Commémoration du 1er mai : Les centrales syndicales refusent de trinquer sur la misère des travailleurs

La rédaction 30 avril 2013

Les travailleurs du Bénin, par la voix de leurs responsables syndicaux, entendent marquer la rupture avec la traditionnelle cérémonie de dépôt de cahiers de doléances à l’occasion de la célébration du 1er Mai, journée internationale du travail. Suite à l’invite du Ministre de la fonction publique et du travail, ni la Cosi, la Csa, la Cstb, encore moins la Cgtb n’a manifesté une volonté affichée de participer à la rencontre. Certaines centrales syndicales ont opposé un refus catégorique à ce qu’elles qualifient de folklore et d’autres ont programmé leurs propres activités pour célébrer ladite journée. En somme un boycott. Il faut dire qu’au terme des interventions, les centrales dénoncent unanimement la rupture du dialogue social à travers notamment le blocage des négociations Centrales syndicales/ Gouvernement. Outre la rupture des négociations, la revalorisation du point indiciaire, la chèreté de la vie, la violation des libertés, le problème du carburant,…, sont relevées par les centrales syndicales.

Dieudonné Lokossou, secrétaire général de la Csa-Bénin

Madame le Ministre,

J’accuse réception de votre correspondance N°961/MTFP/DC/SGM/DGT/DRP-CNT en date du 26 Avril 2013, relative à votre invitation citée en objet et vous en remercie.

En réponse, il me paraît utile de rappeler à votre souvenir quelques faits importants liés à l’organisation et à la gestion de cette activité et que vous semblez occulter, alors que la CSA-BENIN, ayant un devoir de mémoire, n’a nullement varié dans sa position précédemment notifiée.

En effet, depuis Mai 2009, la CSA-BENIN qui est l’une des Confédérations les plus représentatives de notre pays ne dépose plus de cahier de doléances au nom des travailleurs des secteurs public, para-public et privé ; ceci en raison du caractère folklorique qui marque, chez vous, un évènement aussi important, car célébré avec faste, amour et respect par tous les travailleurs à travers le monde entier. Le 1er Mai 2012, faut-il le rappeler, ma Confédération faisait partie de celles qui avaient refusé, à juste titre, de participer au rituel annuel et stérile de présentation de cahier de doléances organisé pour coller à l’ère du temps ou pour faire tout simplement plaisir au gouvernement dit du changement ou de la refondation qui ne cesse de bafouer allègrement les libertés publiques notamment celles syndicale et de la presse.

A quoi sert donc la Commission Nationale Permanente de Concertation et de Négociations Collectives Gouvernement/Centrales et Confédérations Syndicales, une structure au sein de laquelle vous êtes Vice-Présidente ?

Face au blocage qu’entretient à dessein le Gouvernement depuis le 19 Novembre 2012, date de notre dernière rencontre, les Secrétaires Généraux de la CSA-BENIN et de la CSTB, dans l’intérêt supérieur des travailleurs aujourd’hui réduits à une misère ambiante, ont pris leur responsabilité en saisissant par lettre en date du 03 Avril 2013, le Président de la Commission, son excellence le Premier Ministre. Dans cette correspondance, nous avons fait la proposition d’un ordre du jour et souhaité la convocation sans délai des membres de la commission pour se pencher sur les nombreux maux qui minent le monde du travail. Nous attendons toujours la suite de notre requête.

Comme vous le savez si bien, l’invitation à la cérémonie de dépôt de cahier de doléances semble à nos yeux, l’une des stratégies de diversion du Gouvernement. Ma Confédération refuse à nouveau de prêter flanc à cette mascarade. Il n’est pas superflu de vous signifier que les cahiers de doléances précédemment déposés par la CSA-BENIN auprès de votre Administration à l’issue de cérémonies suivies de ripailles onéreuses n’ont jamais fait l’objet d’attention particulière. Jusqu’à preuve du contraire, cet exercice annuel fastidieux du dépôt de cahier de doléances auquel se livrent avec zèle certains camarades au mépris de la solidarité syndicale, n’a jamais réglé les choses au mieux des intérêts des travailleurs.

