Affaire Présumée Tentative d'empoisonnement du Chef de l'Etat : Me Joseph Djogbénou, Avocat de Patrice Talon : « Le dossier est tombé de lui même »

La rédaction 21 mai 2013

Me Djogbénou mène désormais aux points

« ... Le juge d’instruction a rendu une décision qui était attendue, qui n’était que la décision normale dans un dossier de cette nature. Le premier dossier dit tentative d’empoisonnement et aussi association de malfaiteurs. Pour ce premier dossier, le juge a rendu une ordonnance de non lieu. Qu’est-ce que ça veut dire ? Le juge d’instruction est un juge qui instruit, qui enquête. Et quand il a fini d’instruire, c’est-à-dire d’enquêter, de réunir ce qu’on lui a confié comme éléments de preuve, de procéder lui-même à ses investigations, il doit se prononcer, c’est-à-dire, donner son opinion. S’il considère que les faits sont accomplis ou avérés, que l’infraction est constituée, il fait ce que la loi lui recommande : Transmettre le dossier à la chambre d’accusation si c’est un crime ou saisir telle juridiction si ce n’est pas un crime, si c’est un délit ou une contravention. S’il considère que les faits ne sont pas avérés, il rend une ordonnance de non lieu. C’est ce qu’il a dit dans ces deux dossiers. Il considère qu’il n’y a pas lieu à suivre pour ce que l’on a considéré comme tentative d’empoisonnement. Parce que l’infraction n’est pas constituée, on le disait depuis fort longtemps. Il a dit qu’il n’y a pas lieu à suivre pour ce que l’on a qualifié de tentative de coup d’Etat, au regard des éléments de fait et de droit. Sans doute, il a conclu. Et les conséquences sont là. Les conséquences, il ne les a pas inventées. Si un juge considère qu’il n’y a pas lieu à suivre dans une affaire comme celle-là, et dans toute affaire, si les personnes sont en détention, elles sont d’office mises en liberté. C’est le code de procédure pénale qui le dit. Et puis, s’il y a des choses qui ont été confisquées, ces affaires sont remises aux bénéficiaires, aux personnes qui en sont propriétaires. C’est ce qu’il a dit des mandats ; dans un dossier dans lequel on a dit qu’il n’y a pas lieu à suivre, ces mandats sont anéantis… La justice nous donne une leçon que nous attendions et par rapport à laquelle nous étions quasiment désespérés.

Et c’est parti d’un juge très jeune, à peine la trentaine, qui a tous les éléments de vulnérabilité familiale, professionnelle, relationnelle. Mais en dépit de la présence d’un procureur, à la fois proche et puissant, en dépit de la présence d’un gouvernement, d’un président qui instruit, en dépit de cette crainte normale, naturelle que tout le monde peut avoir dans sa position, le jeune juge a interrogé sa conscience, les faits, le droit et est arrivé à cette décision. C’est un acte de courage. Lorsque j’ai été informé de cette décision, je me suis dit que si le courage avait un nom, il porte le nom de Angelo Houssou. Et de ce point de vue, c’est une interpellation en chacun de nous.

Vous vous souvenez de cette affaire. On a montré comme un trophée des produits qui seraient radioactifs, toxiques, avec toute la pression que l’on a mis en œuvre, avec tout l’accompagnement politique qu’on a mis en œuvre. Vous n’avez pas oublié les compassions. J’espère qu’elles n’étaient que provisoires puisque maintenant, elles doivent être retirées. Vous n’avez pas oublié les marches et les messes ; toutes ces pressions qu’on a exercées sur un jeune juge du 6ème cabinet, à qui l’on a confié ces dossiers, en espérant sans doute que par rapport à sa virginité intellectuelle et professionnelle, on pourrait agir sur sa conscience et obtenir ce que l’on veut. Qu’il ait pu ; c’est une leçon qu’il donne simplement encore une fois à toute la magistrature, à toute la justice. Et ce qu’un juge seul, si vulnérable a fait, pensez-vous que c’est trois juges devant la chambre d’accusation qui vont refuser de le faire ? Pensez-vous que ce sont des juges à la Cour Suprême qui vont refuser de le faire ? Ils vont refuser de regarder cet acte de courage, en dépit de toutes ces pressions ? Alors qu’on a, soi-même, invité le juge à la Présidence de la République pour se faire entendre ? Ce qui n’a pas été obtenu par un seul juge, pensez-vous que cela sera obtenu par trois juges ? On peut encore rêver.... »



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