Du Sénégal à la politique malfamée du continent Noir.

Les lendemains de la victoire de Diomaye FAYE au Sénégal, ce dimanche 24 mars 2024, ont suscité et continuent de susciter des réactions dans l’opinion publique africaine et internationale.
Si certains y voient le signe d’une victoire de la jeunesse, d’autres y voient la victoire de la démocratie sur ce qui semblait être de la dictature. Beaucoup y voient un signe d’espoir. Certains y voient aussi, le début d’une nouvelle ère qui pourrait déboucher sur le "balancement" de l’ancienne capitale de l’AOF dans un camp anti Français sous fond de "la révolte des cheminots" de Sembène Ousmane. Ils espèrent que ceci entraîne, tout le reste de L’AOF dans un camp panafricaniste radical. Sauf bien entendu les États de l’AES, qui eux, debout au pieds des rôniers sauvages se pourlèchent les babines, espérant accueillir Diomaye FAYE.
Je ne dois pas passer sous silence ces africains qui souhaitent ardemment que cet ouragan qui a soufflé au pays de la Téranga aille impérativement souffler chez eux aussi. Vivement, ils le souhaitent. Qu’il y ait une histoire à la Sonko, qui fasse une passe à son coéquipier et que ce dernier marque l’ultime but de la victoire !
Sauf qu’ils oublient que les réalités ne sont pas les mêmes d’un pays à un autre. Par exemple le peuple Togolais actuellement, ne pouvait que suivre de loin le cas sénégalais avec des yeux torves et vitreux, incapable de rêver le scénario SONKO-FAYE.
Au Bénin, certains rêvent de cette League SONKO-FAYE, d’où ils publient à longueur de journées les informations sous divers angles de cet exploit sénégalais. Ils caressent le rêve d’un soulèvement populaire à la sénégalaise. Sauf que les réalités du Bénin sont loin d’être celles du Sénégal. Une transposition exacte n’est pas réaliste.

Voici enfin le bourbier qui accueille toutes nos bonnes intentions, les résultats de nos luttes pour le développement de l’Afrique, nos victoires, nos mouvements de libération et tout le reste. Une sorte de réceptacle finale au bas de l’échelle :

Il est à observer en fin de compte que les Chefs d’États au pouvoir en Afrique en s’acharnant sur des opposants et en arrondissant le dos pour la conservation du pouvoir, même au-delà de leur mandat constitutionnel, fabriquent des héros sans le savoir. Le peuple lui, voit en ces opposants des victimes innocentes qu’il faut soutenir et porter au pouvoir par vengeance. Cela se solde par des votes sanctions. Comme pour dire : << Tu as frappé le pauvre sans défense. Nous, par notre vote et notre souveraineté, nous te frappons aussi. Allez ! Ouste dégage ! Toi et ton minable de dauphin, allez paître !!.>>

Mais c’est là illusion et le piège aussi. Car le peuple plus tard, n’arrive plus à se reconnaître dans le "pauvre sans défense" qu’il a porté au pouvoir au péril de sa vie.
Tout ceci n’est que le résultat de nos émotions ! Oui l’Africain est très émotif et agit très souvent sur émotions lorsqu’il faut être lucide. Or l’émotion est un état de faiblesse passager. Pendant ce temps d’émotion, la population ne tient plus trop compte des programmes du candidat ni de sa capacité à impulser un dynamisme de développement au pays, ni de sa vision et des actions concrètes à poser. L’essentiel, c’est que l’autre dégage.
L’opposant lui aussi, surfe sur ces émotions populaires temporaires pour chanter alouette. Lorsqu’elle (la population) entend ces chants d’alouette, elle jubile, acclame, trouvant en cet opposant en verve le Messie et elle est prête à donner sa poitrine contre des balles !

Une fois, au pouvoir, l’opposant cherche ses marques. Au cours de son mandat, il devient pire ou presque comme le précédent qu’il a mis du temps à combattre et qui fut dégagé. On en a vu, au Burkina-Faso ( Qu’est devenu le balai citoyen), en Guinée, en Centrafrique, au Congo, en RDC, en Côte-d’ivoire, au Niger, au Mali, au Sénégal (Qu’est devenu Y’en a marre !) etc.
Les opposants les plus farouches, arrivés au pouvoir deviennent quasiment des monstres et ils suscitent d’autres montres en attente dans une autre opposition. Et la roue funeste tourne avec son grincement d’enfer !
Dans ce contexte, qui accuser ? Le peuple ou le Chef de l’État ? Notez que le Chef de l’État vient du peuple qui l’avait porté.

Diomaye FAYE vient d’être élu, et l’Afrique est dans "émotions" comme d’habitude. Attendons un peu pour voir. Macky Sall avait été pris en chasse par Wade, qui lui avait souffert sous Abdou Diouf. Et vous savez ce que les uns et les autres ont fait une fois au pouvoir.
Là-bas au sommet, il doit y avoir un bar spécial. Juste une lampée du nectar ambré et on verra si Diomaye FAYE ne sera pas grisé. Bien que je le félicite et lui souhaite beaucoup de courage. Sans oublier les lobbies qui l’attendent déjà les bras ouverts avec des rictus de carnassiers.
Au sommet, c’est une autre réalité. Elle n’est pas celle du bas peuple qui s’étonne du changement de leur ex champion.
Aujourd’hui, nous avons l’AES (Mali, Burkina Faso et Niger) et les autres. L’AES cherche client, avec derrière eux comme un Dobermann la Russie. Les "autres" sont surveillés par la France. Quel lapin va oser s’échapper encore ! Pauvre France qui perd des plumes. Et tous les jours, cette haine anti-Français est nourrie et entretenue. Les populations toujours dans l’émotion, gobent et avalent tout. Cessons d’accuser la France ! Et osons nous regarder dans la glace. Nous avons des maladies en dedans de nos têtes, pardi !

Et voilà, le peuple noir toujours dans l’émotion. Je reste au Sénégal pour citer l’un des pères fondateurs de la Négritude Léopold Sedar Senghor qui écrivait : <<... La raison est Hélène et l’émotion est Nègre >>
L’Afrique me paraît aujourd’hui comme un djellabah en lambeaux. Partagée entre puissances occidentales. Au lieu de consolider nos unions et nos ensembles. Au lieu de penser autrement...

Diomaye est élu au Sénégal et nous sommes encore dans "émotions" . Bientôt la réalité du pouvoir. De l’autre côté, au-delà des mers, ils doivent rire de nous sous cape : << Ces africains sont décidément des enfants gâtés et malades >>

Pour finir, pour que l’Afrique sorte du bourbier visqueux et gluant, il n’y a que deux SOLUTIONS. Deux solutions pour que l’Afrique, cinquante ans plus tard, retrouve la Chine, le Japon, la Corée et les autres Etats de l’Occident. Deux solutions ! Juste deux.

1- La première solution
Celle à laquelle j’ai toujours pensée et qui n’est que la vraie thérapie est presque irréalisable ! Oui oui, personne ne me croira. On me traitera de dingue et je serai ligoté puis jeté dans la mer rouge.

2- Deuxième solution
Que Dieu à l’aide d’un caterpillar ou je ne sais quoi, rase toute l’Afrique !(du moins, la partie noire). Et qu’on en finisse ! Bandécons ! Yallah !

En attendant, continuons notre danse noire autour du feu de bois. Dans Émotions.

Abalo Cocou MEDAGBÉ
journaliste Écrivain, Consultant.