Il serait intéressant que, vous fassiez connaître aux travailleurs et au peuple, les suites qui ont été réservées par le Gouvernement aux différentes doléances formulées par les Confédérations et Centrales syndicales non représentatives le 1er Mai 2012. A défaut de ce bilan vivement souhaité, le reste n’est qu’un leurre.

Je voudrais saisir cette opportunité pour vous dire que ma Confédération est préoccupée par un certain nombre de problèmes brûlants qui défraient actuellement la chronique depuis un certain temps dans notre pays. Il s’agit comme vous vous en doutez, de l’organisation des concours de recrutement d’agents de l’Etat au profit du ministère de l’économie et des finances. Il s’agit aussi de la proclamation des résultats le 31 Décembre 2012, issus desdits concours. Le cadre festif de la cérémonie du dépôt de cahier de doléances le 1er Mai ne permettra pas, à mon avis, de discuter en profondeur et avec sérénité entre partenaires sociaux des problèmes des travailleurs, à moins que l’on veuille les banaliser comme il est de coutume pour continuer de duper les gens et proroger la misère des travailleurs.

Revenant à l’invitation que vous avez adressée à une certaine CSEB au même titre que les autres Confédérations Syndicales en violation des textes en vigueur que vous maîtrisez pourtant si bien. A ce sujet, il me plaît de vous rappeler, à toutes fins utiles que, l’article 8 du décret 2006-132 du 29 Mars 2006 portant définition des différentes formes d’organisations syndicales et critères de représentativité dit ce qui suit : " Seules les Centrales ou Confédérations ayant pris part aux élections professionnelles sont invitées aux manifestations officielles organisées par le Gouvernement et autre activité administrative ".

A l’alinéa 2 du même article, il est mentionné que, citation : "Toute Centrale ou Confédération syndicale qui n’a pas pris part aux élections professionnelles ou créée entre deux élections ne saurait prétendre à représenter les travailleurs qu’après sa participation aux élections suivantes" Et la CSEB se trouve bel et bien dans ce cas de figure. Par une lettre en date du 21 Décembre 2012, signée par les Secrétaires Généraux de la CSTB, de la CSA-BENIN, de la CGTB, de la COSI-BENIN et de la CSPIB votre attention avait été déjà attirée sur cette situation anormale lorsque, pour créer la confusion, vous aviez, exprès, invité ladite CSEB avec les Confédérations et Centrales existantes. Cette nouvelle invitation au mépris des textes légaux, pourrait confirmer alors les soupçons selon lesquels c’est le gouvernement qui est à la base de la création de la CSEB. J’ose croire qu’avec ces pertinentes observations que je viens de réitérer, vous allez pouvoir dire au responsable de la fameuse CSEB de garder toute sa patience. Il faut réellement que force reste à la loi. Dans tous les cas, il faut éviter de donner l’impression aux travailleurs que pour des raisons inavouées, le Ministre a fait le choix de la politique de deux poids deux mesures.

Au regard de tout ce qui précède, vous conviendrez aisément avec moi, Madame le Ministre, que les conditions ne sont pas encore réunies pour permettre à la CSA-BENIN de répondre favorablement à votre invitation du 1er Mai 2013.

En termes clairs, mon organisation syndicale a décidé, en toute connaissance de cause, de boycotter la cérémonie de présentation de cahier de doléances édition 2013 qui ne constitue qu’un paravent pour continuer d’entretenir du dilatoire. Je préfère vous donner rendez-vous au mois de Juin à la Conférence Internationale du Travail à Genève où chacun de nous pourra s’expliquer devant l’Assemblée Générale.

Dans cette attente, veuillez recevoir Madame le Ministre, l’expression renouvelée de mes sentiments cordiaux.

