bâtons rompus, hors micro et caméra, dans une ambiance détendue. Le premier ministre s’est révélé prolixe, sans langue de bois. Loin des exigences protocolaires, l’entretien est fécond. Zinsou a répété qu’il n’avait pas été demandeur du poste, mais qu’il ne regrette pas avoir accepté l’offre. Un premier ministre heureux ? Oui. Sans ambages, le locataire de la primature savoure cette promotion.
« Je n’ai pas d’amour-propre de candidat. Je n’ai pas d’ego de président », déclarait-il dans une interview au journal français le Monde, aux premières heures de sa vie de premier ministre. L’économiste et homme d’affaires franco-béninois a-t-il changé d’avis ? Entre la Primature et la Marina, Zinsou avance-t-il masqué ?
Quand nous lui avons demandé s’il sera candidat, la réponse a paru brusquement floue. Pressé d’apporter la clarté, le premier ministre réagit : « C’est tôt de savoir s’il faut faire ce job qui n’est pas mon métier ». A quatre mois de la clôture du dépôt de candidature, la formule relève plutôt de l’anecdote. Le banquier d’affaires semble se dérober à l’essentiel. Mais vite, les conditions de sa candidature tombent d’un argumentaire qui fait sa ligne d’action. « Je crois en la vertu du travail, je crois en la vertu des résultats. Je ne me vois pas être candidat si je ne suis pas sûr de faire bouger les lignes… »
Et Zinsou a lié sa candidature à l’accès à l’électricité, à l’eau, aux soins de santé, à l’éducation … des populations qui en sont privées. Si son passage se conclut par un flop, il ne briguera pas la magistrature suprême. « La première chose que nous devons réaliser, c’est d’apporter la preuve que c’est possible… », confiait-il déjà à la presse française, quelques mois plus tôt.
Zinsou finalement candidat ou pas ? Le premier ministre a l’art du suspense. Combinant vocation affichée, utopisme simulé, il greffe à volonté le temps sur son agenda, convaincu peut-être d’un choix déjà fait. Il reste moins de quatre mois à Zinsou pour jeter le masque.



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