Réunion des ministres en charge de l’emploi : Des décisions pour « passer à l’action contre le chômage »

La rédaction 22 juillet 2015

Réunis le 03 juillet dans le cadre de leur 6ème conférence à Abidjan, les ministres en charge de l’emploi et de la formation professionnelle de l’Uemoa, ont pris d’importantes décisions pour donner une réponse communautaire au chômage et au sous-emploi par la formation professionnelle. Ils décident ainsi de passer de la réflexion à l’action.

Cinq rendez-vous auront permis aux ministres en charge de l’emploi et de la formation professionnelle de l’Uemoa de baliser le terrain. La 6ème rencontre a accouché de mesures idoines et appropriées pour consolider la coopération entre les pays afin de faire de l’Uemoa un espace commun de formation et de certification favorisant la mobilité professionnelle des jeunes et leur insertion effective dans le monde du travail. Le but suprême étant de trouver des stratégies d’ensemble pour combattre le chômage et le sous-emploi qui constituent une menace, et par ricochet, réduire la pauvreté. Il ne peut en être autrement quand on sait que l’écrasante majorité des jeunes africains sont en marge du monde du travail décent, ce qui constitue un frein au développement économique et social des nations. Lors de son discours d’ouverture de cette réunion, le premier ministre de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, a d’ailleurs reconnu que la question de l’emploi des jeunes était devenue préoccupante dans l’espace communautaire. « Le chômage des jeunes constitue un danger pour nos sociétés », a dit d’emblée le chef du gouvernement ivoirien. Le thème des assises : « De la concertation à l’action : Faire de l’Emploi et de la Formation professionnelle une politique prioritaire de l’espace Uemoa » invite inexorablement les ministres à prendre des décisions.

Mettre en place un fonds Emploi jeunes
Les ministres ont décidé de favoriser la création d’un « Fonds Emploi Jeunes » au niveau régional alimenté par des financements communautaires et internationaux afin d’accélérer la création d’activités par les jeunes et faciliter leur insertion professionnelle. Ils se sont même réjouis de l’implication des Services publics d’emploi et des Fonds de formation dans les activités du Cadre de concertation. Ils ont retenu de poursuivre la réflexion sur le statut du point focal/pays et d’appuyer les points focaux pays dans la mise en œuvre et le suivi/évaluation des engagements pris par les pays. Ces points focaux seront les relais du Secrétaire permanent dans le suivi et l’application des décisions.

Faire de l’emploi et de la formation professionnelle des politiques communautaires
Tous les pays membres sont tenus de finaliser l’ingénierie de seize métiers porteurs dénommés « paquet minimum de coopération », au plus tard fin 2015 et implanter d’ici fin 2016 ces métiers afin que le maximum de jeunes puisse y être formé et qualifié. Ces métiers dont ils ont réalisé l’ingénierie et la certification doivent être rendus disponibles et transférables au niveau de l’espace communautaire. 2016 est également l’année d’expérimentation des collèges communautaires nord-américains qui doivent être forcément adaptés aux contextes nationaux des pays. L’Uemoa coordonnera la recherche de financement et organisera une table ronde des partenaires pour la mise en œuvre des centres pilotes.
« Les actions menées dans le domaine de l’emploi et de la formation professionnelle seront désormais érigées au rang de critères de convergence des politiques mises en œuvre dans l’espace communautaire », peut-on lire dans la déclaration d’Abidjan qui fait suite aux travaux.