Dieudonné Lokossou,
secrétaire général de la Csa-Bénin

« À quoi sert la présentation des cahiers de doléances dans la mesure où nous avons déjà un cadre de concertation ? »

Nous avons reçu une invitation le vendredi où le ministre du travail et de la fonction publique nous a une fois encore invités, à nous présenter à l’Infosec dans le cadre de la cérémonie de présentation des cahiers de doléances. Malheureusement, je dois vous dire que depuis 2009, la Csa-Bénin n’a plus jamais participé à cette cérémonie qui, pour moi n’a pas de sens, en raison de son caractère folklorique. Puisque, lorsque nous avons déposé ces cahiers-là, nous n’avons jamais été reçus pour en discuter. Certes, il y a des collègues qui continuent d’exceller dans la présentation de ces cahiers de doléances, ils sont dans un jeu flou avec le Ministère du travail et de la fonction publique pour tromper l’opinion. Ma confédération est une confédération réellement représentative des travailleurs. Nous devons respecter leurs aspirations et c’est pour cela que cette année encore, nous avons préparé une belle lettre pour dire au Ministre que nous la remercions, mais que malheureusement, les autres cahiers n’ont jamais reçu un écho favorable de sa part et nous ne pouvons cette année répondre favorablement à son invitation. D’abord, ça sert à quoi la présentation des cahiers de doléances dans la mesure où nous avons déjà un cadre de concertation dirigé par le 1er Ministre à qui nous, au niveau de la Csa et de la Cstb, avons adressé une lettre pour relancer les négociations. Nous attendons la réponse à cette requête de relance des négociations. Donc, nous ne voulons pas prêter à un jeu de diversion.

Dans notre lettre adressée le 3 avril dernier, nous avons suggéré un ordre du jour qui comporte un certain nombre de points. Vous savez qu’il y a eu le 31 décembre 2012, la proclamation des résultats issus des concours organisés par le ministère de la fonction publique en vue de recruter des agents permanents de l’Etat au profit du ministère de l’économie et des finances. Nous avons donc cela comme point à discuter, parce que jusqu’ici, cela n’a pas été clarifié. Nous avons aussi demandé les modalités pratiques pour l’application à tous les agents permanents de l’Etat, sans distinction, du coefficient de revalorisation des 25% du relèvement de l’indice de traitement et conformément au décret n°2011-505 du 5 août 2011. Nous avons aussi parlé des agents de l’Ocbn. Leur situation devient dramatique parce que depuis 12 mois, ils sont sans salaire. Aussi, nous avons voulu que soient restitués aux Ape les fonds illégalement prélevés sur leurs salaires pour faits de grève.

Au niveau de la Csa, vous savez que nous avons actuellement le régime d’Assurance maladie universelle que nous appelons le Ramu. A ce sujet, nous avons un spécialiste-maison, un membre du bureau, en l’occurrence le 1er Secrétaire général adjoint de la Csa, le Camarade Hounguèvou qui a travaillé à la Caisse nationale de sécurité sociale où on a des régimes d’assurance. Donc, il va nous entretenir le mercredi 1er mai. Il va nous présenter un peu le contenu du Ramu. Donc, nous organisons une causerie à l’intention de nos militants et militantes et autres invités de marque. A l’issue de cette causerie, nous allons partager un repas fraternel.

Noël Chadaré,
Secrétaire Général de la Cosi-Bénin

« On menace les travailleurs, on use des intimidations…on fait des défalcations qui sont injustifiées, on viole les textes »

