3ème Convention nationale de l'Union fait la Nation : L'Un dit non à toute révision sans concertation préalable des forces politiques

Patrice SOKEGBE 1er juillet 2013

Le Président Bruno Amoussou et l’Un sont loin d’être convaincus de la bonne foi des révisionnistes

Non à la révision de la Constitution. C’est ce qu’on peut retenir lors de la 3ème convention nationale de l’Union fait la Nation, tenue vendredi et samedi derniers au Palais des congrès de Cotonou. Au cours de cette convention nationale, plusieurs voix se sont élevées pour fustiger le contenu du projet de la nouvelle fondamentale et les manœuvres pour hypnotiser le peuple béninois. Pour Me Joseph Djogbénou, le préambule a été touché. " …Lorsque vous avez une maison et que vous changez la fondation, vous réfectionnez ou pas, vous changez de maison. On a changé le préambule ; donc, on veut changer de République ", a-t-il dit. A en croire le Président Bruno Amoussou, d’autres pays qui ont tenté de réviser la constitution ont toujours connu une fin calamiteuse. "…Il ne nous reste plus qu’à nous armer de courage pour mener une lutte sans merci contre ceux qui rêvent d’entraîner notre pays dans les tourmentes qui agitent et détruisent plusieurs autres pays sur notre continent ", a-t-il ajouté. Aussi, les membres de l’Union fait la Nation (Un) ont-ils procédé au renouvellement du bureau national. Au terme des élections, Bruno Amoussou a été élu Président et Lazare Sèhouéto, coordonnateur national.


MOTION SUR LA REVISION DE LA CONSTITUTION

 Considérant que la Constitution du 11 Décembre 1990 est le fruit d’une large concertation des forces vives de la Nation, tant à travers les travaux de la Conférence Nationale que ceux du Haut Conseil de la République ;

 Considérant que ce consensus a été confirmé par le peuple souverain, lors du référendum du 02 Décembre 1990 ;

 Considérant que depuis 2006, se manifeste au sommet de l’Etat, une volonté résolue de violation systématique de la Constitution, des lois et règlements, une tendance confirmée à instrumentaliser l’Assemblée Nationale et la Cour Constitutionnelle pour liquider les acquis démocratiques et l’Etat de droit (libertés publiques, les droits des travailleurs, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, etc.) ;

Considérant que le Gouvernement et son Chef ont constamment refusé le dialogue politique que l’Union fait la Nation et toutes les forces vives de la Nation ont tant souhaité, préférant les subterfuges, la " communication " pour crétiniser et émasculer notre peuple, le mensonge délibéré et la corruption pour se soumettre la volonté populaire, créant et gérant au coup par coup les tensions sociales ;

Constatant la rupture de confiance entre le Président Yayi Boni et le Peuple, rupture de confiance perceptible et audible partout, des bureaux de l’Administration aux locaux des entreprises et des marchés, en passant par les villages et les quartiers de ville, nonobstant les " succès électoraux " dont il se targue sans vergogne et dont la facticité se révèle au quotidien ;

Encouragé par le rejet massif par les peuples, les élites et les forces politiques du Bénin, des tribulations en cours pour une révision opportuniste et partisane de la Constitution,

La 3eme Convention Nationale de l’Union fait la Nation,

1. Réaffirme son opposition à toute révision de la Constitution, sans concertation préalable entre les forces vives de la nation en général et particulièrement, sans un dialogue effectif entre la prétendue " majorité présidentielle " et l’opposition ainsi que les centrales syndicales, les représentants dûment mandatés des entités religieuses, des cercles philosophiques, des Associations de la société civile actives dans les domaines de la gouvernance. Cette concertation devra déterminer de manière consensuelle les problèmes majeurs qu’une révision éventuelle de la constitution permettrait de résoudre. Sans l’observation stricte d’une telle méthodologie qui relève d’une approche consensuelle conforme à celle de la Conférence Nationale et des travaux du HCR, représentatif des principales sensibilités du pays en 1990, aucune révision de la Constitution ne saurait être acceptable.

