Accusé de mauvaise gestion et d’abus de pouvoir : Le Maire de la Commune d’Adjarra, Yaya Saka s’explique et rassure

Karim O. ANONRIN 8 juillet 2014

Accusé d’abus de pouvoir pour avoir procédé à des mutations d’agents de la mairie suite à une assemblée générale élective de la Section Adjarra du Syndicat national des travailleurs des collectivités (Synacob) et de mauvaise gestion de la Commune d’Adjarra, le Maire Yaya Saka, a accordé une interview à votre journal. « …Je pense que ceux qui manifestent ont une méconnaissance des textes de lois qui régissent la décentralisation dans notre pays, le Bénin… », a déclaré le Maire Yaya Saka.

Le maire Yaya Saka de la commune d’Adjarra

Il y a une situation qui prévaut actuellement à la mairie d’Adjarra où le vendredi 4 juillet dernier, des syndicats ont fait un sit-in dans l’enceinte de la mairie. Ceci, au motif d’abus de pouvoir et de mutations fantaisistes d’agents par l’autorité communale. De quoi s’agit-il exactement ?
Pour moi, la manifestation du vendredi dernier dans les locaux de la mairie d’Adjarra est un non évènement. Je pense que ceux qui manifestent ont une méconnaissance des textes de lois qui régissent la décentralisation dans notre pays, le Bénin. De par ma qualité de Maire de la Commune d’Adjarra, je suis le seul habilité à savoir qui doit être à tel poste pour m’accompagner dans le processus de développement de la Commune d’Adjarra. Je crois que je veille sur la maison et je puis vous dire que, je connais la capacité de chaque agent. Avec les recommandations de l’Inspection Général d’Etat, j’ai entrepris des réformes structurelles au niveau de la Mairie d’Adjarra. C’est d’ailleurs ce qui m’amène de temps en temps à procéder à des mutations, parce que j’ai le souci permanent de faire de l’administration communale d’Adjarra, une administration performante qui, offre des services de qualité aux populations. Nous n’avons rien contre un agent. D’ailleurs, on parle bien de mutation et non de licenciement.

Qu’avez-vous réalisé concrètement depuis que vous avez pris les rênes de cette Commune du département de l’Ouémé  ?
Nous avons d’abord commencé par améliorer l’organigramme de la mairie. Sur le plan économique, la Commune d’Adjarra n’est pas trop différente des autres Communes du Bénin, qui fonctionnent pour la plupart sur les recettes fiscales. Sans avoir la prétention de verser dans l’autosuffisance, nous pouvons quand même dire, sans se tromper, que l’argent du contribuable d’Adjarra n’a jamais été aussi bien géré, depuis notre arrivée. Contrairement au passé, nous avons pu loger les finances de la Commune au trésor public à travers la Recette-perception de la Commune pour garantir la transparence dans les recettes et les dépenses. Même les appuis financiers émanant du pouvoir central et de nos partenaires techniques et financiers sont logés à la recette-perception. Sur le plan de la gouvernance, nous pouvons dire gaillardement que, c’est sous notre mandat que l’organigramme de la mairie d’Adjarra a connu une amélioration qui répond aux exigences de la décentralisation. Nous avons créé des services techniques qui participent aujourd’hui activement à l’amélioration des services rendus aux usagers de la mairie. Aujourd’hui, nous avons un Service des affaires économiques et un Service des affaires financières alors qu’avant notre arrivée, c’est un service des affaires économiques et financières. De même, on parle aujourd’hui à la mairie d’Adjarra, du Service technique et du Service de l’environnement alors qu’avant, on parlait du Service technique et financier. L’organigramme a déjà été modifié trois fois pour permettre un bon fonctionnement de l’administration. Je n’ai pas à juger un agent de la mairie d’Adjarra sur son bord politique. Je table sur ses qualités professionnelles. Parlant des réformes, il existe aujourd’hui à Adjarra, des commissions qui travaillent régulièrement au contrôle du fonctionnement des différents services de la mairie. Sur le plan financier, nous avons décidé de loger toutes les recettes de la Commune à la recette-perception ; afin de garantir une traçabilité des dépenses. En ce qui concerne les valeurs inactives, je viens de mettre sur pied une commission pour suivre de près la gestion avec le régisseur et le receveur-percepteur. Il s’agit là d’un audit interne et régulier de l’approvisionnement des valeurs inactives jusqu’au versement à la recette-perception... Nous avons décidé de lancer l’audit foncier dans la Commune d’Adjarra que j’ai confié au génie militaire avec la bénédiction du Chef de l’Etat, le Docteur Boni Yayi.

Vous parlez des réformes qui gênent. Qui est-ce que ces réformes gênent exactement ?
Le plus important pour moi, c’est de marquer positivement mon passage à la tête de cette Commune ; afin qu’elle se place enfin sur la route du développement. Il y a une première mandature de la décentralisation. Des efforts ont été fournis par mes prédécesseurs. Mais je ne peux pas admettre de la médiocrité au niveau de l’administration communale au nom de la politique. Si je remarque que ça ne suit pas à certains endroits dans la maison, j’agis.

