A la faveur de la rencontre hier au palais de la Marina : Yayi présente les excuses de la nation aux syndicalistes

Angelo DOSSOUMOU 13 mars 2014

Boni Yayi a échangé avec les syndicalistes afin de trouver une solution à la crise sociale

L’ultime démarche attendue du côté du gouvernement pour le dénouement de la crise sociale a pris du temps. Tant mieux, elle a fini par être menée hier. Le chef de l’Etat, Boni Yayi a, pendant six heures de temps et dans une ambiance conviviale, échangé avec les Secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales. Et à la lecture du relevé qui a sanctionné cette rencontre au sommet, il est loisible de constater que les dernières cartes de l’Exécutif pour obtenir des syndicalistes, la décrispation de la crise sociale ont été jouées hier par le président Boni Yayi.
D’abord, les premiers pas vers le dégel ont été les excuses de Yayi, au nom de la nation, aux syndicalistes victimes de la répression de la marche du 27 décembre dernier. Le chef de l’Etat a donc enfin pris note de la doléance de ses hôtes par rapport à ce que beaucoup de Béninois considèrent comme les impairs du préfet de l’Atlantique-Littoral, Placide Azandé et du commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou et pour lesquels leur limogeage est réclamé par les syndicalistes. Car, même si Yayi a confié aux Sg des centrales syndicales, qu’il ne peut tout de go exécuter cette doléance du fait que le préfet et le commissaire central occupent des postes pour leurs compétences et qu’il faut au préalable qu’une commission statue sur ces cas, il est indéniable qu’il y a un grand pas qui a été franchi par rapport à ce volet qui bloquait les négociations gouvernement-syndicats. En dehors de cette avancée, d’autres efforts ont été faits par le gouvernement. Il s’agit de la restitution des défalcations de 2014 mais aussi d’un accord entre les deux parties pour l’obtention par les syndicalistes des fonds défalqués en 2012 en raison du fait que les enseignants ont rattrapé le temps des grèves. A tout ceci, il faut ajouter que le chef de l’Etat a accepté le principe de l’introduction en conseil des ministres du décret afférent à la question du relèvement du Smig pour son approbation.

Le dernier mot à la base
Maintenant que les syndicalistes ont pris langue avec le chef de l’Etat, la grande interrogation est celle de savoir si la motion de grève va être levée. Tout porte à croire que ce sera le cas. Car, même si les syndicalistes estiment que c’est la base qui a le dernier mot, leur influence sur cette base peut faire pencher la balance du côté du dégel. D’ailleurs, personne ne pourra aujourd’hui reprocher au chef de l’Etat de n’avoir pas joué à fond sa partition quant à ce dégel. Seulement, le hic est que l’Exécutif a mis trop de temps pour en arriver à cette démarche qui, si elle était intervenue plus tôt, aurait, quoiqu’on dise, influé sur le cours des choses. Mais, l’autre dira mieux vaut tard que jamais. Espérons que le bout du tunnel ne soit plus loin et que les enfants qui paient le prix fort de la suspension des cours puissent retrouver le chemin des écoles, et que les autres points des revendications des syndicalistes soient débattus sans pour autant entraîner d’autres grèves. Pour l’avenir de la nation qui passe par des enfants bien formés, on croise les doigts.
François Abiola, ministre d’Etat : « le Chef de l’Etat a pris acte de leur désir… »
« Ils ont sacrifié leur congé de détente et ensuite, on a prolongé l’année. On peut donc considérer qu’ils ont réellement fait le travail malgré la grève. Le Chef de l’Etat a été sensible à cet argumentaire et il a dit que pour le principe, on pourrait aller vers la restitution des défalcations sur salaires de 2012. Et pour aller vers là, il faudrait connaître la montant défalqué, et savoir dans quelle condition on pourra accepter cette revendication.
Nous avons reconnu que c’est des incidents malheureux et regrettables et les syndicalistes ont déjà saisi les juridictions compétentes. Donc, il faut suivre les décisions de ces juridictions puisque nous voulons construire un Etat de droit. Mais il faut reconnaître que le Bénin est cité comme un pays de paix et de sécurité dans la sous-région. C’est vrai que c’est relatif. Mais au-delà de ce que la juridiction saisie peut décider, il faut avoir l’esprit de pardon, parce que les syndicalistes sont convaincus que le Préfet et le Commissaire ont prémédité cette répression pour les empêcher de marcher. Et que de toutes les façons, le Chef de l’Etat a pris acte de leur désir, parce qu’il s’agit ici du relèvement du Préfet et du Commissaire de leurs fonctions. Les juridictions s’étant saisies du dossier, il faut s’en tenir à la suite.
L’autre point, c’est le paiement des 25% aux enseignants et la discussion a été longue à ce niveau. Mais en résumé, nous avons démontré et expliqué aux enseignants qu’il s’agit d’une mal interprétation erronée de ce décret par les deux parties. Ce que nous avions d’ailleurs dit, quand on discutait à l’Infosec (…). En tout état de cause, cette doléance est importante, parce qu’il s’agit de donner envie d’aller enseigner et cette question doit être revue dans la grande commission chargée du dialogue entre le gouvernement et les syndicalistes.
L’autre point, c’est le Smig qui est porté à 40.000 Fcfa. Le principe est accepté et le décret va être signé d’ici à là. Le Chef de l’Etat était même prêt à signer ce décret. Mais quant à la hiérarchisation, c’est tout une autre démarche et elle va se poursuivre pour que satisfaction leur soit donnée ».

