Moudassirou Bachabi, secrétaire général de la CGTB après la marche du samedi 11 mai dernier : « C’était juste pour dire que nous voulons un dialogue qui va produire des effets »

13 mai 2024

La marche de protestation contre la vie chère a eu lieu le samedi 11 mai 2024. Presque toutes les organisations syndicales y ont participé. A la fin, Moudassirou Bachabi, secrétaire général de la CGTB a évoqué le bien-fondé de l’initiative.

Après cette marche, vous prévoyez descendre à l’Assemblée nationale. C’est pour quoi ?
Nous voulons discuter des lois qui nous fâchent avec les députés pour qu’on puisse voir avec eux l’agenda qui permettra de corriger les textes qui dérèglent aujourd’hui la République.

Et ce sera pour quand ?
Cela dépendra de l’agenda du président de l’Assemblée nationale. Mais il sera saisi dès lundi de notre volonté de le rencontrer. Nous allons également rendre visite au préfet Orounla pour échanger avec lui. Il semble qu’on ne s’est pas compris. On va faire en sorte que les prochaines fois, on n’ait plus ces genres de problèmes.

Il s’agit de quelles lois ?
Comme vous le savez, la loi sur l’embauche est déjà un problème pour nous tout comme la loi sur la grève. Et de plus en plus, la floraison d’agences qui veut que certains béninois ou expatriés soient payés alors que d’autres ne sont vraiment pas payés à juste prix. Nous devons voir avec eux la politique de la sécurité alimentaire que nous mettons en place au Bénin pour pouvoir contenir dans les normes les prix des produits que nous utilisons

Une autre marche sera-t-elle programmée ?
Certes la marche fait du bien à la santé, mais ce que nous avons fait, c’était juste pour dire que nous voulons un dialogue qui va produire des effets. La marche peut ne pas être nécessaire. Il y a une série d’actions syndicales qu’on peut mettre en œuvre pour obtenir d’autres résultats. Je crois que ce que nous avons fait aujourd’hui, si nous sommes obligés de rééditer, on va le faire. Mais désormais ce n’est pas prioritaire. Dès que les négociations vont commencer, au fur et à mesure qu’on va constater la bonne foi du gouvernement et qu’on va réaliser des progrès, si on a les sécurités, on trouvera les moyens par lesquels il faut rebondir.

A combien peut être évalué le nombre de manifestants ?
Je n’ai pas fait l’état exact mais nous on s’attendait à 5 mille participants. A chaque rendez-vous, le nombre des participants monte d’un cran et je crois que ce que nous voulons, c’est que les béninois sachent que cela ne va pas, que les gouvernants se rendent compte qu’il y a beaucoup de béninois qui pleurent et qu’il faut leur essuyer les larmes. Nous sommes d’accord qu’aujourd’hui, de toutes les façons, ce sont plusieurs milliers qui sont sortis. Avec le temps , l’observatoire mis en place va rendre compte de l’effectif ayant participé à la marche.

Pourquoi la CSTB n’a-t-elle pas été associée à la marche ?
Ce n’est pas une question d’association. Nous faisons véritablement l’effort de faire les choses ensemble à la Bourse de travail. Il faut aussi comprendre que chaque organisation a son agenda. Ce que nous déplorons aujourd’hui, c’est le fait que nos camarades ont été molestés le 1er mai dernier et d’autres sont encore en détention. Et là, nous sommes fermes et il n’y a pas de condition à remplir. Il faut qu’on les libère. Je crois que même si la CSTB n’est pas à la marche d’aujourd’hui, elle reste solidaire de la lutte que nous menons.

Quelles démarches menez-vous pour la libération de ceux qui sont en détention dans un délai prompt ?
La déclaration de la CSA Afrique a été lue tout à l’heure et c’est quand même 52 pays africains. La CSTB, n’appartient pas à cette organisation. Si cette organisation fustige ce qui s’est passé, cela veut dire que nous ne travaillons pas ici seul au Bénin, mais aussi à l’international pour permettre à ceux qui sont détenus d’être libérés. C’est déjà un pas franchi, la CSA-AFRIQUE engagée à nos côtés. Dans la déclaration du 11 mai, on est revenu trois fois dessus. Ce n’est pas négociable. Il faut que nos camarades soient libérés. Après, on pourra ajuster.

Que se passe-t-il si les attentes ne sont pas comblées ?
Je crois que le gouvernement ne va pas s’obstiner à ne pas combler les attentes. On a assisté aux tracasseries policières surtout en ce qui concerne le port du casque. Après l’amende est passé de 10.000 à 5.000 F CFA, la marche du 27 avril a été annoncée et pour aujourd’hui, le préfet a pris acte de notre volonté de marcher 72 heures avant le jour j. Le gouvernement lui-même qui, depuis 2023, a cessé de parler avec les organisations syndicales, a convoqué la prochaine rencontre pour le 23 mai. Et le premier point de ce jour sera échanges sur la vie chère au Bénin. Je crois que cela produit déjà des effets. Nous restons optimistes et on a le sentiment que le gouvernement a une oreille attentive pour que les attentes soient comblées. On sait que la situation est difficile dans le pays mais on n’a pas demandé au gouvernement de décrocher la lune. Nous avons dit qu’on est même prêts à voir avec ce gouvernement les solutions qui peuvent nous aider à progresser. S’il y a des sacrifices à consentir, on le fera, pourvu que l’effet que nous voulons se produire sur les citoyens. Je ne crois pas que le gouvernement va prendre le risque de ne pas donner une suite favorable à nos doléances.
Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN



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