Pensez-vous que vous n’avez rien à vous reprocher en ce qui concerne ce dont vous accusez les syndicalistes ?
Je pense que si l’on doit parler des agents de la mairie d’Adjarra, il faut faire un peu attention. Les agents de la mairie d’Adjarra n’ont aucun problème avec l’autorité communale que je suis ; encore qu’un Maire est souvent de passage à la tête de l’administration communale. Il ne faut pas mélanger torchons et serviettes. Il n’y a que 4 agents qui refusent d’accepter leurs nouveaux postes de travail et veulent défier l’autorité communale. Nous avons appris que ces agents sont allés jusqu’à dissoudre l’ancien bureau de la section Adjarra du Syndicat national des Collectivités du Bénin (Synacob) pour mettre sur pied un autre bureau. Pour nous, ce n’est qu’une liberté syndicale qui se manifeste et nous n’avons pas à nous mêler de l’organisation des travailleurs à la mairie d’Adjarra. On en était là quand nous avons encore appris qu’il y a eu des défections dans le nouveau bureau de la section Adjarra du Synacob. Nous avons même reçu ampliations de quelques lettres de démission de ce nouveau bureau alors que cela ne nous regarde en rien. Le Maire n’a rien à voir avec une organisation syndicale de la mairie, si ce n’est que d’écouter leurs doléances et revendications. Je rappelle au passage qu’à l’occasion de la fête du travail, nous recevons des revendications et des doléances à la faveur d’une cérémonie à laquelle prennent part l’ensemble du Conseil communal et des conseils de village. Ensuite, nous avons eu vent de la constitution d’un autre bureau de la section Adjarra du Synacob après les démissions de l’autre. Parmi les quatre agents qui ont amené les centrales syndicales à la mairie d’Adjarra, il y en a qui ont été mutés pour des fautes graves comme la falsification des timbres fiscales pour ce qui est de l’un des agents ; un dossier pendant devant la justice de notre pays. Et dans ce dossier, c’est le Conseil de discipline qui a recommandé la mutation de cet agent. Néanmoins, cela n’émoussera aucunement nos efforts pour le bien-être des populations d’Adjarra qui aspirent à bénéficier des services de qualité à la mairie d’Adjarra et dans tous les arrondissements. La Commune d’Adjarra fait partie de ces Communes du Bénin où aucun agent ne rate son salaire.
Parlons un peu du Conseil communal d’Adjarra. Au sein de ce Conseil communal, ce n’est plus la lune de miel entre vous et certains conseillers. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, le Conseil a tenu une session de collectif budgétaire. Au cours de cette session, certains Conseillers Prd et Fcbe n’ont pas voté pour ce collectif et ils vous reprochent beaucoup de choses. Qu’est ce qui ne va pas en réalité ?
D’abord, laissez-moi vous dire que le budget est un instrument de développement, et la Commune d’Adjarra fait partie des Communes qui disposent d’assez d’instruments de travail pour parvenir à ce développement souhaité. A Adjarra, nous suivons un Plan de travail annuel (Pta) et un Plan annuel d’investissement (Pai) et nous disposons d’un Plan de développement communal (Pdc), deuxième génération. Donc, le budget de la Commune d’Adjarra a été élaboré sur la base de ces instruments de travail. Le collectif budgétaire, c’est les excédents du compte administratif. Voilà que nous avons un Pdc que nous devons absolument exécuter. C’est ainsi que pour le budget 2014, un collectif budgétaire était devenu nécessaire. Nous avons donc, en tant qu’autorité communale, convoquer le collectif budgétaire pour satisfaire les besoins de notre Commune. Le budget 2014 est de 994 millions environ et avec le collectif budgétaire, ce budget est passé à 1.337.360.104 Fcfa

Monsieur le Maire, les Conseillers qui n’ont pas voté pour le collectif vous reprochent un certain nombre de choses. On vous reproche par exemple d’avoir utilisé 4 millions de Fcfa pour l’audit participatif pour la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) alors que les dépenses liées à la correction de la Lépi sont inscrites dans le budget du Conseil d’orientation et de supervision pour la correction de la Lépi (Cos-Lépi).
Laissez-moi vous dire qu’en 2011, lorsque je n’avais pas encore changé de bord politique, le budget de la Commune d’Adjarra a payé les représentants de la mairie dans les centres d’enrôlement. Pour l’audit participatif, j’ai pris un arrêté pour mettre en place un comité pour l’accompagner. Et c’est les fils d’Adjarra qui ont sillonné les centres d’enrôlement. C’est les mêmes qui ont accompagné la décision hier qui s’y opposent aujourd’hui sous prétexte que le Maire a envoyé rien que les membres de son mouvement dans les centres d’enrôlement pour représenter la mairie. J’aurais pu envoyer les agents et ça allait perturber l’administration. Je me demande pourquoi les gens veulent d’une chose et de son contraire. Nous aspirons à une Lépi fiable. Les députés sont passés dans les mairies pour solliciter l’appui des Maires. Nous prenons l’initiative de jouer notre partition et les gens paniquent. Le problème est ailleurs puisque c’est toujours la politique qui aveugle certaines personnes ici à Adjarra. J’ai reçu deux courriers de la sous-section Adjarra du Prd par rapport à ce dossier. L’un des courriers me demande pourquoi j’ai envoyé des représentants de mon mouvement politique dans les centres d’enrôlement. Je voudrais bien qu’ils m’apportent les preuves que les personnes envoyées dans ces centres sont des militants de mon mouvement politique. Le second courrier me demande de ne pas payer les personnes envoyées sur le terrain au budget communal. C’est la preuve que le vote des Conseillers qui n’ont pas adhéré au collectif budgétaire est un vote hautement politique ; ce dont Adjarra n’a pas besoin. Et ce qui est paradoxal est que, ces Conseillers ont voté certains points relatifs à ce collectif budgétaire parce que ça les arrange. Je vous informe même que des Conseillers ont proposé l’achat de véhicules aux adjoints au Maire, mais la majorité des Conseillers ont rejeté cette proposition ; une majorité qui a permis au collectif budgétaire d’être adopté pour le bien des populations d’Adjarra.

