Audition des Ministres à propos du projet de budget de l’Etat, 2014 : Trois Ministres dont Aké Natondé bouclent la liste hier au Parlement

Karim O. ANONRIN 20 novembre 2013

La Commission budgétaire de l’Assemblée nationale, présidée par le député Grégoire Laourou, a reçu hier les derniers membres du gouvernement. Ceci, dans le cadre de l’étude du projet de budget général de l’Etat, gestion 2014. Il s’agit du Ministre du développement, de l’analyse économique et de la prospective, Marcel de Souza, le Ministre des travaux publics et des transports, Aké Natondé et le Ministre des enseignements maternel et primaire, Eric Kouagou N’Dah. Chacun de ces Ministres a pu défendre devant ladite Commission, le budget de son département ministériel. Il y avait aussi hier au Parlement, le président du Conseil économique et social, Nicolas Adagbé. Il y était pour défendre le budget de l’institution pour l’année 2014. Il faut noter que démarrent demain, les discussions et amendements en vue des rapports spéciaux.

(Lire ci-dessous les impressions de ces Ministres passés devant la Commission budgétaire de l’Assemblée nationale)
Eric N’Dah, Ministre des enseignements maternel et primaire

« …Le ministère des enseignements maternel et primaire est le premier ministère qui transfère les ressources aux Communes… »

« …Le ministère des Enseignements maternel et primaire a un budget de 110 milliards de Fcfa. Mais quand on dit 110 milliards, vous comprenez que 80 à 85% sont constitués de salaires. Donc, cette année, contrairement à l’année dernière, il y a une amélioration des dépenses en capital. C’est très important parce que c’est à travers ces dépenses que nous investissons. Les dépenses en capital sont autour de 15 milliards contre 11 milliards pour l’année dernière. Nous constatons aussi, qu’il y a une diminution des frais de fonctionnement ; ce qui témoigne de la volonté du gouvernement de donner priorité aux investissements dans le secteur de l’éducation par rapport au fonctionnement. Voilà grosso modo comment notre budget est structuré. Maintenant, quand nous rentrons dans la réalisation du budget 2013, parce que c’est cela qui nous permet d’apprécier le budget 2014, nous constatons que nous sommes autour de 75% de consommation à la date du 30 septembre 2013, ce qui est conforme, puisque ça fait environ trois trimestres et nous espérons que dans le quatrième trimestre c’est sûr, nous serons à un taux de plus de 90%. Par rapport aux recommandations des députés, ils ont souhaité que la question de la formation du personnel enseignant soit une question prépondérante, parce que la qualité de notre système éducatif en dépend. Si nous avons des salles de classe, des élèves et que ceux qui doivent les enseigner n’ont pas les capacités requises pour le faire dans les règles de l’art, nous sommes sûrs que nous n’aurons pas de bons résultats. Nous avons déjà pris des dispositions à travers les réformes pour qu’au niveau des Ecoles normales d’instituteurs publiques et même privées, nous puissions améliorer les programmes de formation ; afin de rehausser la qualité des enseignants qui y sortent. Il faut que la formation des formateurs soit améliorée afin que ceux-là aient les qualités requises pour aller sur le terrain et former nos enfants. Aussi, par rapport au dialogue social qui est un impératif, parce que s’il n’y a pas de dialogue social, c’est sûr qu’il n’y aura pas la paix et quand il n’y a pas la paix, nous ne pouvons pas travailler en toute quiétude. Je pense qu’à ce niveau, les députés ont apprécié ce qui se fait au niveau du ministère et ils nous ont demandé de continuer dans cette optique et de faire en sorte que le dialogue entre les syndicats et l’administration ne soit jamais rompu. Donc, voilà de façon ramassée, les grandes recommandations que les députés ont eu à faire. Ils ont également demandé le transfert des ressources vers les communes, conformément à la loi sur la décentralisation et nous avons dit, comme vous le savez, que le ministère des enseignements maternel et primaire est le premier ministère qui transfère les ressources aux Communes. Depuis 2010, nous avons transféré près de 12 milliards vers les Communes sur le budget national et sur le budget des partenaires, ce transfert doit être aussi autour de 10 milliards (…) Je voudrais vous dire que par rapport à la question des élèves qui étudient à ciel ouvert, le gouvernement en est conscient et nous l’avons dit. Il nous faut au moins 12000 salles de classe pour couvrir tous les besoins de notre système éducatif. Si sur une salle de classe vous évaluez, c’est un montant énorme qu’on ne peut pas mobiliser en un temps record. C’est pourquoi, c’est progressivement que nous le faisons. Nous avons construit par an 1200 salles de classe, mais le problème qui se pose est qu’au même moment où nous construisons les salles de classe, il y a des besoins de création d’écoles, des besoins de scission, donc, les besoins s’accroissent. C’est pour cela que le président de la République, à travers l’initiative de Dogbo, a invité toute la population du Bénin à s’impliquer dans la construction des salles de classe. Au lieu de construire une salle de classe autour de 25 à 30 millions de Fcfa, qu’on la construise autour de 17 millions et nous sommes en train de l’expérimenter dans toutes les Communes. Nous avons transféré 3 milliards au niveau de toutes les Communes à raison de deux modules de classes par Commune (...) Les salles de classe que nous construisons aujourd’hui, sont des salles qui sont l’objet des conventions qui étaient signées avec des maîtres d’ouvrage depuis 2008 et dès que nous allons finir ces conventions, la priorité sera donnée au transfert des ressources, parce qu’il faut le faire. Je suis même prêt à ce qu’on transfère la gestion des ressources humaines aux Communes (…) C’est pour cela que j’aimerais vous rassurer que mon ministère par rapport à cette question cruciale du personnel, est en train de prendre des dispositions pour que chaque année, non seulement on recrute, mais aussi qu’on puisse discuter. Peut être un jour, nous pouvons avoir des enseignants recrutés directement au niveau des Communes et gérés à ce niveau là pour nous permettre de juguler le problème, parce qu’on a besoin comme je viens de le dire de 10.000 enseignants et chaque année ils vont à la retraite, mais au même moment, nous avons des obligations avec les institutions de Bretton Woods qui nous fixent la masse salariale à un niveau donné, qu’on ne peut pas dépasser. Si nous dépassons ce niveau qui est fixé, nous sommes en porte à faux avec nos partenaires

