Tissage au Bénin : Un noble métier en voie de disparition

La rédaction 1er septembre 2016

Le tissage est un métier jadis florissant. Aujourd’hui, malgré le désintéressement des Béninois, certaines personnes ne cessent d’œuvrer pour éviter sa disparition. Bertin Lodonou qui en tire profit depuis bien d’années, pense que c’est un héritage à préserver.

« Les pagnes tissés ne sont pas comme les autres pagnes », affirme fièrement Bertin Lodonou, un tisserand installé au Centre de Promotion de l’artisanat (Cpa). La trentaine environ, il prenait du plaisir ce mardi 23 août à filer du coton. La chaîne et la navette en mouvement, le peigne et les canettes en rotation, Bertin Lodonou met à contribution ses deux mains pour produire des pagnes de bonne qualité. En effet, le tissage est un métier artisanal dont les origines sont anciennes. A en croire Bertin Lodonou, ce métier a été importé à Abomey grâce au roi Agonglo. « Le roi Agonglo, lors de ses diverses conquêtes, a été sidéré par le travail d’un jeune tisserand à Kétou et lui a proposé de devenir son habilleur. Il l’a suivi à Abomey et c’est ainsi que le tissage a vu le jour dans cette cité », a-t-il dit. Héritier et conservateur de « la chose familiale », Bertin Lodonou affirme qu’il n’a jamais été dans un atelier de tissage. A ce propos, il déclare « le tissage se fait chez nous, à la maison. Nous sommes nés dedans et spontanément, si quelqu’un naît dans la famille, la personne est destinée à tisser le pagne ». Si le tissage est hérité des ancêtres, l’exercice du métier semble ne pas être confronté à des difficultés. Pour Bertin Lodonou, le tisserand ne rencontre presque aucun obstacle dans l’exercice de son métier. « Tous les outils nécessaires au tissage sont fabriqués par le tisserand lui-même, excepté les fils de coton et de laine achetés chez les revendeurs », confie-t-il.

Un métier qui nourrit son homme malgré tout…
Bien que le pagne tissé soit très prisé, peu de Béninois s’y intéressent. C’est un métier dont les jeunes, de nos jours, ne veulent plus entendre parler. A cet effet, Bertin Lodonou déclare : « les Béninois ne veulent plus apprendre un métier, ils préfèrent étudier pour se trouver une place dans les bureaux. Alors qu’en trois mois, un apprenti assidu et attentif pourrait maitriser le tissage ». Par ailleurs, la production des tisserands n’est pas consommée par les Béninois. C’est un comportement que déplore Bertin Lodonou quand il affirme : « peu de Béninois s’aventurent autour de nos étalages. La majeure partie de notre clientèle est constituée des étrangers ». Nonobstant cet état de choses, le tissage permet à celui qui l’exerce de satisfaire ses besoins les plus élémentaires. « Je m’en sors très bien, je reçois des commandes que j’exécute. Mon métier me permet de subvenir à mes besoins ». Pour la promotion du tissage, Bertin Lodonou propose l’organisation des ateliers de formation sur une courte durée afin de permettre aux jeunes d’avoir la motivation nécessaire pour aller vers ce métier.
Ulrich G. CATARIA (Stag.)



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