De même, on vous reproche de vouloir transformer l’actuelle résidence du Maire en commissariat de police pour en construire une autre à Honvié sur le site de l’ancienne recette-perception. Est-ce nécessaire ?
Voyez-vous ! Gouverner, c’est prévoir. L’actuelle résidence du Maire ne répond plus quand on parle du symbole de la Commune d’Adjarra. C’est la même situation pour la mairie d’Adjarra dont la toiture coule à certains endroits. Alors, dans mes démarches, le ministère de l’intérieur, de la sécurité publique et du culte est prêt à doter la Commune d’Adjarra d’un commissariat de police. Adjarra est en train de se développer et elle constitue pratiquement l’une des cités dortoirs de Porto-Novo. Et vous savez bien que lorsqu’il y a la poussée démographique dans une ville, il se pose toujours le problème d’insécurité. Vous n’êtes pas sans savoir que la Commune d’Adjarra a une frontière fluviale avec le Nigeria. Il fallait donc prévenir le pire en renforçant la sécurité des biens et des personnes à Adjarra. La seule brigade de gendarmerie située dans l’arrondissement de Honvié n’arrive plus à satisfaire les attentes des populations. Cette brigade ne dispose même pas de moyens roulants. La seule condition que le ministère nous a posée avant de nous doter d’un commissariat est la disponibilité d’un bâtiment. Après les échanges avec certains patrons de la police, il nous a été dit que stratégiquement, le commissariat doit être dans Adjarra centre. Il ne restait plus qu’à identifier un bâtiment dans Adjarra centre. C’est ainsi que la résidence actuelle du Maire a été identifiée comme appropriée pour abriter le commissariat, quitte à la réfectionner pour répondre aux normes d’un commissariat digne de ce nom. Nous avons donc décidé, avec l’aval du Conseil communal de construire une nouvelle résidence sur l’ancien site de la recette-perception d’Adjarra.

Qu’en est-il de l’étude de faisabilité pour la construction d’une galerie marchande à côté de l’exutoire d’eau pluviale au quartier Dossouvié ? Les Conseillers qui n’ont pas voté le collectif budgétaire ont également évoqué ce dossier.
Je pense qu’il faut que les populations commencent par envoyer des hommes de vision dans les conseils communaux. Même quand on n’a pas été à l’école, on peut se renseigner. Par rapport à ce dossier, on a bien parlé d’étude de faisabilité et non de réalisation. A quelle époque sommes-nous enfin ? Les sessions communales sont souvent ouvertes au public. Ce point a été bel et bien adopté par tous les conseillers communaux. Je rappelle que quand j’ai été élu Maire de la Commune d’Adjarra, j’avais une vision. Je rends grâce à Dieu que je suis en train de mettre en œuvre cette vision. Comment peut-on réaliser des infrastructures dans une Commune sans les études de faisabilité ? Avec quoi irons-nous devant les partenaires techniques et financiers ? Que les gens cessent d’intoxiquer. Les études de faisabilité, c’est la nouvelle règle du jeu depuis notre arrivée à la tête de la Commune d’Adjarra et cela marche bien. La réalité est qu’il y a des élus qui lorgnent le domaine de l’exutoire d’eau de Dossouvié. Ils veulent qu’on leur cède ce domaine comme cela se faisait dans le passé. Mais rassurez-vous qu’ils ne les auront pas tant que nous serons à la tête de cette Commune. Qu’ils attendent les résultats de l’étude de faisabilité pour la construction des galeries marchandes sur le site avant de parler. Figurez-vous que j’ai même reçu les félicitations de l’Union Européenne pour avoir réalisé des exutoires d’eau dans la Commune d’Adjarra. Car, grâce à ces exutoires d’eau, les populations ne fuient plus leurs maisons en période de pluies. Maintenant, il faut aménager ces exutoires d’eau parce que pour le moment, c’est seulement à l’étape de trou. Si rien n’est fait, ces trous vont être bouchés par du sable drainé par les eaux de ruissellement.
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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