Vers la création d’un observatoire sous régional
Le système d’information sur le marché du travail et de la formation professionnelle était également au cœur des préoccupations. Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo devront mettre en place, chacun, à la demande de la conférence, un Observatoire National de l’Emploi et de la Formation autonome avant la prochaine conférence, prévue pour se tenir en 2016 au Mali. Ce qui permettra à terme à l’institution sous régionale de créer et opérationnaliser un Observatoire sous- régional de l’emploi et de la formation (Osref). Les Services Publics d’Emploi et les Fonds de formation professionnelle, recevront la totalité de la taxe d’apprentissage ou de formation afin de pouvoir accompagner sur les plans technique et financier les observatoires nationaux. Désormais, afin de bien nourrir le système d’information, chaque pays de l’espace est tenu de réaliser au moins une enquête-emploi par an et une enquête sur le secteur informel tous les deux ans ; le secteur informel étant un facteur essentiel de dynamisation de la croissance économique et de création d’emploi. Chaque pays de l’espace mettra également en place un groupe d’experts chargés de travailler sur des indicateurs harmonisés du marché du travail et de la formation professionnelle, en identifiant plus particulièrement les indicateurs portant sur la migration professionnelle. L’autre mesure majeure est en lien direct avec l’intégration, notamment la libre circulation des personnes et des biens. Ainsi, il sera « développé dans chaque pays de l’espace, des services de coopération et de migration professionnelle », précise la déclaration d’après travaux.
Autant de décisions qui ont permis aux ministres, dont les travaux ont été présidés par le ministre d’Etat ivoirien, ministre du travail, de l’emploi, des Affaires Sociales et de la formation professionnelle, de passer à la phase pratique de la mise en œuvre synergique des stratégies et politiques nationales de l’emploi et donc d’adopter des approches communes globales susceptibles de lutter contre le chômage et réduire la pauvreté dans l’espace. Mais il aura fallu que des experts des huit pays de cet espace communautaire se réunissent par deux fois, la première fois du 20 au 22 avril 2015, la deuxième fois les 1er et 02 juillet, au cours de travaux présidés par le Secrétaire Permanent Didier Maixent Djeigo pour leur préparer les outils d’aide à la prise de décisions.

Opérationnaliser le secrétariat permanent
L’une des grandes décisions de la conférence est sans doute l’opérationnalisation du Secrétariat permanent du Cadre de concertation. En effet, conscients du danger que représentent le chômage et le sous-emploi des jeunes, les Etats de l’Uemoa ont décidé de mutualiser leurs efforts pour promouvoir l’emploi des jeunes et valoriser fortement la formation professionnelle, à travers un cadre de concertation. A cet effet, au cours d’une de leurs réunions tenue à Bamako, en avril 2010, ils ont mis en place un Cadre de Concertation (Cc) doté d’un Secrétariat permanent (Sp) que dirige le Béninois Didier Maixent Djeigo. Il était nécessaire de disposer d’une structure administrative pour assurer l’administration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des décisions de la Conférence des ministres. Les ministres ont félicité le Bénin pour avoir désigné ce cadre émérite qui dirige le Sp. C’est le Mali (Bamako) qui va abriter le siège du Cc auquel le gouvernement malien a attribué l’accord de siège.
Afin d’opérationnaliser cette structure, les ministres ont adopté ses statuts, le rapport sur son opérationnalisation, son plan d’actions et son budget 2015-2017. Les pays se sont entendus pour verser une contribution annuelle de quarante millions pour les frais de fonctionnement du cadre.
Les ministres ont tout naturellement témoigné leur gratitude au Niger pour avoir financé cette étude. Afin de donner une chance aux décisions du cadre de concertation, le relais du Sp sera assuré par des points focaux/pays qui seront appuyés dans la mise en œuvre et le suivi/évaluation des engagements pris par les pays.
Le Secrétariat permanent établira un répertoire de l’ensemble des politiques, pratiques, projets et programmes d’emploi et de formation réalisés au niveau de l’espace communautaire et assurera la diffusion et la valorisation des meilleures pratiques. Toutes les initiatives nécessaires pour valoriser les actions de coopération et de mutualisation inter-pays dans les domaines de l’emploi et de la formation professionnelle seront prises par le secrétaire permanent. En vue d’une réflexion stratégique de mobilisation de fonds à la hauteur des défis à relever, le secrétariat permanent, à la décision des ministres, aidera les fonds de formation à mettre en place un groupe de travail sur le financement de la formation professionnelle. Les ministres font ainsi du cadre de concertation, un instrument central du développement des compétences et de la promotion de l’emploi. Le jeu en vaut la chandelle. L’objectif étant d’aider les jeunes, trop souvent exclus du monde du travail, à devenir des acteurs réels du développement économique et social. « Les jeunes ont droit à gagner leur vie et à entreprendre et nous devons leur donner les moyens de construire dignement et décemment leur avenir. », indique la déclaration d’Abidjan qui a sanctionné les travaux.



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