Après la recomposition du groupe parlementaire Nation et développement : La Rb dans la mouvance ou dans l’antichambre de l’opposition ?

Angelo DOSSOUMOU 14 novembre 2013

La classe politique nationale a, depuis quelques jours, sonné l’heure des grands chamboulements. Et la nouveauté est qu’aujourd’hui, la démarcation entre mouvanciers et opposants se situe au niveau du projet de révision de la Constitution du 11 Décembre 1990. Ainsi, être mouvancier suppose forcément adhérer à la révision de la Constitution. Autrement, l’on vous taxe d’opposant. La règle ainsi définie, il devient de plus en plus facile pour Boni Yayi de compter ses soutiens et de savoir à quoi s’en tenir avec ses néo-opposants. Mais malgré certaines clarifications de députés par des déclarations ou par leur désormais proximité politique avec des antirévisionnistes, la grande préoccupation est de situer la Renaissance du Bénin (Rb) sur l’échiquier politique national. Fait-elle toujours partie de la mouvance présidentielle ou est-elle dans l’antichambre de l’opposition ?
En effet, à l’Assemblée nationale, la semaine dernière a été marquée par une recomposition des groupes parlementaires. Le haut lieu de la politique béninoise a ainsi vu Candide Azannaï de l’alliance Fcbe soutenant les actions du chef de l’Etat, mais très critique à l’endroit de sa famille politique et antirévisionniste, prendre les commandes du groupe parlementaire Cohésion nationale et paix. Ceci, grâce aussi bien à d’autres députés Fcbe que des non inscrits ou des transfuges de la Rb pourtant annoncés au départ favorables au pouvoir en place et donc à la révision de la Constitution. Les renaissants, de leur côté, ont réussi à reconstituer leur groupe parlementaire grâce à trois députés Fcbe volontaires. Car, contrairement à la collégiale solidarité des Fcbe et de leur leader Boni Yayi qui étaient attendus pour donner un coup de main aux renaissants au palais des gouverneurs, rien n’aurait été possible sans l’exclusive détermination des députés Kindjanhoundé, Prudencio et Goutolou. Alors, toute cette mésaventure des renaissants ne serait-elle pas due au clair-sombre qu’ils entretiennent au sujet de la révision de la Constitution ? Tout porte à le croire.

Des signes qui ne trompent pas
Et dans ce labyrinthe politique qui ne dit pas son nom, la Rb lâchée par sa famille politique au parlement quand elle en avait le plus besoin, mais sauvée par la volonté de quelques téméraires de cette même famille politique, a aujourd’hui toutes les raisons de s’affranchir de la barque de la mouvance présidentielle. Ne dit-on pas que c’est dans le malheur qu’on reconnaît ses vrais amis ? Déjà, c’est le parti des Soglo qui de façon frontale avait été attaqué par les Fcbe et le Prd sur sa gestion de la municipalité de Cotonou. La Rb a forcément, face à autant d’ambiguïtés dans ses relations avec la majorité présidentielle, son libre arbitre. Mais ce qui est évident, c’est qu’elle est manifestement taxée par ses partenaires politiques d’antirévisionniste et donc plus proche de l’opposition que de la mouvance. Et pour ne rien arranger à cette suspicion légitime des révisionnistes, les deux leaders charismatiques de la Rb à savoir Nicéphore et Rosine Soglo se sont clairement prononcés contre la révision de la Constitution. Léhady Soglo est quant à lui resté muet sur la question. N’empêche, la conclusion est vite tirée et son silence assimilé à une approbation de la position de ses parents.

Des décrispations qui en disent long
De plus, depuis hier et à la faveur de la quatrième session ordinaire du conseil municipal, le Prd qui a donné un carton rouge à la révision et la Rb ont montré des signes de rapprochement. A la surprise générale, les conseillers Rb qui ont la majorité qualifiée pour s’arroger le poste de la présidence de la commission des affaires domaniales ont porté leur choix sur Alexandre Sohou, un conseiller Prd. Le Prd a rendu la politesse à la Rb en proposant puis en votant également pour Augustin Houessinon au poste de troisième adjoint au maire. Les Tchoco-Tchoco et les Houézèhouè alliés lors des élections présidentielles de 2011, mais qui ont après longtemps affiché leurs divergences ne sont-ils pas encore en train de se retrouver contre les Fcbe ? Et bien évidemment, la raison de ce réchauffement des relations Prd-Rb ne serait pas loin de leur antirévisionnisme.

Quid des trois députés Fcbe ?
D’ores et déjà, il se dit que les trois députés Fcbe sauveurs du groupe parlementaire Nation et développement sont, à cause de leur décision, classés dans le rang des potentiels antirévisionnistes. Il est vrai que le discours de l’honorable Zéphirin Kindjahoundé est nettement différent de ceux qu’ont l’habitude de servir les Fcbe révisionnistes. L’élu de la Nation a des réserves sur cette révision et son collègue Goutolou proche de l’ancien ministre Lambert Koty qui, curieusement est un proche d’un homme d’affaires antirévisionniste est sur la même longueur d’onde. En ce qui concerne la secrétaire parlementaire, Claudine Prudencio, elle s’est, jusqu’ici gardée de donner une position sur l’épineuse question de la révision de la Constitution. Le tout mis ensemble, il est très facile de déduire que ce sont des Fcbe antirévisionnistes qui ont rejoint la barque Rb à l’Assemblée nationale. D’où la légitime suspicion des ardents défenseurs de la révision sur la marche progressive de la Rb antirévisionniste vers l’opposition. Au vu des agissements des uns et des autres et du contexte sociopolitique, ce serait donc une demi-surprise de voir les Soglo revenir à la case de départ. Peut-être bien que les Houézèhouè attendent que le feu passe au vert avant de déclarer leur opposition au projet de révision de la Constitution et du coup signer officiellement leur mariage forcé avec l’opposition. Ce qui est sûr, donnons le temps au temps. Il nous dira de quel côté la Rb posera ses valises.



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