Bonaventure Aké Natondé, Ministre des transports et des travaux publics
« …Pour 2014, nous sommes en train d’aller à près de 400 km de route à lancer très prochainement… »

« …Effectivement, comme l’exige la Constitution, nous venons de passer devant la commission budgétaire de l’Assemblée nationale pour défendre le budget 2014 de notre département ministériel. C’est un budget qui est en hausse de 30% par rapport à celui de l’année dernière. Ce qui dénote de la volonté du gouvernement et celle du chef de l’Etat de renforcer les infrastructures et les services de transports dans notre pays. Les honorables députés ont fait des contributions très enrichissantes et des observations pertinentes que nous avons promis de prendre en compte. Vous savez, pour cette année qui commence, nous avons de très grands projets ferroviaires et routiers, de grands projets dans le domaine du renforcement des appuis pour l’entretien des routes. Il y a la route Akassato-Bohicon dont le financement est bouclé, nous avions prévu le démarrage de cette route pour la fin de l’année 2013 au plus tard. Mais tel que les choses évoluent, d’ici le mois de décembre, le troisième lot va démarrer tout comme les deux premiers lots. Pareil pour l’aéroport de Tourou dont les travaux étaient aux arrêts, il a été prévu dans le budget d’achever ces travaux. En ce qui concerne les chemins de fer, nous avons profité de notre séance devant la représentation nationale pour informer les députés des nouvelles dispositions prises par les gouvernements des deux pays à savoir le Bénin et le Niger pour doter nos deux pays d’une ligne ferroviaire solide dans le cadre de la boucle ferroviaire. Ceci se fera à 80% avec des capitaux privés, les Etats eux-mêmes ne détenant chacun que 10%. Les projets de construction des ponts pour le désenclavement, ont été passés au peigne fin (….) Les députés ont fait beaucoup de contributions que nous devons prendre en compte pour la gestion quotidienne des affaires de notre département ministériel. Pour ce qui concerne les projets de l’année prochaine, je voudrais aussi préciser qu’il a été prévu la construction de 15 ponts métalliques dont le démarrage aura lieu dans le premier trimestre de l’année 2014. En matière de routes, avec la route Akassato-Bohicon d’un linéaire de 103 km, la route Comé-Lokossa-Dogbo de 67 km avec sa bretelle Zounhouè-Athiémé-Frontière du Togo de 71 km et la route Parakou-Djougou qui fait 135 km, globalement, nous sommes en train d’aller à près de 400 km de route à lancer très prochainement. Ceci, sans compter les routes dont les études sont en cours actuellement et qui vont déboucher sur le financement des partenaires techniques et financiers (…) Par rapport à la polémique concernant les entreprises chinoises, je ne pense pas qu’on ait pu dire que les entreprises ne réalisent pas les travaux comme cela se doit. C’est vrai qu’il y a un débat autour de la question, mais ce que je veux inviter les nationaux à faire, c’est de tout faire pour mieux faire que les Chinois (…) Il faut que l’entrepreneuriat national se renforce à travers sa capacité à offrir des services de qualité et ce débat sera clos définitivement… »

Marcel de Souza, ministre du développement, de l’analyse économique
« …J’ai annoncé que le gouvernement organise à Paris les 4, 5,6, et 7 mars 2014, une table ronde pour exprimer une nouvelle vision de développement… »

