Blocage des élections pour non disponibilité de ressources/Depuis le Bénin profond le chef de l’Etat s’explique : Yayi atteint par le syndrome de fatigue démocratique

Angelo DOSSOUMOU 23 septembre 2014

Boni Yayi met les Béninois face à leur esponsabilité

Le fond de l’absurdité démocratique est atteint au Bénin. La rumeur de l’évocation par le régime en place, de la non disponibilité de ressources financières pour organiser les élections est passée de l’étape de rumeur à la réalité. Depuis le département du Borgou où il était le week-end écoulé pour une série d’activités, le président Boni Yayi a parlé sans langue de bois. Il a publiquement évoqué la non disponibilité de ressources pour l’organisation des élections au Bénin. Tenez. Boni Yayi depuis le Bénin profond a déclaré : « Je suis triste. 100 milliards pour les élections depuis 2006. La Cena demande 22 milliards. Le Cos-Lepi 8 milliards. Nous devons nous asseoir et parler… Partout, on nous demande pourquoi on n’organise pas les élections et j’ai honte. Ce n’est pas la démocratie dont le peuple béninois a rêvé… ». Et pour se donner bonne conscience après ce syndrome de fatigue démocratique qui surprend à peine le Béninois averti, il a lancé à qui veut l’entendre : « Si la communauté internationale en doute, elle n’a qu’à envoyer un audit international. Car nos élections coûtent trop chers au Bénin ».
Le morceau est lâché. Plus de doute. Mais les propos de Yayi donnent froid au dos. Sinon, si ceux qui avaient évoqué en 2O05 la non disponibilité des ressources pour bloquer les élections étaient allés au bout de leurs idées, serait-il aujourd’hui au pouvoir ? Et si tant est qu’il déplore la cherté des élections au Bénin, qu’a-t-il fait de façon concrète pour que la donne change très tôt ? Il est trop facile après l’organisation de plusieurs scrutins, dont celui de sa réélection, de venir servir au peuple, alors qu’on est en fin de mandat et que le tapis rouge doit être déroulé à un autre régime que les élections coûtent chers au Bénin.

Même s’il y a une part de vérité
L’heure est grave. Des conclusions doivent être tirées. Et aujourd’hui, s’il apparaît clairement que la démocratie béninoise revient chère aux contribuables béninois, la faute est en grande partie imputable à la classe politique nationale. Elle s’est toujours taillée la part du lion avec des organes budgétivores en charge des élections. Des milliards que Yayi a peut-être de bonnes raisons de regretter. Mais, un peu tard. Certains diront, qu’il est un médecin après la mort. Les élections n’attendent pas et doivent être prévues de longues dates. Mais au Bénin, on se surprend à constater que les élections sont là et qu’il n’y a pas assez d’argent pour les supporter et qu’il faille s’asseoir, alors que le temps presse, pour réfléchir à un mécanisme pour réduire les dépenses. Hélas !
Tout compte fait, Yayi complique la tâche à Holo et autres sages de la Cour constitutionnelle en foulant aux pieds le principe fondamental de la démocratie qui est l’organisation à bonne date des élections. Et pour éviter cette situation abracadabrante, la Cour constitutionnelle prendra-t-elle très tôt ses responsabilités ? Visiblement, elle ne peut plus rien. Faute d’anticipation, elle se retrouve, elle aussi au banc des accusés de la mort programmée de la démocratie béninoise qui a, depuis fort longtemps, perdu ses attributs.



Dans la même rubrique