Audience solennelle de rentrée judiciaire 2018-2019 : La justice comme levier du développement du Bénin

Karim O. ANONRIN 26 octobre 2018

Le président de la Cour suprême du Bénin, Ousmane Batoko, a procédé ce jeudi 25 octobre au Complexe Tiwani à Porto-Novo, au lancement de l’année judiciaire 2018-2019. Ceci, à la faveur d’une audience solennelle à laquelle ont pris part les Magistrats, les Avocats, les présidents des institutions de la République, le représentant du Conseil d’Etat de France, les Magistrats ayant pris participé à la 11ème session de formation de l’Association Africaine des Hautes Juridictions Francophones (AA-HJF), les membres honoraires de la Cour suprême du Bénin, les auditeurs de l’institution et le Garde des sceaux, Ministre de la justice et de la législation, Sévérin Quenum, représentant le Chef de l’Etat, le président Patrice Talon. Placée sous le thème : Quelle justice pour quel développement ? », cette audience solennelle de la rentrée judiciaire s’est déroulée en 4 étapes. Il y a d’abord eu les observations du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Bénin, Me Yvon Détchénou. Il y a ensuite eu la réquisition du Procureur Général près la Cour suprême du Bénin, Onésime Madodé qui, dans son intervention a plaidé pour la mise à disposition de la Cour suprême d’infrastructures adéquates pour ses activités, la réforme du Parquet en offrant plus de garanties de neutralité et la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature (Csm) qui suscite des interrogations sur la configuration des membres. Pour lui, la réforme du Csm pourra offrir l’opportunité de revoir le processus de nomination de ses membres et de mettre le conseil à l’abri des suspicions. La troisième étape de l’audience solennelle a été l’intervention du président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, qui a non seulement fait le bilan de l’année judiciaire précédente, mais aussi développé, le thème retenu pour l’année judiciaire qui s’ouvre. Enfin, l’honneur est revenu au Garde des sceaux, Ministre de la justice et de la législation, Sévérin Quenum de boucler la série d’allocutions par son intervention qui invite tous les acteurs de la justice à travailler pour redorer le blason de la justice béninoise.

Le point de vue du président Ousmane Batoko sur la justice du développement.
Dans son allocution, le président Ousmane Batoko a apporté des clarifications sur le thème de la rentrée judiciaire intitulé : « Quelle justice pour quel développement ? ». A en croire ses propos, tout est d’abord question de l’aspiration du peuple et des mécanismes mis en place pour le développement. « Il est vrai, il y a unanimité pour convenir que dans le contexte d’Etat de droit, la justice doit avoir un rôle prééminent. Pour autant, cette prédominance doit-elle être telle qu’il reviendrait à la justice de fixer la forme de développement dans laquelle la collectivité nationale décide de s’engager ? La question prend alors une importance particulière en ce que le contenu même du concept de développement a beaucoup varié au cours des années et plus spécialement depuis l’indépendance du Bénin en 1960 (…) A la faveur de la Conférence des forces vives de la Nation de février 1990, le peuple béninois a exprimé le modèle de développement auquel il aspire en affirmant dans le 6ème considérant de sa loi fondamentale, sa détermination de créer ‘’un Etat de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque Béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle que spirituelle’’… », a déclaré le président Ousmane Batoko. Par ailleurs, il a laissé entendre que la justice de développement souhaitée doit être le fruit d’efforts collectifs. « …Le comportement des citoyens et des hommes politiques ne doit donc pas être de nature à jeter de l’opprobre sur la justice et ses acteurs. C’est pourquoi, du haut de cette tribune, je souhaite vivement qu’à l’issue des réformes courageusement engagées et mises en œuvre par le gouvernement, une justice qui révèle le Bénin comme un havre de paix, un laboratoire de référence, en matière d’Etat de droit et de démocratie, puisse voir le jour… », a poursuivi le président Ousmane Batoko.



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