2. En appelle au peuple béninois, afin qu’il ne se fasse point d’illusions par rapport au fonctionnement actuel des institutions et qu’il s’engage à puiser dans son histoire et dans son génie créateur, les ressources nécessaires pour faire échouer le coup d’Etat que Yayi Boni et ses partisans concoctent en ce moment, pour liquider définitivement sa démocratie et l’Etat de droit qu’il a conquis au prix de milles souffrances et de son sang. Le Peuple a de son côté, la souveraineté, le droit, la légitimité et la morale. Yayi Boni et son gouvernement s’appuient sur la force des armes achetées par l’argent du Peuple, la corruption des individus et des institutions, l’entêtement aveugle de la minorité de ceux qui profitent de la misère généralisée.

3. Rappelle à toutes les personnalités et organisations politiques, que tout compromis avec une dictature (démasquée ou non) devient à terme, compromission et complicité contre le peuple.

4. Affirme l’urgence et la nécessité impérieuse pour toutes les forces patriotiques et démocratiques, toutes les citoyennes et les citoyens de resserrer leurs rangs, d’engager des initiatives d’organisation de notre peuple et la mise en commun de leurs énergies contre les manœuvres de diversion et de division.

Fait à Cotonou le 29 Juin2013

La 3ème Convention ordinaire de l’UN


COMMUNIQUE FINAL

La troisième Convention Nationale de l’Union fait la Nation a tenu ses assises les 28 et 29 juin 2013, à Cotonou. Cette rencontre a connu une forte participation des membres de l’Union qui, ce faisant, ont confirmé leur attachement aux idéaux affirmés et leur volonté d’atteindre les objectifs fixés et poursuivis contre vents et marées depuisla signature du Protocole d’Union du 1er Septembre 2009.

A l’ouverture solennelle des travaux, les personnalités, les partis politiques et les mouvements associatifs invités ont souligné, à travers leurs messages, les graves difficultés que traverse le pays et ont déploré l’incapacité du gouvernement à apporter des solutions appropriées à la détresse des populations. La plupart des invités ont exhorté les délégués à la Convention au courage et à la combativité pour arrêter la marche vers le gouffre qu’imposent à notre pays,Yayi Boni et ses partisans. Unanimement, ils ont salué l’initiative de rassemblement des forces politiques et réitéré leurs encouragements aux membres de l’UN.

Les travaux de la Convention ont donné lieu à de riches et parfois houleux débats. Ils ont abouti à des conclusions qui traduisent l’engagement des délégués à renforcer activement l’unification accélérée des forces politiques membres de l’Union et à conjuguer les efforts avec les forces vives de la Nation, pour créer un contexte favorable à l’amélioration des conditions de vie des populationset à la restauration d’un Bénin démocratique, crédible et prospère.

Les participants ont renouvelé leur détermination à poursuivre l’édification de l’UN, à travers une meilleure organisation, l’élargissement de ses bases sur toute l’étendue du territoire national et au sein de la diaspora, l’animation des structures au niveau local, l’intensification de la formation des militants et de l’information des populations.

La Convention a salué les initiatives de la Jeunesse de l’Union depuis sa formalisation les 10 et 11 Mai 2013. Elle exhorte la J-UN à l’ouverture en direction de toute la jeunesse béninoise. Organisée et déterminée une jeunesse est capable de prodiges. Mais désespérée, désemparée, frustrée, réduite à la misère comme l’est la jeunesse béninoise, elle peut constituer le terreau à toutes les manipulations et aventures malheureuses. La Convention félicite la J-UN pour avoir compris sa mission dans un tel contexte, et décidé de prendre toutes ses responsabilités.