Nous avons reçu l’invitation du Ministre du travail et de la fonction publique, pour le mardi 30 avril 2013 à 16 heures à l’Infosec pour déposer les cahiers de doléances. Je crois que l’année dernière, il y avait déjà eu une situation. Quatre centrales, telles que la Cstb, la Cosi, la Cgtb et la Csa ont décidé de faire la politique de la chaise vide. On a décidé de ne plus y aller parce que c’était du folklore. Il ne faut pas aller remplir une formalité juste parce qu’il faut le faire. Parce que dans les pays où les gens se respectent, et prennent en compte ce que les travailleurs disent et où ces traditions se perpétuent, c’est qu’on donne suite à ce qui a été déposé. Le gouvernement fait une sélection, une synthèse de ce qui est contenu dans le cahier de doléances. Ensuite, il appelle le représentant des travailleurs pour discuter de ce qui peut advenir de ces revendications contenues dans le cahier de doléances. Mais au Bénin, une fois que c’est fait, surtout sous le régime Yayi Boni, c’est la formalité pour montrer que ces revendications sont à étudier, alors que c’est un trompe- l’œil. On ne donne pas suite à cela. Donc, nous avions estimé l’année dernière que cela ne valait pas la peine d’aller là-bas. Surtout que nous avions demandé le 4 avril 2012 que le pouvoir ouvre à nouveau les négociations gouvernement- Centrales syndicales afin de discuter de la crise qui sévit dans le secteur de l’enseignement. Le pouvoir ne nous a pas appelés pour quelque chose de sérieux. Pour une chose qui est sérieuse, on nous a laissés, et on nous invite pour faire une formalité. On n’est pas allé pour ces deux raisons là.

Cette année, on est presque dans le même schéma. Je ne dis pas qu’on n’y sera pas, mais si on analyse la situation, c’est que depuis le 4 avril où on a demandé qu’on nous invite pour ouvrir la négociation, et discuter de la crise du secteur de l’enseignement, on ne nous a appelé que les 15 et 16 octobre pour les négociations gouvernement- Centrales syndicales. C’est juste pour tromper la vigilance des gens. On nous a appelés, on n’a rien fait de concret, et depuis ce moment c’est le silence. La Cosi a fait une déclaration pour demander qu’on ouvre les négociations. Cette année, précisément le mois dernier, la Csa et la Cstb ont écrit au président de la commission permanente gouvernement-Centrales syndicales pour lui demander d’ouvrir les négociations. On n’a rien fait de ça et on nous appelle pour nous demander de venir déposer les cahiers de doléances. Il y a les persécutions, des gens qui ont été arrêtés. Pour peu, on trouve une petite occasion pour leur régler des comptes. Et dans ce climat délétère, vous convenez avec moi que si nous devons y aller, nous devons nous retrouver entre nous, pour savoir si le jeu en vaut la chandelle. Parce qu’on menace les travailleurs, on use des intimidations sur les travailleurs, on fait des défalcations qui sont injustifiées et qui ne s’appuient sur aucun texte, parce qu’on viole les textes qui sont élaborés et approuvés. Par conséquent, nous allons analyser tout cela, pour savoir si le 1er mai prochain, nous allons déposer les cahiers de doléances. On appréciera et on avisera. On ne peut pas vous dire de facto que non. Les conditions sont pires que celles de l’année dernière. Puisque nous sommes dans une unité d’action avec les autres, je ne veux pas devancer les choses.

Ce qui va se passer au niveau de la Cosi, il y aura un défilé des travailleurs du secteur de l’informel à travers les rues de Cotonou. Ça va partir du Lycée Coulibaly pour échouer à la bourse du travail. Ensuite, nous allons nous retrouver dans la salle où, nous allons réfléchir, parce qu’on va associer la réjouissance à la réflexion sur les conditions des travailleurs. Il s’agira des perspectives, des relations entre le pouvoir et nous, l’avenir du syndicat face à un pouvoir qui refuse de négocier, des stratégies à adopter pour contrer les assauts du pouvoir et autres sujets. C’est une occasion pour la Cosi de rendre un hommage à mon prédécesseur, le Camarade George Kakaï Glèlè qui est invité au cours de cette fête. Il est parti avant Gaston Azoua, conformément aux textes statutaires.