RELEVE DE DECISIONS ISSUES DE LA RENCONTRE ACCORDEE PAR LE CHEF DE L’ETAT, CE JOUR MERCREDI 12 MARS 2014, AUX CENTRALES SYNDICALES

Le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, a rencontré ce jour, mercredi 12 mars 2014, les Centrales syndicales, Confédérations syndicales et la FESYNTRA-FINANCE.
Au cours de la rencontre, les différents points du relevé des conclusions, ont été passés en revue. Il s’agit des points suivants :
1- Sur les défalcations de 2014, le Président de la République a confirmé leur restitution.
2- Au sujet des défalcations de 2012 : en raison de ce que les enseignants ont rattrapé les temps de grève en sacrifiant leurs congés, le Chef de l’Etat a instruit le Ministre de l’Economie et des Finances pour en évaluer le coût et proposer les conditions de leur restitution au titre de compensation en tenant compte de la nécessité du respect du cadre macro économique retenu avec la Mission du Fonds Monétaire International (FMI) lors de la dernière revue.
3- S’agissant de la demande des enseignants relative au bénéfice de revalorisation de 25% du traitement indiciaire, le Président de la République a rappelé que cette demande est reversée au cadre de concertation pour étude et propositions à faire.

4- Sur les questions des libertés publiques, le Président de la République, tout en prenant note des déclarations des syndicalistes victimes auxquels il a présenté les excuses de la république, a rassuré les syndicats que des dispositions sont prises afin que les événements du genre de ceux du 27 décembre 2013 ne se reproduisent plus.

5- Au sujet du relèvement du Préfet de l’Atlantique-Littoral et du Commissaire centrale de Cotonou, le Président de la République a indiqué, tout en prenant note des doléances des syndicats, que les éléments à sa disposition à l’étape actuelle, ne lui permettent pas de prendre une décision conséquente et qu’il est souhaitable de laisser poursuivre la procédure en cours devant les juridictions compétentes.

6- Sur la question des concours organisés, le Président de la République a rappelé que la Commission instruite pour connaître du dossier déposera son rapport au plus tard le 17 mars 2014 et que le Gouvernement avisera à partir du 21 mars 2014.

7- En ce qui concerne le relèvement du SMIG, le Chef de l’Etat a demandé que le décret y relatif soit présenté en Conseil des Ministres pour approbation.
Enfin les points évoqués en divers ont concerné :
 l’actualisation du décret portant cadre de concertation au sujet duquel des instructions ont été données aux fins de procéder à ladite actualisation dans les meilleurs délais ;
 la poursuite des négociations par les ministres avec les syndicats au niveau sectoriel ;
Au terme de la séance de travail avec les centrales syndicales présidée par le chef de l’Etat, les secrétaires généraux, en ce qui concerne la levée de la motion de grève, ont promis de se référer à leur base pour compte rendu.



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