Accusé de refuser de rencontrer les magistrats en sit-in hier au Parlement : Le 2ème Vice-président, Boniface Yèhouétomè répond au député Fikara

Karim O. ANONRIN 11 juillet 2014

Les magistrats qui ont tenu un sit-in hier à l’Assemblée nationale pour protester contre la proposition de loi portant modification de l’article 18 de la loi portant statut de la magistrature et qui vise à leur interdire le droit de grève n’ont pas pu lire leur motion. En lieu et place d’un des membres du bureau de l’institution ou d’un député qu’ils auraient souhaité rencontrer pour délivrer leur message, c’est le Secrétaire général administratif adjoint de l’Assemblée nationale, Claude Olory-Togbé et le Directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Comlan Dadégnon qu’ils ont vus. Ceci, malgré la présence au Palais des gouverneurs à Porto-Novo, siège de l’Assemblée nationale, du 2ème Vice-président de l’institution, Boniface Yèhouétomè. Cette absence d’un des membres du bureau de l’Assemblée nationale face aux manifestants a été vue comme un complot par le député Sacca Fikara qui a même laissé entendre que c’est parce que le vice-président Boniface Yèhouétomè, a reçu des intimidations de la part d’autres membres du bureau qu’il n’est pas allé rencontrer les manifestants. La réplique du député Boniface Yèhouétomè ne s’est pas fait attendre. Approché, il a balayé du revers de la main ces accusations du député Sacca Fikara tout en précisant qu’il a agi unilatéralement et en toute responsabilité en n’allant pas recevoir la motion des magistrats.
(Lire ci-dessous l’extrait des accusations du député Sacca Fikara et la réplique du député Boniface Yèhouétomè, 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale)

Déclaration d’accusation du député Sacca Fikara

« …Comme vous venez de le voir, le bureau de l’Assemblée nationale a refusé de recevoir la motion des magistrats. Ils ont fait plus de 2 heures sur place et aucun responsable de l’Assemblée nationale n’est venu les rencontrer. C’est un mépris. C’est une attitude irresponsable parce qu’en tant que responsable de l’institution qu’est l’Assemblée nationale, le bureau se doit de recevoir les doléances des travailleurs. Je ne vois pas pourquoi, les membres du bureau de l’Assemblée nationale refusent de recevoir les travailleurs pour une protestation contre une loi que nous voulons prendre à l’Assemblée nationale. Ce faisant, l’Assemblée nationale s’aligne de façon inacceptable derrière le point de vue du gouvernement. D’ailleurs, nous avons appris que parmi les 3 présidents susceptibles de recevoir la motion des manifestants, il y a le 2ème Vice-président de l’Assemblée nationale. Il serait prêt à venir recevoir le point de vue des magistrats quand deux députés, membres du bureau de l’Assemblée nationale et signataires de la proposition de loi querellée l’ont menacé. Et lui-même, renonçant au courage qu’il faut pour défendre les libertés, a refusé de venir recevoir le point de vue des Magistrats. Nous sommes un certain nombre de députés qui protestent contre cette attitude des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Nous protestons contre cette attitude qui consiste à s’aligner bêtement, lâchement et honteusement derrière les points de vue du gouvernement… »

Réaction du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, Boniface Yèhouétomè

Les magistrats avaient à passer un message. Leur courrier a été reçu hier et traité par mes soins. Et comme il est d’usage au niveau de notre parlement, j’ai affecté le dossier à un haut responsable de l’administration, en particulier le directeur de cabinet du président et le secrétaire général administratif pour recevoir leur message. Vous savez, aujourd’hui, c’est la dernière journée de la première session ordinaire de l’année 2014, nous devons procéder à la clôture de la session, il y avait deux commissions qui se réunissaient, il y avait d’importants dossiers d’urgence à régler et je crois, comme ça a toujours été fait depuis le début de cette législature, c’est le directeur de cabinet accompagné de quelques administratifs qui recevait les messages et motions des syndicalistes. Je ne trouve aucun problème à ce niveau. Mais j’ai été outré, frustré et navré d’apprendre que certains collègues en mal de visibilité et de popularité politique auraient parlé de manque de courage. Il n’y a eu aucune pression extérieure sur ma personne. Je ne sais pas là où il y a le problème de courage à ce niveau. Il ne peut pas avoir de pression pour aller recevoir une motion. Si on délègue des gens pour représenter l’Assemblée nationale et recevoir un message, je pense qu’il faut qu’on puisse respecter cela. C’est peu responsable que des gens avancent un certain nombre d’éléments pour nuire. Quand on n’a rien à dire, il faut se taire. Nous sommes à l’Assemblée nationale et chacun a son avis personnel par rapport à tel ou tel dossier. Il ne faut pas chercher à donner l’impression qu’on est plus proche de certains que d’autres pour jeter du discrédit sur les autres. Ce n’est pas normal. Je suis un responsable et je ne peux pas avoir de pression de qui que ce soit. J’ai agi en toute responsabilité… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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