Paul Essè Iko,
Secrétaire général intérimaire de la Cstb

« C’est une journée qui se place sous le signe de la résistance face au gouvernement »

Ma confédération a refusé de continuer à participer à des cérémonies protocolaires au cours desquelles on récite comme un chapelet à la messe, les revendications, le ministre écoute ou même fait semblant d’écouter, ne fait aucun programme sur les problèmes posés et jette nos papiers dans un tiroir. C’est une cérémonie à laquelle on va vous donner de sandwich, de cocktail, quelques boissons pour dire qu’on est en train de fêter le 1er mai. Le 1er mai est arrivé comment ? C’est cette question qu’il faut se poser. Nos parents, nos anciens parents ont eu à trimer, à lutter, à sacrifier leur vie pour qu’il y ait la liberté du travail. Un minimum en matière de liberté de travail. Nos parents qui ont été arrêtés et qui ont été déportés comme esclaves dans les plantations de canne à sucre et autres, travaillaient jour et nuit. Je vous rappelle qu’il y a des parents à qui on attachait des lanternes aux pieds pour qu’ils voient et qu’ils sarclent les plantations de canne à sucre la nuit, avec les serpents, les épines, les ronces, les moustiques. Mais ils se sont révoltés. Les travailleurs de Chicago se sont révoltés en 1890. Il y a eu beaucoup de morts. Ils ont voulu qu’au lieu qu’ils soient des esclaves du travail, il faut que ce soit de façon pensée, réfléchie et volontaire qu’ils aillent au travail, qu’ils aient le cœur au travail, qu’ils travaillent pour mieux produire et non pas comme des forcenés. Il y a eu des révoltes et à Chicago, il y a eu des morts. Les patrons ont tiré sur des travailleurs qui sont morts en quantité indéterminée. La communauté internationale a pris conscience et a décrété le 1er mai comme fête des travailleurs et aussi la journée de 08h. Donc, par jour, vous ne pouvez travailler que pendant 08h. Pas plus que ça. En corrélation, les libertés pour les travailleurs sont très chères.

Aujourd’hui, nous constatons que la liberté de travail, la liberté d’aller et de venir, le droit d’écrire ce qu’on veut, le droit de dire ce qu’on veut dans toutes les presses, le droit de marcher pour dire ce qu’on pense de la situation de notre pays, nous ont été enlevés. Alors, il faut la détermination. Il faut le combat pour un mieux-être pour que ce que nous avons pu conquérir pendant les luttes contre le Prpb, qu’on puisse le conserver et qu’on aille de l’avant. La journée du 1er mai cette année, c’est une journée qui se place sous le signe de la résistance face au gouvernement. Ceux qui ont fini leurs études ne peuvent plus travailler. Ensuite, il y a des renvois dans le secteur privé comme dans le secteur public. Le salaire est maigre dans le secteur public comme dans le secteur privé. Dans le secteur public, il y a des défalcations sur salaire pour faits de grève ; défalcations injustes et anticonstitutionnelles, l’administration est en proie à la pénurie drastique de matériels.

Au niveau de la santé, les camarades souffrent comme nous le martyre et réclament leurs primes, réclament que les plateaux techniques soient plus riches et convenables.

Au cours du 1er mai 2013, la Cstb quittera l’Etoile rouge, fera une marche et viendra à la bourse du travail pour tenir donc un grand meeting, de courage, de détermination et de lutte pour rassurer les travailleurs que la Cstb est là. La Cstb continue de porter le flambeau et portera le flambeau pour la victoire aux élections professionnelles, pour la victoire contre la révision de la loi sur la grève, pour la victoire pour une meilleure gestion du bien public.

