1 an après l’installation des conseils communaux : Quel bilan des maires à l’ère de la rupture ?

Arnaud DOUMANHOUN 24 août 2016

A l’ère de la rupture où les regards sont braqués sur le nouveau régime, la gouvernance locale passe entre les mailles de la reddition des comptes. Politiques ou société civile, tous semblent magnétisés par la gestion de l’homme d’affaires, devenu l’attraction nationale. Pendant que 100 jours suffisaient à faire déchaîner les passions et donner lieu à toutes sortes de gymnastiques intellectuelles pour jauger la gouvernance Talon, 12 mois sont passés sous silence à la tête des administrations locales. Loin des tintamarres contre le vent de la rupture, les maires se délectent à l’abri des regards indiscrets de leur parcelle de pouvoir.
Ainsi va la démocratie sous nos cieux. En dépit des griefs portés par le chef de l’Etat contre la qualité de la gouvernance locale à l’occasion de l’entretien télévisé du 1er août 2016, aucune réaction au sein de la classe politique. « Le rythme de la décentralisation est faible… la qualité de la gouvernance locale n’est pas meilleure à la gouvernance centrale », avait répondu Patrice Talon à la question du transfert des ressources et des compétences. A l’évidence, que font les maires depuis un an à la tête des administrations locales ? Quels sont les impacts visibles de leur gestion ? Quels sont les plans d’actions élaborés et leurs taux d’exécution ?

Rien à se mettre sous la dent !
En effet, l’on n’a pas besoin d’être dans le secret des dieux pour se rendre compte que la gouvernance locale est au ralenti. Point n’est besoin d’être environnementaliste pour constater une inaction contre l’insalubrité et le manque d’assainissement du cadre de vie des citoyens. Les services minima en termes d’infrastructures sociocommunautaires ne sont pas encore au rendez-vous. L’ouverture des voies pour désenclaver certaines localités, l’appui matériel aux écoles, la construction d’exutoires pour l’eau, le traitement des ordures ménagères, la gestion de l’inondation, la question de la conservation des produits vivriers, l’entretien des infrastructures routières, la sécurité… sont autant de défis à relever.
Le chantier est immense et la gouvernance locale requiert beaucoup d’engagements. Jusque-là, rien à se mettre sous la dent. Pourtant, il y a des maires qui ne ratent aucune occasion pour s’exhiber devant les caméras pendant que leurs administrés manquent du minimum. Qu’est ce qui a été fait sur le plan de la coopération décentralisée ? Combien de projets ont été décrochés au bout de ces 12 mois de gouvernance ?
Les yeux sont tournés à longueur de journée vers le pouvoir central avec les jérémiades traditionnelles sur l’insuffisance des ressources. Mais, quelle gestion a-t-on faite de ce qui est jusqu’ici libéré ?

Nouveau départ pour la gouvernance locale !
Le rapport d’audit du Fonds d’appui au développement des communes (Fadec) avait révélé plusieurs dysfonctionnements dans la gestion des administrations locales. Il faut donc que les nouveaux maires prennent aussi le train de la rupture en matière de reddition des comptes. « …si nous voulons renforcer la démocratie à la base et l’ancrage de la décentralisation, nous devons tout faire pour que la bonne gouvernance soit effective… », avait déclaré l’ex-président de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb), Soulé Allagbé.
Une chose est sûre, les administrations locales ont été plus préoccupées au cours de ces derniers mois par les rendez-vous électoraux que la gestion de leurs localités. Après les élections communales et locales du 28 juin 2015, les législatives et la présidentielle ont suivi. Puis, des moments de grandes turbulences politiques pendant lesquels les mairies ont fonctionné en mode service minimum. C’est donc au lendemain de la présidentielle de mars 2016, que ces élus ont commencé par afficher un certain intérêt pour leur localité. C’est dire que les 12 mois passés à la tête des mairies ont surtout servi à préparer les échéances électorales futures plutôt qu’à satisfaire les besoins des populations. Heureusement que la deuxième année de gestion des maires s’ouvre sous une nouvelle ère et la gouvernance locale ne pourra plus échapper aux radars de la compétence et de la gestion axée sur les résultats.



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