La Convention s’est réjouie de la tenue de l’Assemblée Générale des adhérents directs à l’Union, tenue le dimanche 26 mai 2013 et les exhorte à engager un travail d’explication en direction des personnalités, des enseignants, des hommes de science, des artistes et des cadres du secteur privé et de l’administration publique afin qu’ils rejoignent plus massivement la résistance active contre la politique du régime mystificateur dit " du changement " et le travail de restauration de notre dignité nationale, des valeurs de la République, de la démocratie et d’une gestion rationnelle de notre économie.

La Convention a formulé des recommandations à l’attention des dirigeants pour le bon fonctionnement des organes transitoires et la transformation effective de l’Union en un parti politique unique. Elle a procédé au réaménagement des instances dirigeantes de l’Union dans un sens plus intégrateur.

Suite à une analyse approfondie de la situation politique nationale, elle a adopté un ensemble de résolutions et de motions. Elle condamne les attaques du pouvoir contre les libertés publiques, les droits humains et les principaux acquis démocratiques du peuple béninois.La multiplication des foyers de tension et de frustrations et la détérioration du climat politique et social, signes épatants de la mauvaise gouvernance politique du pays, ont retenu l’attention des délégués à la Convention.

La Convention a marqué son opposition à la lutte sélective engagée contre la vente de l’essence, communément appelé " Kpayo ". Elle exige l’arrêt immédiat de cette imposture, le dédommagement des victimes, une enquête judiciaire et des sanctions appropriées à l’encontre des agents des forces de l’ordre qui se sont rendus coupables de traitements inhumains et dégradants et d’assassinats. Les fuites en avant ubuesques et les promesses mensongères du gouvernement montrent bien, encore une fois, son incompétence notoire.

La Convention dénonce vigoureusement la montée en puissance du régionalisme et du népotisme comme moyen privilégié de Yayi Boni, pour diviser notre peuple, l’émasculer afin de poursuivre le pillage des maigres ressources du pays.

Les délégués à la Convention recommandent aux organes dirigeants de l’Union fait la Nation d’intensifier la dénonciation du népotisme et de la corruption qui entourent l’organisation des Concours et des recrutements organisés par le gouvernement.

Sur la question de la présumée correction de la LEPI, la Convention demande aux représentants de l’Un au niveau du conseil d’orientation et de supervision (COS) et au niveau des conseils communaux d’actualisation (CCA) de la LEPI à rester non seulement vigilants,mais à dénoncer les manœuvres du gouvernement visant à saboter dans les faits, le compromis minimal auquel il a concédé, en acceptant du bout des lèvres, une correction superficielle de la LEPI. Les atermoiements actuels révèlent la volonté du gouvernement à ne pas organiser les élections municipales, communales et locales en 2013 et à continuer de violer sans vergogne lois et règlements de la République.

Quant à la question de la " Révision " de la Constitution du 11 décembre 1990, la 3ème convention de l’UN oppose un refus catégorique au processus de révision, déclenché par Yayi Boni, de manière unilatérale et cavalière. A travers la Motion qu’elle a adoptéesur la question, la Convention appelle toutes les forces politiques, les organisations syndicales, la société civile et tout le peuple béninois à ne pas se faire d’illusions sur le fonctionnement actuel des " institutions de la République ". Elles sont si essentiellement noyautées, instrumentalisées et dévoyées qu’on ne saurait compter sur elle. C’est le moment de se mettre debout, comme un seul homme pour barrer la route au régime prédateur, népotiste et illégitime de Yayi Boni, dont la volonté de se tailler une Constitution à la mesure de ses funestes et basses ambitions n’est plus à démontrer.

La Convention lance un appel patriotique à toutes les organisations démocratiques pour qu’elles se mobilisent pour la sauvegarde des acquis de la Conférence Nationale de février 1990 et qu’ensemble, elles travaillent résolument à construire une alternative crédible et à sauver notre pays de la déchéance.

L’assassinat programmé de notre Démocratie ne passera pas !

Enfants du Bénin, debout !

Fait à Cotonou le 29 juin 2013

La Convention Nationale.



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