Adam Taofick,
Secrétaire à l’action professionnelle de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb)

" …Nous allons célébrer la fête des travailleurs dans une morosité économique totale "

Vous savez, chaque année où l’on fait la présentation du cahier de doléances au gouvernement, la Cgtb ainsi que d’autres centrales, l’on a fini par claquer la porte au gouvernement du fait que c’est devenu un folklore. Nous avons signé un protocole d’accord avec le gouvernement. Suite aux dernières négociations qui ont eu lieu depuis 2011, ce protocole d’accord est en train d’être violé. Le gouvernement a pris des engagements qu’il ne respecte pas. Aujourd’hui, vous constatez que nous allons célébrer la fête des travailleurs dans une morosité économique totale, où les travailleurs souffrent. Vu ce qui se passe avec le carburant, la flambée des prix sur le marché avec un pouvoir d’achat dérisoire, dans ce contexte, pensez-vous que les travailleurs vont fêter la joie au cœur ? Non. La Cgtb a reçu l’invitation pour cette cérémonie de présentation des cahiers de doléances le vendredi 26 avril dernier. C’est dans la matinée d’hier que le Secrétaire général est en train de découvrir cette correspondance. Nous devons nous voir au niveau de notre secrétariat pour apprécier et savoir s’il faut aller ou non, nous estimons pour notre part qu’aujourd’hui on a beaucoup de préoccupations, au nombre desquelles cette affaire de la revalorisation du point indiciaire qui est restée en suspens, où on doit accorder les 25% aux travailleurs de la fonction publique, les agents des collectivités locales sont dans une situation hybride, ils sont sans statut juridique depuis plusieurs années ; nous nous sommes battus pour qu’on règle leur problème, mais la situation est toujours restée dans l’attente. Face à cela, que devons-nous faire ? En tout cas, nous pensons nous retrouver au niveau de la Cgtb pour savoir quelle attitude adopter par rapport à ce pouvoir qui ne respecte pas son engagement, parce que pour nous, il ne s’agit pas d’aller faire du folklore, d’aller boire, trinquer sur la misère des travailleurs.

Aujourd’hui, les principales revendications au niveau de la Cgtb, ont trait au pouvoir d’achat des travailleurs. Il faudrait que le gouvernement respecte ses engagements pris lors des dernières négociations. L’autre chose qui est fondamentale, c’est le dialogue social qui est bloqué et les Centrales ont pris l’initiative d’écrire au gouvernement pour renouer avec le dialogue, mais le gouvernement fait la sourde oreille. Pour nous, il faut que le gouvernement ouvre les négociations, histoire de permettre aux centrales de dire de vive voix leurs préoccupations. En dehors même des nombreuses correspondances qu’on a envoyées au pouvoir, en dehors du protocole d’accord qui a été signé, il faudrait que le gouvernement puisse nous dire quelles sont les conditions, quelles sont les difficultés, pour que nous puissions quand même savoir ce qu’il faut dire aux travailleurs, qui sont toujours dans l’attente. Car les 25% accordés aux fonctionnaires et que le gouvernement a signé de payer par échéance, il ne le respecte pas. Si d’ici à là, les fonctionnaires se mettent encore dans les rues, on dira que nous sommes manipulés. Donc, nous estimons au niveau de la Cgtb que la première chose aujourd’hui et qui est fondamentale, c’est le dialogue aves les Centrales. Et si on ouvre les négociations, il faudrait que nous respections notre signature. Il faut que le gouvernement respecte sa signature, parce qu’il y a eu plusieurs ministres du gouvernement qui ont apposé leur signature sur ce protocole d’accord qui n’est pas respecté aujourd’hui.

Au niveau de la Cgtb, nous sommes en train de nous organiser. On est en train de rappeler la troupe et on va organiser une Assemblée générale de tous les syndicats affiliés à la Cgtb. Et ce sera à notre centre d’éducation ouvrière à Ganhi. Nous allons réfléchir sur la situation sociopolitique de notre pays. La situation que traverse le pays aujourd’hui constitue une préoccupation pour la Cgtb et nous devons pouvoir tenir cette Ag pour en discuter avec tous les responsables, tous les secrétaires généraux et tous les syndicats de base. Ensemble, nous allons encore proposer au gouvernement d’autres pistes et il lui revient de faire son option. Si le gouvernement refuse de nous écouter, nous serons alors obligés d’utiliser les moyens légaux pour nous faire entendre.



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