« …Le ministère du développement, de l’analyse économique et de la prospective est un ministère transversal. Nous travaillons avec tous les ministères, aussi bien pour les projets que pour les stratégies de développement. Notre budget est de 11 milliards de Fcfa dont 2,8 milliards pour les dépenses ordinaires et 8,4 milliards pour les dépenses en capital. A notre budget, il a été imputé pour l’emploi des jeunes, la somme de 1,5 milliard de Fcfa au titre du projet pour l’entrepreneuriat agricole Songhaï. Ce projet a fait l’objet d’un long débat sur l’efficacité et nous avons dit que c’est ce projet qui va améliorer le rendement et la productivité, donner de l’emploi à des jeunes et faire effectivement de notre pays une puissance agricole dans la sous-région ; surtout au Burkina Faso, au Niger, ou au Mali où ils ont un déficit de 3,5 millions de tonnes de céréales du point de vue sorgho, mil, maïs et tout ce que nous pouvons produire dans nos vallées. Vous savez bien que dans nos vallées, nous avons de grandes possibilités, mais ces vallées ne sont pas aménagées. Nous avons obtenu des financements et en principe, la vallée de l’Ouémé pourra être mise en valeur pour conforter la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Bénin et conforter également dans notre sous-région notre puissance agricole. A part les centres Songhaï, nous avons les villages du millénaire pour lesquels on n’arrive pas toujours à apporter les fonds que le budget national doit y mettre. Nous avons à Banikoara, des villages du millénaire pour lesquels le Japon et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) ont eu à mettre des moyens. Il s’agit de mettre les moyens pour réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015 dans deux villages de Banikoara. Et dans ces deux régions, le projet consiste à donner de l’emploi aux jeunes, de mettre les commodités comme la santé, l’école, la production, les stockages, la transformation des produits pour améliorer les conditions de vie des populations. Malheureusement, nous n’avons que 15.000 personnes dans ces zones. Nous avons également ciblé 11 villages du millénaire dans tout le Bénin. Nous avons mené des enquêtes pour voir le département le plus pauvre du Bénin. Nous avons constaté que c’est le département de l’Alibori. Nous avons découvert que la Commune la plus pauvre du Bénin est la Commune de Banikoara. Nous sommes en train de faire des investissements. Nous y avons déjà construit 81 salles de classe. Nous avons recruté des enseignants que nous allons payer pendant deux ans sur le projet village du millénaire. Il reste les 11 projets des autres villages du millénaire pour lesquels nous n’avons pas encore de financement (…) Par rapport aux observations des députés, j’ai remarqué que quand j’étais déjà passé devant eux pour ce qui concerne le Programme d’investissement public (Pip), parce que tous les ministères discutent avec moi de leurs projets, ça a été très dur. On a eu des critiques acerbes, surtout de l’opposition. Ils sont dans leur rôle. On a même eu des critiques personnels. Nous avons accepté la chose telle qu’elle se présentait. Mais ce soir, nous avons eu des discussions apaisées, très constructives et notre souhait est que ça soit toujours comme ça. Dans ce cadre là, les députés ont voulu savoir ce qu’est devenu le projet de l’aéroport de Glodjigbé. Nous leur avons expliqué que le projet couvre 3028 hectares et concerne 3 Communes à savoir Abomey-Calavi, Zê et Tori-Bossito. Nous leur avons dit qu’on a déjà fait le bornage contradictoire et qu’il ne reste qu’à faire le dédommagement. Et pour faire le dédommagement, il faut d’abord faire l’occupation du sol (…) Le développement, ce n’est pas quelque chose qu’on arrive à faire du jour au lendemain. Le développement, c’est arriver à créer un mieux être pour l’ensemble de la population. Nous sommes 10 millions d’habitants, mais aujourd’hui, nous manquons cruellement d’infrastructure. Un pays où vous avez au minimum 4 heures de délestage par jour, quel développement vous voulez faire ? Nous n’avons pas l’énergie, toutes nos routes sont dans de mauvais état, nous n’avons pas de train. Lorsque le train quitte Cotonou pour aller à Allada, ça met 6 heures. Donc, nous avons besoin des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et même des infrastructures pour l’agriculture. Notre agriculture est pluviale. Si nous voulons parler de développement, nous devons maîtriser l’eau (…) Il faut reprendre les choses en main. C’est pour ça que j’ai annoncé que le gouvernement organise à Paris les 4, 5,6, et 7 mars 2014, une table ronde pour exprimer une nouvelle vision de développement parce que nous sommes à un taux de croissance de 3 à 4%. Ce n’est qu’en 2012 que nous avons 5,4%. En 2013, nous espérons atteindre 6,5% et en 2014, aller un peu plus. Pour que la pauvreté soit impactée, il faut que nous arrivions à un taux de croissance de 7,5 à 8%. Nous sommes encore loin… »



Dans la même rubrique